Publié le 15 Jun 2019 - 23:28
DEVELOPPEMENT DURABLE

Dakar, future ville durable

 

Dans un an, se tiendra à Bordeaux, en France, le Sommet Afrique-France 2020 sous le thème ‘’Changer les villes pour changer la vie’’. La préparation de cet événement a réuni, avant-hier, plusieurs acteurs du secteur privé et l’ambassade de France.

 

En Afrique, les centres urbains grossissent, mais cela s’accompagne de la dégradation du cadre de vie. Faire de Dakar et des autres villes du Sénégal des endroits où il fait bon vivre, tant au niveau de la mobilité urbaine que du cadre de vie. C’est le pari que comptent gagner les autorités françaises, grâce aux propositions de solutions du secteur privé sénégalais.

Au cours d’une table ronde tenue avant-hier à Dakar, le privé sénégalais a réfléchi, avec l’ambassade de France au Sénégal, à des solutions innovantes. Et ce, en prélude au Sommet Afrique-France consacré à la ville durable, qui se tiendra à Bordeaux, en juin 2020. Il se déroule alternativement en Afrique et en France. L’année dernière, le lieu d’échanges était Bamako.

Ainsi 80 acteurs du privé, selon leur domaine de prédilection, ont échangé, entre autres, sur la mobilité urbaine, la gestion des déchets et l’énergie. L’enjeu est de créer un réseau d’acteurs exerçant dans le domaine du cadre de vie pour constituer une force de propositions aux pouvoirs publics. ‘’Nous voulons fabriquer des villes de demain où l’on peut vivre bien en protégeant l’environnement, tout en ayant une bonne qualité de vie. Il est aussi question des enjeux liés au sport, l’accès à l’éducation, à l’emploi, la mobilité urbaine et le logement. Ces enjeux sont ceux du citadin des Africains et de mon pays la France’’, a déclaré Stéphanie Rivoal, Secrétaire générale chargée de la conférence Afrique-France. Mandatée par le président français pour l’organisation de ce sommet, elle souhaite une participation active des Sénégalais.

‘’Certes, c’est le président qui prend les décisions, mais nous sommes tous concernés par cette question. Raison pour laquelle nous comptons associer le secteur privé et associatif, et la société civile afin qu’ils fabriquent des villes fortes où il fait bon vivre et où il y a des logements à bas coûts, l’accès à Internet et moins de consommation d’énergie.  Le sommet ne va pas se résumer à des déclarations, ni à des monologues. Il essaiera de trouver des solutions concrètes qui seront proposées par chaque pays africain et par la France’’, a-t-elle ajouté.

Le Sénégal cité en exemple

A ce titre, le projet ‘’Dakar ville durable’’ a été lancé en partenariat avec Meridian, une société d’investissement impliquée dans le domaine des énergies renouvelables et des infrastructures. Selon Abdou Karim Ndiaye, Directeur des fonds d’investissement, le pôle urbain de Diamniadio et celui du lac Rose font du Sénégal un exemple à suivre, en termes de ville durable. Un aspect qui peut inspirer d’autres pays africains. Dans la même veine, l’ambassadeur de France, Christophe Bigot, estime qu’il est temps d’agir. A l’en croire, d’ici 2050, on comptera, en Afrique, 500 millions d’urbains contre 5 millions en 1950. Selon lui, ‘’les villes représentent 80 % des gaz à effet de serre et 75 % de la consommation d’énergie. A Dakar, on se plaint souvent des embouteillages. Pourtant, la moyenne des voitures au Sénégal est deux fois plus faible que celle en Afrique. Il s’agit donc d’organisation de la ville et je pense que Français et Africains, nous avons des choses à partager dans ce domaine. Ce sommet sera donc un terrain de coopération et de partenariat utile. L’Afrique n’est pas le continent de demain, mais c’est le continent d’aujourd’hui. Il y a des défis considérables, des solutions innovantes. Il y en a même qui sont innovantes ici qu’ailleurs. C’est le cas du Mobile Banking. Il y a des solutions énergétiques sur le continent vraiment responsables’’. Il précise que la France n’est pas dans une optique de donner des leçons, mais cherche un partenariat, surtout que le Sénégal, aujourd’hui, est en avance sur la question et attire beaucoup d’investisseurs.

Des erreurs à ne pas reproduire

L’organisatrice du sommet Ville durable pense que le Sénégal a beaucoup de choses à proposer.  Elle estime que malgré le faible taux de pollution en Afrique, les erreurs des pays occidentaux doivent être évitées. ‘’Vous pouvez faire comme nous les pays pollueurs, nous ne sommes pas des exemples en termes de ville durable. Mais vous avez le choix entre commettre les mêmes erreurs que nous, en utilisant du charbon, ou sauter une étape et aller directement vers les énergies renouvelables. Vous le faites pour vous’’, a-t-elle laissé entendre. Selon elle, le soleil, le vent et l’hydroélectricité constituent des alternatives intéressantes pour la production d’énergie. Et à ce sujet, Stéphanie Rivoal renchérit : ‘’Pourquoi attendre les technologies occidentales, alors que vous avez ici des solutions innovantes ? Les solutions africaines sont adaptées à certaines villes en France. Nous, en tant que pays pollueur, nous devons faire des efforts. C’est pourquoi nous allons tous ensemble réfléchir à Bordeaux, en juin 2020’’.

EMMANUELLA MARAME FAYE

Section: