Publié le 5 Aug 2020 - 21:50
CONSEQUENCES DU CORONAVIRUS SUR L’ECONOMIE SENEGALAIS

Un déficit budgétaire de 335 milliards de F CFA en mai 2020

 

La Direction de la prévision des études économiques (DPEE) a publié son dernier point mensuel de conjoncture économique. Les contrecoups de l’arrêt de l’économie et les dépenses sanitaires et sociales sont en train de se faire sentir dans les finances du gouvernement. 

 

La crise économique liée aux effets de la pandémie de coronavirus révèle ses conséquences au Sénégal. Selon le point mensuel de conjoncture du mois de mai 2020 de la Direction de la prévision des études économiques, le pays a connu un déficit budgétaire de 335 milliards de francs CFA, car ‘’l’exécution budgétaire s’est traduite par un accroissement modéré des ressources associées et une hausse soutenue des dépenses publiques. En effet, les dépenses se sont établies à 1 886,2 milliards à fin mai 2020, contre 1 551,2 milliards un an auparavant, soit une hausse de 21,6 %’’.

Quant aux ressources mobilisées à fin mai 2020, complète le document, elles sont évaluées à 1 037,2 milliards, soit une hausse de 4,7 % en glissement annuel. En conséquence, le solde budgétaire est estimé, en déficit, de 848,9 milliards à fin mai 2020, contre un déficit de 560,4 milliards à la même période de l’année précédente.

Les ressources mobilisées sont constituées de recettes budgétaires (913,3 milliards), de dons (97,8 milliards) et de recettes exceptionnelles (20,2 milliards). Les calculs des économistes montrent qu’en glissement annuel, elles ont progressé de 46,5 milliards, grâce aux dons. Ces derniers sont estimés globalement à 97,8 milliards (+41,6 %) en liaison avec la progression de l’appui des bailleurs et des ressources exceptionnelles de 20 milliards reçus dans le contexte de la lutte contre la pandémie de la Covid-19.

En revanche, les recettes budgétaires, estimées à 919,3 milliards, se sont contractées de 0,3 %, à fin mai 2020, par rapport à la même période de 2019. Cette baisse, relevant de sa composante fiscale (861,7 milliards) qui a baissé de 0,5 %, est atténuée par l’accroissement de 2,5 % des recettes non fiscales (57,6 milliards).

Par contre, le repli des recettes fiscales est porté par les baisses de l’impôt sur les revenus, de l’IRVM/IRC, des taxes spécifiques et des droits de timbre qui se sont contractés respectivement de 11,6 milliards, 3,5 milliards, 6,9 milliards et 3,6 milliards pour s’établir à 153,4 milliards, 12,4 milliards, 73,7 milliards et 6,5 milliards à fin mai 2020. De même, informe la DPEE, les droits et taxes mobilisés par la douane, notamment, la TVA import (151,1 milliards) et les droits de porte (97,3 milliards) se sont inscrits sur cette dynamique de baisse avec des contractions respectives de 9,8 % et 13,5 %.

En revanche, l’impôt sur les sociétés (124,4 milliards) et la TVA intérieure (146,5 milliards) ont atténué cette tendance baissière avec des hausses respectives de 17,5 milliards (+16,4 %) et 39,5 milliards (+37 %).

Ces recettes n’ont toutefois pas pu couvrir les dépenses budgétaires qui sont estimées à 1 886,2 milliards à fin mai 2020, contre un montant de 1 551,2 milliards un an auparavant, soit une augmentation de 334,9 milliards (+21,6 %). Cette situation s’explique par les hausses combinées des dépenses courantes et d’investissement qui ont progressé respectivement de 31,4 % et 7,3 %, fait savoir le document de la DPEE. Les dépenses courantes sont évaluées à 1 207,3 milliards contre 918,6 milliards un an auparavant, soit une hausse de 31,4 %. Elles sont soutenues par la masse salariale (341,6 milliards) et les transferts et subventions (577,6 milliards) qui ont cru respectivement de 12,5 % et 103,2 %.

Réduction des intérêts de la dette

Cependant, cette orientation est atténuée par la réduction des intérêts sur la dette qui se sont repliés de 17,6 milliards pour s’établir à 150 milliards. Concernant les dépenses d’investissement, elles sont estimées à 678,8 milliards (+7,3 %), à la faveur des investissements sur ressources intérieures (411,1 milliards). Pour les financements sur ressources extérieures, ils sont évalués à 267,7, soit en baisse de 11,5 %.

Au même moment, le déficit commercial s’est établi à 206,1 milliards et s’est atténué de 111,8 milliards, par rapport au mois d’avril.

Les importations de biens sont passées de 389,0 milliards au mois d’avril 2020 à 264,0 milliards, soit une baisse de 32,1 % (-124,6 milliards). Ce repli est l’effet de la contraction de la valeur des importations de produits pétroliers (-63,4 milliards), de ‘’véhicules, matériels de transport et pièces détachées automobiles’’ (-29,0 milliards) et de produits alimentaires (-24,4 milliards). La baisse observée au niveau des importations de produits pétroliers est due essentiellement au recul des achats à l’extérieur des huiles brutes de pétrole de 36,9 milliards et de produits raffinés de 26,6 milliards, en variation mensuelle. S’agissant des importations de produits alimentaires, la baisse est imputable, entre autres, à la diminution de la valeur des achats à l’étranger de riz de 24,0 milliards.

En glissement annuel, les importations de biens ont baissé de 37,0 % (-155,4 milliards), traduisant, principalement, la contraction des achats à l’étranger de produits pétroliers (-78,7 milliards), de ‘’véhicules, matériels de transport et pièces détachées automobiles’’ (-26,4 milliards) et de ‘’machines, appareils et moteurs’’ (-9,2 milliards). Concernant les produits pétroliers, la baisse est liée à la fois au recul de la valeur des achats à l’étranger d’huiles brutes de pétrole (-60,1 milliards) et de produits pétroliers raffinés (-18,7 milliards) sur la période.

En revanche, cette orientation baissière a été atténuée par la hausse des importations de produits alimentaires de 14,3 % (+7,8 milliards) sous l’effet de l’accroissement des achats d’"huiles, graisses animales et végétales" (+4,5 milliards) et de riz (+4,4 milliards) sur la période.

Les exportations de biens sont estimées à 138,1 milliards au mois de mai 2020, contre 136,2 milliards le mois précédent, soit une légère progression de 1,4 % (+1,9 milliard). Cette hausse est liée, essentiellement, à l’accroissement des exportations de produits alimentaires (11,4 milliards), notamment les produits arachidiers (+12,6 milliards) et les produits halieutiques (+2,2 milliards). De même, les exportations d’or brut se sont accrues de 1,9 milliard. Pour leur part, les exportations d’acide phosphorique, de produits pétroliers, de titane et de zircon ont affiché des baisses respectives de 4,1 milliards, 2,5 milliards, 2,2 milliards et 1,2 milliard.

En glissement annuel, les exportations de biens se sont repliées de 27,8 % (-53,2 milliards), du fait singulièrement de la diminution des ventes à l’extérieur de produits alimentaires (-27,5 milliards), de produits pétroliers (-10,3 milliards), d’or brut (-7,9 milliards), d’’’engrais minéraux et chimiques’’ (-6,3 milliards) et de titane (-1,8 milliard). S’agissant de la baisse des ventes à l’étranger de produits alimentaires, le repli est, particulièrement, en relation avec la baisse des exportations de produits halieutiques (-14,0 milliards) et de produits arachidiers (-2,8 milliards). Cette orientation baissière a, toutefois, été légèrement atténuée par la hausse des exportations d’acide phosphorique (+1,6 milliard).

Lamine Diouf

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