Publié le 6 Feb 2019 - 22:50
DECRYPTAGE ECONOMIQUE

La politique économique de Macky Sall décodée

 

Candidat à sa propre succession, le leader de la coalition présidentielle Benno Bokk Yaakaar (Bby) Macky Sall, joue plus la carte de ses réalisations que celle des promesses. Mais, selon l’économiste et professeur à l’Ucad, Abdoulaye Seck, l’offre économique du président sortant a des forces comme des faiblesses.

 

Pour convaincre les électeurs, le président sortant a décliné, durant ses premiers jours de campagne, son intention de poursuivre les projets déclinés dans la seconde phase du Plan Sénégal émergent (Pse). De Touba à Saint-Louis, en passant par Kébémer et Louga, le leader de la coalition Benno Bokk Yaakaar (Bby) a parlé, en dehors de ses réalisations, de la poursuite de sa politique de désenclavement des zones rurales, de redynamiser l’agriculture - surtout la filière arachidière - de la modernisation du service de distribution de l’eau potable, etc. En plus, Macky Sall affirme que les financements sont déjà disponibles pour ses ambitions futures, une fois réélu. Satisfait de son bilan, il a soutenu, hier, à Kébémer, que ‘’le Sénégal avance pour ceux qui veulent le voir’’.

Interrogé par ‘’EnQuête’’ sur la politique économique du président sortant, l’économiste Abdoulaye Seck, par ailleurs Professeur d’économie à la faculté des Sciences économiques et de Gestion (Faseg) de l’Ucad, souligne que s’il y a un indicateur global qui pourrait renseigner sur son bilan, ce serait plutôt le dynamisme de l’activité économique telle que captée par le taux de croissance. ‘’Depuis quand même quelque temps, la croissance a repris un peu de vitesse. Quand il venait d’arriver, en 2012, on avait des taux qui tournaient autour de 3, voire 4 %. Maintenant, on frôle les 7 %. Un élément qui pourrait aller dans le sens de ce taux-là, c’est le fait qu’il ait eu des investissements pour la construction d’infrastructures économiques et sociales. C’est un des éléments clés pour avoir un moteur économique qui tourne’’, dit-il.

Selon notre interlocuteur, c’est quelque chose de ‘’favorable’’ qu’on peut mettre à l’actif du président sortant. Qui, d’après lui, a aussi des ambitions pour étendre davantage le maillage territorial en termes d’infrastructure. ‘’Ce qui est à encourager pour avoir ce désenclavement des différentes zones de production industrielle, mais aussi un espace économique national qui soit intégré où les lieux de production peuvent être connectés. Ceci, pour avoir une harmonie de l’activité économique nationale’’, poursuit l’économiste.

‘’Des actes ont été posés, mais la portée est relativement très limitée’’

En dehors des infrastructures et du taux de croissance, le Pr. Seck estime qu’avec l’arrivée de Macky Sall au pouvoir, la qualité des institutions est ‘’améliorée’’. ‘’Là, il a posé des actes positifs. Ce n’est pas quelque chose qui lui est propre. Ça venait d’une demande forte des populations dont il ne pouvait pas se soustraire. Il a posé des actes qui ne sont pas allés très loin’’, regrette toutefois l’universitaire.

Ainsi, l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac) a été mis en place. Mais, souligne l’économiste, en voyant les conditions de son fonctionnement, ‘’il y a lieu de se poser la question de savoir quelle est même la crédibilité de ce discours ou de cette volonté politique qui consiste à dire : ‘Nous allons lutter contre la corruption, l’enrichissement illicite…’’.

Au fait, d’après lui, en regardant toute la ‘’nébuleuse’’ autour des contrats pétroliers, la manière dont c’est géré par le gouvernement, avec ‘’l’opacité’’ qui tourne autour, le ‘’manque d’information’’ sur qui fait quoi, ceci nourrit toutes les ‘’suspicions’’. Particulièrement sur la volonté de ce gouvernement de ‘’lutter réellement’’ contre la corruption. ‘’Des actes ont été posés, mais la portée est relativement très limitée’’, déplore l’économiste.

‘’Renchérissement politique’’

Pour ce qui est de l’agriculture, le professeur de la Faseg signale que les problèmes sont quand même entiers. ‘’On nous avait promis une autosuffisance en riz en 2017, ce qui n’est pas le cas. Ils ont amené une autre échéance en 2019 qui coïncide paradoxalement avec une année électorale. Ce qui veut dire que, si on doit l’atteindre, ce sera après l’élection et on se rendra compte que ça n’a jamais était atteint’’, fait-il savoir.

Dès lors, il estime que là, on rentre dans le ‘’renchérissement politique’’ qui consiste à faire une offre qui, en définitive, est ‘’peu crédible’’.

Sur ce, l’économiste soutient que ce sont des ‘’limites’’ par rapport à ce qui a été proposé par le président sortant sur le plan économique.

MARIAMA DIEME

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