Publié le 22 Feb 2020 - 23:53
EFFETS CORONAVIRUS SUR LE COMMERCE SENEGALAIS

Le directeur du Commerce extérieur nie tout impact pour le moment 

 

Il est encore ‘’trop tôt’’ pour disserter sur l’impact du coronavirus sur le commerce extérieur sénégalais. C’est ce qu’a estimé, hier, le directeur du Commerce extérieur, Boubacar Mbodj, lors d’une rencontre avec les journalistes, organisée par la tutelle.

 

Pour le moment, il est difficile de saisir les impacts de l’épidémie de coronavirus qui sévit, depuis janvier, en Chine, sur le commerce extérieur sénégalais, selon le directeur du Commerce extérieur (DEC). ‘’Il est encore trop tôt pour disserter sur l’impact du coronavirus sur le commerce extérieur sénégalais. Il y a certes, actuellement, un net ralentissement de l’activité économique en Chine, il y a des confinements et certaines industries sont à l’arrêt. Nous sommes importateurs nets par rapport à la Chine. Pour ne pas être cynique, je dirai que cet épisode nous permettra, au moins, d’équilibrer un peu la balance commerciale vis-à-vis de la Chine. Mais on nous annonce que, d’ici avril prochain, les autorités chinoises pourraient éradiquer complètement l’épidémie’’.

Boubacar Mbodj intervenait hier, lors d’une rencontre organisée par la tutelle à l’endroit des journalistes.

D’après M. Mbodj, en économie, tant que l’effet ‘’n’est pas durable’’, il y a toujours des effets de rattrapage. Ainsi, il soutient que les industries, dès qu’elles reprendront, pourront fonctionner à plein régime et permettre de satisfaire les commandes qui étaient en souffrance. ‘’Au niveau national, au-delà des dispositifs sanitaires mis en place, il y a un contrôle renforcé aux frontières pour contrôler les mouvements des personnes. Pour les marchandises, il n’y a pas encore de mesures de restriction. Les importations peuvent nous venir de la Chine. Mais ce sont les autorités même qui ont pris des mesures de restriction à ce propos’’, poursuit le directeur en charge du Commerce extérieur.

Cependant, il reconnait que par rapport aux mouvements des personnes, il y a certains pays qui sont très affectés. Car ils dépendaient un peu de la production chinoise.

Il convient de noter que la Chine, c’est 40 % du tourisme mondial. Et concernant la structure touristique sénégalaise, M. Mbodj rassure qu’il ‘’n’y a pas eu de touristes chinois’’. ‘’Donc, en ce moment, il est trop tôt pour parler d’un impact sur l’économie sénégalaise. Si, par hasard, on a des difficultés d’approvisionnement des produits que nous importons de la Chine, on peut les retrouver sur d’autres marchés. Pour ce qui est de nos exportations, c’est vrai que la Chine est notre 7e client à l’exportation ; nous exportons essentiellement des produits de base qui, également, peuvent se vendre sur d’autres marchés. A ce propos, le Sénégal est en train de mettre en place des dispositifs pour promouvoir la transformation locale’’, dit-il.

Une réunion sur le riz prévue lundi prochain

Il faut noter qu’en dehors du coronavirus qui défraie la chronique ces temps-ci, le marché sénégalais a aussi été marqué par une tension sur certaines denrées dont le riz, l’huile, etc. A ce propos, la ministre du Commerce a indiqué que ces problèmes sont ‘’réglés’’ et la tendance est ‘’bonne’’ quant à une baisse des prix. ‘’Cette situation prouve la nécessité de renforcer le dispositif de régulation mis en place, et le 24 février prochain, nous tiendrons une réunion pour ce qui est du secteur du riz. Nous avons noté également que, quand les produits ont un prix beaucoup plus élevé, nous écoulons beaucoup plus facilement nos produits locaux’’, fait savoir Assome Aminata Diatta.

Concernant toujours le riz, on apprend que, durant le premier semestre 2019 et pour la campagne de contre-saison chaude, le tonnage cumulé a été de 11 856 t. Il a été commercialisé pour un montant de 3,2 milliards de francs CFA, dans le cadre de la plateforme de commercialisation du riz local. ‘’Les dispositions de commercialisation et de gel des importations de sucre cristallisé, de l'oignon, de la pomme de terre, du riz, initiées depuis 2012, ont eu un véritable impact positif. En effet, la consommation nationale a été couverte par la production locale pour 222 jours pour l'oignon, 243 jours pour la pomme de terre’’, lit-on dans le dossier de presse.

Egalement, il a été noté, pour l’année 2019, une nette hausse de la couverture des besoins de la consommation nationale par la production locale. L’amplitude de cette couverture varie de 92 jours pour la tomate, à 222 jours pour l’oignon ou 242 jours pour la pomme de terre. Les estimations montrent que ‘’pas moins de 97 milliards de F CFA’’ ont été versés aux producteurs d’oignon. Et 29 milliards aux producteurs de pomme de terre, 4 milliards aux producteurs de carotte et 3 aux producteurs de tomate. Dans le cadre du contrôle de la qualité des produits destinés à la consommation, en 2019, d’importantes quantités de produits ont été saisies et détruites sur l’ensemble du territoire. Ils sont estimés à plus de 200 t pour une valeur initiale de plus 800 millions de francs CFA.

Si les tendances sont confirmées, d’après la ministre du Commerce et des PME Assome Aminata Diatta, 2019 sera une année de ‘’forte hausse’’ des exportations sénégalaises. Car le cumul des exportations à fin décembre 2019 est ainsi ressorti à 1 985,1 milliards de F CFA, contre 1 670,0 milliards de F CFA pour la période correspondante en 2018, soit un relèvement de 18,9 %. ‘’Ce n’est donc pas surprenant que pour le seul mois de décembre 2019, nos exportations de légumes frais ont atteint 4,1 milliards de F CFA’’, se réjouit-elle.

Ainsi, pour renforcer ces résultats et face au nouveau paradigme imposé par la mise en œuvre de la nouvelle Zone de libre échange continentale africaine (Zlecaf), son département, depuis l’année dernière, a mis en place trois stratégies. Il s’agit d’une stratégie nationale Zlecaf, qui a pour principal objectif de conforter sa présence commerciale sur le continent africain, qui est son premier marché et de réaliser pleinement son potentiel de commerce estimé à 306 milliards. La deuxième est celle du développement de l’offre de services à fort potentiel d’exportation, en mettant le focus sur les 5 secteurs de service à libéraliser. Et, en dernier lieu, une stratégie globale en matière de commerce électronique au Sénégal, englobant le développement du e-commerce et sa contribution à la promotion des exportations du Sénégal.

Interconnecter les différentes zones pour commercialiser les produits locaux

Pour la promotion de la commercialisation des produits locaux, la ministre du Commerce et des PME a insisté sur la nécessité, pour les produits sénégalais, d’être d’abord commercialisés au niveau national. ‘’Nous faisons souvent le focus sur les exportations. Nous travaillons à ce qu’il y ait une connectivité entre les différentes localités, de telle sorte que l’oignon de Potou puisse être directement commercialisé à Ziguinchor ou vice-versa. Ce qui va nous permettre d’offrir aux consommateurs des produits à moindre coût. Cela va également aider à mieux connecter nos régions et à développer les capacités commerciales de nos acteurs’’, préconise Assome Aminata Diatta.

D’après la ministre, si les PME sénégalaises ne peuvent pas véritablement faire du commerce sur l’ensemble du territoire national, il leur sera ‘’difficile’’ d’être des champions sur le commerce au niveau international. Il faudrait donc, pour elle, qu’on arrive à relever ce défi. Et c’est dans ce sens que s’inscrit le projet ‘’Connectivité des marchés’’.

Concernant les grandes surfaces, la ministre en charge du Commerce informe qu’en décembre 2019, après avoir eu une séance de formation avec l’ensemble des personnels sur les grandes surfaces, elle a reçu leurs responsables. ‘’Nous avons échangé quant à la leur contribution à l’écoulement des produits locaux. Et nous avons relevé avec eux certaines contraintes. Il y a un travail en cours qui va nous aider à mieux connecter nos PME aux grandes surfaces. Puisque ces dernières peuvent contribuer à l’amélioration des capacités des PME’’, estime-t-elle. Ceci vu que ces entreprises ont un niveau d’exigence ‘’accès élevé’’.

Donc, les PME qui parviennent à pénétrer ces grandes surfaces vont renforcer leurs capacités productives aussi bien au niveau national qu’international. ‘’Car on ne peut avoir un contrat avec ces grandes surfaces sans que nous ayons une capacité productive assez importante en termes de qualité et de quantité. Nous avons eu également beaucoup d’échanges avec certaines PME et nous avons noté qu’elles étaient confrontées à certaines difficultés. Elles n’ont pas la capacité en termes de négociation face à des multinationales’’, renchérit la ministre.

A ce propos, Assome Aminata Diop annonce que son département est en train de travailler pour veiller à ce que les contrats entre les grandes et moyennes surfaces et les PME ne soient pas en défaveur de celles-ci.

81 milliards de F CFA d’investissements approuvés pour les entreprises

Dans le cadre de l'amélioration de la compétitivité des entreprises, la tutelle fait savoir que 90 dossiers d'entreprises ont été approuvés, avec ce programme, sur un objectif global de 85 entreprises à accompagner sur 3 ans. ‘’Les investissements approuvés s'élèvent à 3,515 milliards de francs CFA et 1,386 milliard de primes sont octroyés en contrepartie. A date, 585,872 millions de primes sont décaissés au profit des entreprises bénéficiaires. Ces dernières ont consolidé 155 emplois permanents et 51 emplois temporaires et vont créer 93 emplois à la fin de la mise en œuvre de leurs programmes d'investissement’’, souligne Assome Aminata Diatta.

Avec le programme ‘’Développer l'emploi'', ajoute-t-elle, le Copilr a approuvé 50 dossiers d'entreprises sur un objectif annuel de 77 dossiers. Les investissements approuvés pour les 50 dossiers validés par le Copilr s'élèvent à 2,550 milliards F CFA et les primes octroyées en contrepartie s'élèvent à 1,162 milliard de francs CFA. ‘’En résultat cumulé, le nombre total de plans de mise à niveau approuvés, avec ce programme, est de 117 dossiers sur un objectif global de 180. Ce qui équivaut à un montant de 8,150 milliards de francs CFA d'investissements approuvés et 3,520 milliards de francs CFA de primes octroyées dont 765,45 millions déjà versés aux entreprises bénéficiaires’’, poursuit la ministre.

Assome Aminata Diatta signale que le soutien aux entreprises est un élément ‘’particulièrement stratégique’’ de leur politique. ‘’De la vigueur des entreprises sénégalaises dépendent non seulement la résorption du déficit de compétitivité et le dynamisme de la croissance et de l’emploi, mais également le développement harmonieux de l’ensemble des territoires’’, insiste-t-elle.

C’est ainsi que dans le cadre de la pérennisation du Programme de mise à niveau, 150 plans de mise à niveau sont approuvés avec la mise à niveau classique ou globale. Cela représente un montant global de 81 milliards de F CFA d’investissements approuvés et 18 milliards de F CFA de primes octroyées en contrepartie. A date, la ministre précise que ce sont 12,364 milliards de F CFA de primes décaissées au profit des entreprises bénéficiaires.

MARIAMA DIEME

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