Publié le 24 Feb 2014 - 09:39
GROUPE CONSULTATIF DE PARIS

Le Sénégal joue son destin pour les cinq prochaines années

 

Bâtir ensemble le Sénégal en évitant le gâchis, en exploitant au maximum ses énormes potentialités et tirant avantage du «profil» envié de notre pays au sein de la communauté internationale. En substance, c’est le message commun lancé hier par les ministres Amadou Bâ et Mouhamadou Makhtar Cissé, à la veille de la présentation du Plan Sénégal Émergent au Groupe consultatif de Paris qui sera suivi du Forum des investisseurs.

 

«Une lourde responsabilité» et «un événement particulier». C’est ainsi que le ministre de l’Economie et des Finances et son collègue du Budget ont respectivement qualifié hier la présentation du «Plan Sénégal Émergent» (PSE) qui débute aujourd’hui à Paris avec la réunion du Groupe consultatif (avec les partenaires techniques et financiers) et celle, pour demain mardi, du Forum des investisseurs (avec le secteur privé). 

Au cours d’une rencontre informelle avec un gros bataillon de journalistes sénégalais invités à cet effet, Amadou Bâ et Mouhamadou Makhtar Cissé ont particulièrement insisté sur la nature et l’identité du PSE comme «rampe de lancement» du développement économique et social du Sénégal.

En tant que «nouveau modèle de développement pour accélérer sa marche vers l’émergence», le PSE vise à diriger vers le Sénégal financements et investissements susceptibles de transformer le pays pour la période 2014-2018. A cet égard, Amadou Bâ et Makhtar Cissé ont appelé les journalistes sénégalais à jouer leur partition positive dans cette expérience car «nous sommes dans une compétition très dure» et dans un contexte très difficile.

Citant en exemple des pays comme la Côte d’Ivoire ou le Togo qui ont déjà passé la barrière du Groupe consultatif, ils ont appelé les journalistes sénégalais à soutenir de façon tout à fait professionnelle la démarche des autorités, autant en suggestions qu’en critiques positives, dans leur volonté de construire le Sénégal. 

«Très touché par la mobilisation des journalistes» (Amadou Bâ)

Pour bien préciser leur pensée, les deux ministres ont indiqué qu’il ne leur «appartient pas d’embrigader la presse», mais seulement de chercher leur compagnonnage dans un cadre où l’intérêt national est en jeu. Amadou Bâ s’est dit «très touché personnellement» par la «mobilisation des journalistes sénégalais».

Selon le ministre de l’Économie et des Finances, les financements publics ne suffisent plus à prendre en charge les impératifs lourds du développement économique et social d’un pays d’essence agricole comme le Sénégal, sans ressources minières ou énergétiques, confronté à une croissance démographique peu en adéquation avec celle des biens publics. D’où la volonté de re-profiler l’économie nationale en l’adossant au pilier fondamental qu’est l’agriculture.

«On ne rentrera pas avec des caisses d’argent» (Makhtar Cissé)

Pour le ministre du Budget, le Plan Sénégal Émergent n’est pas un plan de plus à partir du moment où il a été «scientifiquement élaboré», «décortiqué» dans tous les sens, «partagé» avec le maximum d’acteurs, avant son adoption par l’autorité politique supérieure.

Mais Mouhamadou Makhtar Cissé s’est voulu clair en explicitant l’esprit du PSE : «Nous ne rentrerons pas avec des caisses d’argent, mais (nous) espérons (au sortir de ces deux jours de rencontre) avoir enclenché le processus (de recueil) des financements et investissements» que le gouvernement sénégalais est venu chercher à Paris. «Je suis déjà dans l’après Groupe consultatif», a lâché le patron du Budget, comme pour signifier que le travail continue après, quoi qu’il arrive. 

Et comme pour fixer l’importance capitale du Groupe consultatif et du Forum des investisseurs, il a été annoncé la présence jugée exceptionnelle du Commissaire au développement de l’Union européenne au Groupe consultatif de ce lundi. La rencontre aura lieu dans les locaux de la Banque mondiale, avenue d’Iéna à Paris. Et elle sera organisée «selon les procédures de la Banque mondiale», a précisé Amadou Bâ. 

L’Apix, bras opérationnel du PSE

L’Agence pour la promotion des investissements et grands travaux sera un des piliers de l’exécution du Plan Sénégal Émergent. Aux côtés des deux ministres de tutelle, son directeur général Mountaga Sy a donné un aperçu des 21 projets et composantes de projets qui seront présentés demain mardi au secteur privé national et international lors du Forum des investisseurs.

En gros, il s’agit d’infrastructures lourdes comme le Port sec de Kaolack, un Tramway de 35 km dans Dakar, un chemin de fer devant relier la capitale à l’Aéroport international Blaise Diagne. Des Zones économiques spéciales intégrées sont prévues entre Diamniadio et Diass. Il y sera érigé un projet pilote de 50 hectares pour des investisseurs du domaine aéroportuaire.

Dans le domaine du savoir, il y a le projet d’une «Cité du Savoir» et la construction de nouvelles résidences universitaires, une entreprise qui sera confiée au secteur privé. 

L’agriculture ne sera pas en reste avec la mise en valeur des Terres qui passera par la création et le développement de six pôles de développement, ainsi que d’une unité de désalinisation de l’eau de mer. Pour le Tourisme, trois projets de développement seront concentrés à Pointe Sarène, Mbodjène et Joal. 

Au total, ce sont 1 111 milliards de francs Cfa qui sont espérés du secteur privé national et international. La croissance économique d’au moins 7% attendue dans les prochaines années sera à «visage humain», a indiqué le Dg de l’Apix. Car c’est un stock de 100 000 à 150 000 emplois qui pourraient en être créés, avec un taux de couverture maladie universelle à 75% et la résorption essentielle du déficit en logement estimé à 125 000 unités.

MOMAR DIENG (PARIS)

 

 

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