Publié le 15 Feb 2013 - 17:02
HOMMAGE À CHEIKH ANTA DIOP

Sa pensée et ses convictions actualisées

 

Les différentes théories du professeur Cheikh Anta Diop ont été mises à jour, hier au cour d'une table ronde tenue à l'Ucad 2, en marge de la commémoration de sa disparition.

 

 

''La condition première d'une renaissance africaine passe par le développement des langues indigènes'', dixit Cheikh Anta Diop. C'est en s'appuyant sur cette théorie, que le professeur Arame Fall Diop, linguiste et directrice des éditions Osad, a défini les grandes lignes du projet de Cheikh Anta Diop sur la question linguistique. S'exprimant au cours d'une table ronde, présidée par Amadou Makhtar Mbow et organisée pour commémorer la disparition de ''l'illustre homme'', Mme Diop a indiqué que ''sa conviction'' a toujours été que les futurs États devraient se préparer à la mise en œuvre d'une politique linguistique à même de porter les projets de développement.

 

''La langue est à la base de tout développement'', a-t-elle avancé, en citant l'exemple de la Corée qui avait le même indice de développement que le Sénégal dans les années 60 et qui a pu prospérer, grâce en partie à la promotion de la langue coréenne. Si le projet porté par Cheikh Anta Diop n'a pas abouti, la faute serait imputée aux anciennes colonies et à l'intelligentsia africaine qui n'auraient pas réagi favorablement aux propositions de Cheikh Anta Diop. Cependant, elle a reconnu que ''les choses sont en train de changer'', grâce à l'entrée graduelle, mais en constante progression, des langues nationales dans des domaines qui lui étaient fermés. ''Les conseils municipaux, les conférences de presse, les séminaires...'', citera-t-elle en exemple.

 

 

Même si elle a décerné un satisfecit à la presse pour son effort dans la promotion des langues par le biais d'émissions en langues nationales, ''il n'est pas normal qu'il n'y ait pas de modules pour les langues dans les écoles de journalisme'', a affirmé Mme Diop. Les journalistes font de gros efforts au niveau de la terminologie, reconnaît-elle, avant de prioriser néanmoins la piste de la formation.

 

 

À cette table ronde qui mettait en relief ''l'actualité de la pensée de Cheikh Anta Diop'', l'historien Aboubacry Moussa Lam, disciple de Cheikh Anta, a soutenu que son mentor était convaincu que sans conscience historique, un peuple ne pouvait aboutir à rien. Parti en France pour devenir ingénieur en construction aéronautique, il a fini par opter pour l'histoire, estimant que ce combat restait le plus important. ''Il s'est battu pour l'écriture de l'histoire de l'Afrique, parce qu'on disait que l'Afrique n'avait pas d'histoire'', a rapporté M. Lam, citant Amadou Makhtar Mbow et Joseph Ki-Zerbo comme compagnons d'arme.

 

À sa suite, la juriste Fatou Kiné Camara a précisé que déjà au lendemain de l'indépendance, le professeur Cheikh Anta Diop avait déjà perçu l'importance de l'aspect genre et avait déjà compris que les femmes devaient être impliquées dans les prises de décision. ''La connaissance de ce que nous avons et de ce que nous devons faire nous rend plus fort'' a-t-elle ajouté.

 

Sur le plan politique, le docteur Diallo Diop, secrétaire général du Rnd, a rappelé que Cheikh Anta Diop avait toujours répété que ''la sécurité précède le développement et le développement politique précède le développement économique'', se référant à l'actualité du Mali et à l'incapacité de son armée et de la Cedeao à apporter une riposte à l'agression des Touaregs au nord Mali.

 

 

 

 

ANTOINE DE PADOU

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