Publié le 4 Jul 2018 - 20:15
DOTATION DU FONDS DE DEVELOPPEMENT DES CULTURES URBAINES

L’Etat finance 71 projets 

 

Le ministère de la Culture et de la Communication a procédé, hier, à la signature des conventions avec les bénéficiaires du Fonds de développement des cultures urbaines (Fdcu). Au total, 71 projets (allant de 2,5 à 8 millions de francs Cfa) ont été retenus pour bénéficier de ce fonds.

 

De la volonté du protecteur des arts et des lettres, est née la décision de mettre à la disposition des acteurs du secteur des cultures urbaines au Sénégal un fonds de développement d’un montant global de 300 millions de francs Cfa. Cette initiative a pour objectif d’accompagner le secteur pour promouvoir l’entreprenariat culturel. Face à la presse, hier, à la Maison de la culture Douta Seck, Lamine Sarr, le directeur de cabinet du ministre de la Culture, par ailleurs président du Comité de gestion du Fdcu (Fonds de développement des cultures urbaines), a annoncé que, cette année, 71 projets sur les 115 dossiers déposés et jugés recevables, après lecture par le Comité de gestion, ont été retenus sur la base des critères tels que les références du porteur de projet dans le domaine des cultures urbaines, la pertinence du projet, la qualité du contenu artistique, les résultats attendus et l’impact du projet au plan culturel, économique et social, la cible et la mise en perspective du projet. Il ajoute : ‘’Ce comité, nous l’avons voulu tout à fait inclusif, transparent et équitable. C’est pourquoi nous avons tenu à ce que beaucoup d’institutions de la République soient membres du comité de lecture du Ffcu.’’

Selon le directeur de cabinet du ministre de la Culture, leur ambition, à travers ce projet, est de faire des cultures urbaines une des mamelles de l’économie culturelle sénégalaise. ‘’Les cultures urbaines ont toujours revendiqué cet accompagnement. Le président de la République a décidé de mettre à leur disposition ce fonds, pour répondre à leurs doléances, mais aussi pour promouvoir les acteurs culturels, les accompagner dans leur entreprise d’auto-entreprenariat. Donc, on peut inscrire ce fonds dans la politique de promotion de l’emploi des jeunes et le développement culturel et économique du pays à travers la culture’’, a rappelé M. Sarr.

Par ailleurs, le président du Comité de gestion du Fdcu informe que l’Etat va vers un doublement du fonds, qui va passer de 300 à 600 millions de francs Cfa, après les résultats probants obtenus en 2017. ‘’Les résultats sont juste irréfutables et, d’ailleurs, au moment de l’élaboration de la loi de finances 2018, le ministre a porté le plaidoyer auprès de son collègue du Budget pour obtenir cette rallonge de 300 millions. On ne sait pas encore quand est-ce que cela va être exécuté, mais nous avons reçu cette notification du ministère de l’Economie, des Finances et du Plan, à la suite des instructions du président de la République, pour que ces fonds soient renforcés’’, informe le président.

Difficultés notées en 2017

A la même occasion, le Comité de gestion a également présenté aux journalistes les  difficultés notées lors des projets culturels qu’il a financés en 2017. Selon le coordinateur du projet Oumar Sall, il y a eu certes de très bons projets exécutés, mais tout n’a pas été rose pour d’autres. La difficulté la plus flagrante, renseigne le coordinateur, c’est sur les rapports qu’ils ont reçus. D’après lui, certains ne savent pas bien écrire des projets. L’autre difficulté, c’est que, sur la convention de financement, l’objet n’a pas été bien précisé. Aussi, sur les plans de financement, certains, dans leurs documents de projet, ont cité un certain nombre de partenaires. Mais, au moment de l’évaluation finale, on s’est rendu compte que c’était du bluff, explique le coordinateur.

La visibilité du fonds a également posé problème, d’après lui, car beaucoup de projets ont été exécutés, mais très peu ont soutenu que c’est grâce au fonds qu’ils sont parvenus à le faire. La ponction du Trésor public à hauteur de 20 millions de francs Cfa a aussi posé problème, selon le M. Sall. Il faut noter qu’en 2017, 39 projets éligibles ont reçu des soutiens allant de 2,5 à 10 millions de francs Cfa.

REACTIONS DES BENEFICIAIRES

DUGGY TEE (RAPPEUR)

‘’Financer les cultures urbaines est un facteur de développement’’

‘’Ce projet me teint à cœur. J’ai déposé plusieurs fois, mais c’est maintenant que j’ai été retenu. Cela témoigne de la transparence et de la rigueur dans leur travail. Avec cet accompagnement, je veux travailler dans le social des cultures urbaines. Je veux faire quelque chose de productif. Les cultures urbaines ont été, pendant longtemps, négligées, parce qu’aux yeux des gens, elles concernaient des jeunes trop prétentieux. Aujourd’hui, nous voyons tout ce que le secteur a créé dans ce pays. Il y a 30 ans, on se faisait chasser de partout, car on ne croyait pas en nous. La musique, la danse, le graffiti… ne sont pas de la fanfaronnade.  Ce sont des vecteurs très puissants, donc les utiliser à bon escient peut être un facteur de développement.’’

MATADOR (AFRICULTURBAN)

‘’On a besoin d’une somme plus importante’’

‘’Depuis plus de 10 ans, on se bat pour le développement des cultures urbaines. Ce sont des étrangers qui nous ont toujours accompagnés. A mon avis, l’enveloppe doit même être revue à la hausse. On a besoin de financements plus importants, parce que nos projets créent des emplois. Nous demandons au chef de l’Etat d’augmenter les fonds alloués aux cultures urbaines. Si on octroie aux acteurs du cinéma 1 milliard de francs Cfa, cela veut dire qu’on peut bel et bien bénéficier de ce montant.’’

MALAL TALLA (FESTIVAL BY RAP)

‘’Les fonds vont aller à la location de la logistique’’

‘’C’est la deuxième fois que notre structure Guédiawaye Hip Hop bénéficie de ce financement de l’Etat. Pour la première année, nous avions postulé pour la structuration et cette fois-ci c’est le Festival by rap dont nous préparons la 5e édition. Ce projet est soutenu à hauteur de 4 millions. Les fonds vont aller à la location de la logistique, pendant une semaine. Le montant obtenu ne couvre pas tous les frais de logistique, mais ça nous permet au moins de prendre en charge une partie du budget.’’

ZIP KHA (RAPPEUR)

‘’Il faut une discrimination positive en faveur des artistes vivant avec un handicap’’

‘’Cette année est la bonne, car on m’a une fois rejeté. Je profite de l’occasion pour lancer un appel aux autorités pour qu’elles fassent une discrimination positive en faveur des artistes vivant avec un handicap. Déjà, nous ne sommes pas nombreux dans le secteur des cultures urbaines. Il n’est donc pas difficile de nous accompagner. Il n’empêche, nous allons nous efforcer à vous proposer des projets pertinents.’’

SOPHIANE PENDRA (OPTIMISTE VISION)

‘’C’est un fonds qui est arrivé à son heure’’

‘’L’année dernière, on a bénéficié, pour la structuration d’Optimiste vision, d’un montant de 10 millions de francs Cfa. Cette année, on a déposé pour la formation et on nous a octroyé un financement de 3 millions de francs. C’est pour la formation en sérigraphie. C’est un fonds qui est arrivé à l’heure. La seule suggestion que je peux faire, c’est demander aux autorités de se retrouver avec les acteurs, en vue d’une plus grande optimisation de l’utilisation de ces ressources. Cela devrait nous permettre, d’ici 5 ans, d’être autonomes dans nos activités et pouvoir créer des emplois.’’ 

HABIBATOU WAGNE

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