Le Real et des ministres en quarantaine

L’âme en peine, c’est Zinédine Zidane lui-même qui l’a annoncé : le Real Madrid a été placé en quarantaine afin de protéger le club de la propagation du Covid-19. La décision a été prise après qu’un joueur de basket de la sélection a été testé positif. Dans les installations de Valdebebas, dans le nord de la capitale espagnole, convergent en effet les sportifs de toutes les disciplines, sur les terrains d’entraînement comme à la cantine ou dans les «zones de récupération».
Les dirigeants ont donc renvoyé à la maison tous les joueurs, en leur donnant des consignes pour que chacun poursuive chez lui un programme d’entraînement spécifique «afin de ne pas perdre le rythme compétitif». La quarantaine décrétée par le Real Madrid a aussitôt précipité l’arrêt temporaire de la Liga, le championnat de foot national, pour deux journées consécutives. A la fin du mois, un nouveau bilan établira si la compétition reprend ou non. En parallèle, la plupart des matchs européens que disputent des clubs espagnols ont été annulés, notamment ceux de Barcelone ou Getafe.
Cette quarantaine fait écho à ce qui se passe du côté politique. Jeudi, la ministre espagnole de l’Egalité hommes-femmes, Irene Montero, a admis avoir été contaminée par le coronavirus, très certainement au cours de la journée pour les droits des femmes, dimanche, lorsque des centaines de milliers d’Espagnoles sont sorties manifester dans les rues. Aussitôt son conjoint, Pablo Iglesias, leader de Podemos et vice-président du gouvernement, a été placé en quarantaine. C’est aussi le cas de la conservatrice Ana Pastor, vice-présidente de la Chambre basse du Parlement. En conséquence, le chef du gouvernement, Pedro Sánchez, désormais très volontariste après un début de gestion de crise sanitaire timoré, a accru les mesures de sécurité, notamment en fermant la Chambre des députés jusqu’à nouvel ordre. A Barcelone, où le virus est pour l’instant sous contrôle relatif, la maire Ada Colau s’est mise en quarantaine préventive, avec cinq de ses élus.
«Les semaines à venir vont être difficiles», a souligné Sánchez. De source gouvernementale, l’épidémie en Espagne pourrait durer au mieux deux mois, au pire cinq. Pour l’heure, dans un pays où les cas de contagion se multiplient à un rythme inquiétant (environ 3 000 cas et 84 morts), la crise se concentre dans trois régions principales - le Pays basque, la Rioja et surtout la Communauté de Madrid, qui enregistre à elle seule plus de la moitié des cas.
Dans la capitale, les mesures sont de plus en plus musclées : après la fermeture pour au moins deux semaines de tous les établissements scolaires (de la maternelle aux universités), les mêmes mesures ont été décrétées pour les grands musées, le Prado, le Thyssen et le Reina Sofía. La vie culturelle est à l’arrêt, la plupart des concerts et des spectacles ayant été annulés ou reportés. Une rumeur de «fermeture» de Madrid a couru ces derniers jours, mais la présidente de la communauté, Isabel Díaz Ayuso, l’a infirmée. Pendant ce temps, l’armée est d’ores et déjà mobilisée, tout particulièrement l’Unité militaire d’urgences, appelée à installer un hôpital de campagne afin d’anticiper la saturation des cliniques et des hôpitaux.
RFI.FR