Publié le 1 Jul 2015 - 02:02

De l’aventure à l’infortune 

 

L’or. De tout temps, ce métal précieux a suscité l’envie et le goût de l’aventure chez les êtres humains. Mais la ruée vers l’or n’engendre pas toujours la bonne fortune.  

 

Assise sur une mine d’or, la communauté rurale de Kharakhéna ploie sous le poids d’un soleil ardent. Sept longs mois se sont écoulés depuis la fermeture de ce site minier. Pour les personnes qui tirent l’essentiel de leurs revenus de l’orpaillage, c’est un calvaire sans fin. Pourtant, au milieu de ces mines ravagées par le désespoir et la lassitude, un visage se détache. Doux et souriant, ce visage féminin contraste  avec l’hostilité du paysage environnant. Mais ici comme ailleurs, les apparences peuvent s’avérer trompeuses. Car, en réalité, Niakhina Touré est une femme tourmentée. Son histoire est bouleversante.  

Cette mère de famille tenait un petit commerce en Guinée Conakry avant de s’installer à Kédougou voilà 11 mois. Sans toutefois l’enrichir, le commerce lui permettait au moins de joindre les deux bouts. Mais au fil des années, la famille s’est élargie. Son mari vieillissant ayant dû renoncer à travailler, ses charges sont devenues plus importantes. C’est alors qu’elle a entendu parler de Kédougou et de ses mines d’or. Cette région du Sud-est du Sénégal repose en effet sur un trésor faiblement exploité par les populations locales. Une aubaine pour les orpailleurs venus des pays voisins comme le Burkina Faso, le Mali ou la Guinée Conakry.

 ‘’Ma situation n’était pas critique mais elle se détériorait d’année en année assombrissant du même coup l’avenir de ma famille. Alors quand on m’a parlé de Kédougou, je me suis lancée’’, explique-t-elle. Comme des centaines d’autres personnes qui s’engagent dans l’aventure aurifère, elle espère s’enrichir très vite. Alors, autant ne pas lésiner sur les moyens. Elle achète tout le matériel nécessaire à la recherche de l’or et engage de jeunes orpailleurs Maliens et Guinéens. La facture est salée : 1,5 millions de FCFA. Mais cette somme semble bien dérisoire au regard de ce qu’elle peut rapporter. ‘’Certains gagnent plusieurs millions en une journée’’, explique-t-elle. Mais voilà, chercher de l’or c’est composer avec une variante qui n’est pas toujours au rendez-vous : la chance.

Pour Niakhina, elle était tout simplement absente. Aucun de ses dammas (puits d’or) ne lui a rapporté le trésor tant convoité. ‘’Il fallait tous les jours payer et nourrir ceux que j’ai engagé même s’ils ne trouvent pas une seule pépite d’or’’, raconte-t-elle. Malgré cette déconvenue, elle a refusé de baisser les bras. ‘’Je me disais que la chance allait bien finir par me sourire. Et puis avec tout l’argent que j’ai investis, je ne pouvais pas me permettre de reculer’’. Mais c’était compter sans la décision du Président Macky Sall de fermer tous les diouras pour sauver une agriculture délaissée au profit de l’orpaillage. ‘’J’étais déçue mais je me consolais avec l’idée que cette fermeture n’allait pas s’éterniser’’.

En attendant la réouverture des sites, elle est restée à Kharkhéna. ‘’Je ne voulais pas rentrer chez moi les mains vides même si mes enfants me manquent’’, se justifie-t-elle. Néanmoins, elle a continué à envoyer un peu d’argent à sa famille. Après sept mois d’attente, ses ressources se sont taries. Alors que la fermeture des diouras se prolonge, elle n’a même plus assez d’argent pour retourner en Guinée. ‘’Je ne sais plus quoi faire. Je suis perdue’’, avoue-t-elle sans se départir de son sourire ironique. Le regard lointain, elle se surprend à regretter son ancienne vie à laquelle elle aurait souhaité ne jamais renoncer. Même pour tout l’or du monde.

Marlyatou DIALLO

 

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