Publié le 17 Jul 2019 - 13:31
CONDAMNE A 20 ANS POUR LE MEURTRE DE BASSIROU FAYE

Vers une confirmation de peine pour Boughaleb

 

Sidy Mohamed Boughaleb, condamné à 20 ans de travaux forcés pour le meurtre de l’étudiant Bassirou Faye, a comparu, hier, devant la Chambre criminelle d’appel de Dakar. Le parquet général a demandé la confirmation de la décision du juge de la première instance. L’accusé sera fixé sur son sort aujourd’hui.

 

Déclaré coupable en premier instance par la Chambre criminelle de Dakar et condamné à 20 ans de travaux forcés pour le meurtre de l’étudiant Bassirou Faye, Mohamed Boughaleb a fait appel pour s’opposer à cette décision. L’ex-policier nie toujours les faits. ‘’J’étais blessé vers les coups de 11 h. C’est ainsi que la voiture m’a ramené à l’Ecole de police pour les premiers soins de pansements et faire mon rapport, avant de rallier le camp Abdou Diassé pour d’autres soins. Ensuite, je suis rentré chez moi à Thiaroye. C’est vers les coups de 18 h que j’ai eu écho de la mort de Bassirou Faye’’.

Seth Diagne, lui, réitère qu’il a vu de ses propres yeux l’accusé sortir son arme de sa poche, viser, puis tirer.  ‘’Avant que je ne les informe, la balle a atteint Bassirou Faye. Il ne portait pas de casque, au moment des faits, et c’est lui qui dirigeait les autres. Avant les faits, je ne l’ai jamais rencontré. Encore une fois, je confirme que c’est lui qui a tiré’’, déclare le témoin. 

Le frère de Boughaleb insulte le témoin Seth Diagne

Par la suite, un accrochage a eu lieu entre le frère de Boughaleb et le témoin Seth Diagne. Après avoir été remercié par le tribunal, il s’est fait insulter par le frère de l’accusé qui l’a traité de menteur. C’est ainsi qu’il s’en est ouvert au juge. Celui-ci n’a pas manqué de dire à l’insulteur de quitter la salle.

Un autre témoin, en la personne du commissaire Ndiaga Diop, qui était le commandant du Gmi de Dakar, a été entendu. ‘’Il faisait partie des éléments de mon unité. Le dispositif a été installé depuis plus de 6 mois, avant les faits. On avait un dispositif initial, mais il n’était pas fixe. Il évoluait selon les échauffourées. Ce jour-là, on m’a appelé pour me dire qu’il y a eu un décès, lors de l’affrontement. Personnellement, je n’ai pas de preuves, ni d’indices sur la culpabilité de l’accusé. Une enquête a été menée en interne après les faits, mais n’a pas été concluante. On ne m’a dit que du bien de lui, de par sa discipline et son professionnalisme’’, a-t-il témoigné.

Mais l’avocat de la partie civile, Me Assane Dioma Ndiaye, a attaqué ce témoignage, soulignant qu’à l’enquête préliminaire, ce témoin avait déclaré que l’accusé avait des blessures légères et était revenu sur place. ‘’Je peux affirmer qu’au moment où j’ai reçu l’information, Boughaleb n’était pas au campus’’, a-t-il ajouté.

François Ndour Mbaye : ‘’J’ai entendu les policiers dire que c’est Saliou Ndao qui a tué Bassirou Faye.’’

Tombon Wally, qui a été le premier à être placé sous mandat de dépôt, reconnait avoir fait partie des Gmi qui étaient sur place, lors des échauffourées. ‘’Le jour des faits, j’étais de service. On était à 200 m des pavillons. Au moment des évènements, je n’avais pas de pistolet. Avant les faits, j’ai eu à faire un tir d’essai en l’air, à la corniche’’, a-t-il précisé.

Entendu à titre de simple renseignement aussi, l’encadreur de la police, Saliou Ndao, soutient qu’il a eu écho du meurtre vers 22 h. ‘’On est intervenu vers la porte de l’Ucad et la corniche. Je ne sais pas si on était vers le pavillon E ou D’’, s’est-il dédouané.

Par contre, le témoignage de l’agent de police François Ndour Mbaye a été plus édifiant. Face au juge et entendu comme témoin, il a déclaré qu’au moment des faits, il était à Thiès. ‘’A notre retour, j’ai entendu des policiers dire, lors d’une discussion, que c’est Saliou Ndao qui a tiré sur Bassirou’’.

Entendu en dernier lieu, Amadou Sarr Gning, rescapé du drame de l’Ucad, raconte : ‘’Ce jour-là, le 14 août, j’étais de passage à l’Ucad, au pavillon D, chambre 87, pour y passer la nuit, parce que je devais rencontrer mon professeur-encadreur. Tout d’un coup, j’ai vu des étudiants qui sautaient par la fenêtre et j’ai essayé de faire de même. Puis, devant la porte, j’ai vu 3 policiers et j’ai automatiquement levé les mains pour me rendre. J’ai reçu des balles à bout portant à la tête et j’ai été évacué en France pour des soins. J’ai appris le décès le lendemain.’’

Me Fall : ‘’Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond.’’

Selon l’avocat de la défense, il y a une légèreté dans l’accusation. D’autant que la Division des investigations criminelles a présenté Boughaleb au témoin oculaire, avant la reconnaissance. ‘’Raison pour laquelle cette reconnaissance est nulle et non avenue’’, souligne-t-il.

Ainsi, la robe noire demande que cette thèse soit écartée du dossier. Me Diagne pense que la Dic doit refaire son enquête, pour éviter de sacrifier son client. Dans cette affaire, poursuit-il, ‘’il y a quelque chose qui ne tourne pas rond. Au moment des faits, Boughaleb était à Thiaroye et ceux qui disent qu’il est revenu n’ont pas de preuve’’, dit le conseil de la défense qui plaide l’acquittement.

Abondant dans le même sens, Me Dédié Fall estime que Seth Diagne a été orienté dans ses déclarations. ‘’Le droit pénal est un droit de certitude. Mon client est l’agneau du sacrifice. L’Etat a condamné mon client pour calmer l’opinion publique’’.

Malgré cette demande de la défense, le parquet général    affirme que les ratures sur le registre des armes ne font l’ombre d’aucun doute. Le représentant a demandé la confirmation de la peine du premier jugement. ‘’Il persiste et clame sont innocence, alors que les faits sont là et constants. J’aurais pu comprendre qu’il reconnaisse, s’excuse et fasse amende honorable’’, se désole-t-il.

L’avocat de la famille du défunt, lui, indique que justice a été rendue. De ce fait, Me Ndiaye réclame le franc symbolique.

Le délibéré sera rendu aujourd’hui.

FAMA TALL (STAGIAIRE)

 

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