Publié le 15 Apr 2021 - 19:47
CROISSANCE ECONOMIQUE, EMPLOI DES JEUNES

L’économie circulaire, une ‘’solution’’ pour un développement durable 

 

L’économie circulaire ‘’n’est pas seulement un moyen’’ pour arriver au développement économique de l’Afrique, mais elle l’est encore plus pour le développement économique durable du continent et la création massive d’emplois. C’est ce qu’a soutenu, hier, Joselyne Landry Tsonang, membre du Réseau africain de l’économie circulaire (Acen), lors d’un webinaire sur le sujet.

 

L’équation de la croissance économie et de l’absorption du chômage des jeunes reste le casse-tête pour les Etats africains. Selon la représentante du Réseau africain de l’économie circulaire (Acen), lors d’un webinaire sur le sujet, l’économie circulaire ‘’n’est pas seulement un moyen’’ pour arriver au développement économique de l’Afrique, mais elle l’est encore plus pour le développement économique durable du continent. ‘’Un développement qui n’est pas durable n’en vaut pas la peine. Cela ne sert à rien d’épuiser nos ressources et ne rien laisser à nos générations futures. Oui, on veut être économiquement développé, mais pour quel futur ? Qu’est-ce qu’on veut laisser aux futures générations ? Alors, l’économie circulaire se présente comme une réponse à tout cela. La majorité des économies des pays africains sont basées sur l’importation de matières premières’’, affirme Joselyne Landry Tsonang.

Au Sénégal, Mme Tsonang relève qu’il y a beaucoup de minerais, de poissons et autres ressources naturelles. Elle pense que si les principes de l’économie circulaire sont utilisés dans ces différentes industries extractives, ceci permettra de régénérer ces écosystèmes. ‘’Cela permettra non seulement d’optimiser les ressources prélevées de ces écosystèmes, mais aussi de pouvoir laisser un capital suffisant pour les générations futures. De plus, c’est un modèle qui crée beaucoup d’emplois. En Afrique, aujourd’hui, nous avons tous besoin de ces emplois, quand on regarde la croissance démographique’’, dit la représentante de l’Acen.

Jocelyne Landry Tsonang plaide, dès lors, pour l’arrêt des exportations de matières premières, car l’économie circulaire est une approche qui ne s’y adapte pas. ‘’Elle contribuera à l’exploitation plus durable de nos ressources naturelles en préservant leurs potentiels pour les générations futures. C’est pourquoi l’économie circulaire doit aller vers cela. Elle améliorerait considérablement la qualité de vie des personnes, les produits de certaines industries telles que l’agro-industrie, la construction, le textile, l’énergie, le transport, les fabrications et l’emballage. Tout cela montre que l’économie circulaire est la réponse pour une meilleure économie africaine’’, défend-elle.

L’économie circulaire contribuera aussi, d’après elle, à réduire les émissions de carbone, à préserver les ressources naturelles et à réduire les effets du changement climatique, tout en créant de nouveaux emplois. ‘’Les pratiques de l’économie circulaire sont un potentiel déclencheur de la croissance économique africaine. La population africaine doit doubler dans 25 ans, créant ainsi un marché d’un potentiel sans précédent. Et cela va avec l’urbanisation que connait le monde. Cependant, il n’y a pas mal de défis pour la mise en œuvre des pratiques circulaires en Afrique. D’abord, nous avons la capacité institutionnelle qui est faible. Parce que les décideurs politiques ne comprennent pas forcément pourquoi l’économie circulaire est bénéfique pour l’Afrique, étant donné que le continent ne représente que 5 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre’’, renchérit-elle.

Utiliser les produits recyclés pour réduire les émissions de carbone

Pour sa part, le professeur Walter Vermeulen de l’université d’Utrecht des Pays-Bas soutient aussi que le changement climatique oblige les pays à réduire les émissions de carbone. ‘’Si on utilise des produits recyclés, on arrivera à réduire ces émissions. Il va falloir regarder cette question de près. Parce qu’il y aura toujours la production, même au niveau du recyclage. Pour les déchets électroniques, le Nigeria a une infrastructure de traitement des déchets qui est très faible. On voit beaucoup de produits qui viennent des Etats-Unis, de l’Europe, tels que les voitures, les pneus, etc. Il y a très peu d’entreprises qui recyclent leurs produits et malheureusement, il n’y a pas de financement’’, fait-il savoir.

A ce propos, il relève que le Nigeria importe beaucoup de voitures de deuxième main des Etats-Unis. Malheureusement, elles ne sont pas de bonne qualité. ‘’L’Union européenne, les Etats-Unis mêmes doivent aller vers ces importations. Ils doivent payer pour le recyclage de ces produits qui sont dans leur fin de cycle de vie. Le coût de ces produits déjà utilisés est très élevé et il n’inclut pas dans les ventes. Nous allons avoir une discussion en mi-mai, lors de la Conférence africaine sur l’économie africaine, pour faire un nouveau plaidoyer pour l’implication du consommateur africain’’, suggère le Pr. Vermeulen.

Il y a aussi, parmi les challenges du développement de l’économie circulaire, a souligné par ailleurs la représentante de l’Acen, ‘’le manque de compréhension’’ du concept. ‘’Les décideurs politiques ne comprennent pas la portée de l’économie circulaire. Beaucoup pensent encore qu’elle se résume au recyclage. L’économie circulaire ne se limite pas qu’à la gestion des déchets. Cela commence par une conception circulaire. Le cadre réglementaire reste inexistant ou contre-productif, quand il existe. Il y a un besoin d’intégrer l’économie circulaire dans l’enseignement, la formation continue, afin que tout le monde puisse comprendre en quoi elle consiste. Il faut qu’on l’intègre dans le cursus scolaire ; de l’élémentaire au moyen et au secondaire’’, note Joselyne Landry Tsonang.

Cependant, pour concevoir une stratégie nationale de l’économie circulaire, parce qu’il s’agit d’un processus, le président de l’ONG Revolve Circular, Sören Bauer, signale que cela nécessite la collaboration de plusieurs parties prenantes. Ceci, déjà sur la définition du concept à l’heure actuelle, quels sont les marchés ou les industries où une innovation circulaire a un sens, etc. ‘’On ne va pas faire de l’économie circulaire pour le faire. Cela n’a pas de sens. Et il y en a dans certaines industries. Cela a beaucoup plus de sens que d’autres. On peut citer l’agriculture, la construction, l’emballage et tout ce qui est plastique. Et en Afrique, il y a certaines villes qui sont déjà en avance sur la question’’, indique-t-il.

MARIAMA DIEME

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