Publié le 29 Mar 2016 - 23:34

Ils sont trop verts et même pas mal !

 

Comment l’ont-ils pris et où en sont-ils, finalement, ces battus, grands et petits, du 20 mars dernier ? Beaucoup n’en reviennent pas ou n’en sont pas encore revenus, comme le Président Abdoulaye Wade, par exemple ! Mais il est vrai que, s’agissant de celui-ci, ce serait loin d’être une première qui en est à se demander encore comment il se pouvait bien qu’il ait pu se faire, déjà, battre en 2012 ! C’est dire combien, en fait de sidération politique, il est un vieil habitué de la chose. C’est dire aussi combien les autres, tous les autres, ont de la marge puisque même un aïeul y peut avoir perdu tout le latin qu’il croyait avoir mémorisé. Mais, enfin…

Ce n’était pas bien sorcier pourtant ! Cette affaire, c’était de la politique et rien d’autre que cela ! Mais, au lieu de la voir comme cela, on a préféré transformer le tout en une simple opération arithmétique. C’est bien, évidemment, plus simple et plus commode et facile ! N’est-ce pas qu’une coalition avait porté Macky Sall au pouvoir ? Il suffisait qu’une autre coalition, de même densité, se formât pour qu’il en fût déchu à travers son référendum rejeté ! Cela paraît inattaquable et ça l’est, je le confirme.

Mais ce ne l’est qu’en apparence ! Car il y manque ce que j’avance souvent dans les nombreuses conversations que j’ai avec certain jeune frère et confrère : La part de Dieu ! En fait je veux parler de tous ces gens qui, quoi qu’il se passe ou se puisse passer, votent avec et pour le pouvoir en place, quel qu’il soit ou puisse être par ailleurs. Il était dans les 35% d’Abdoulaye Wade lorsqu’il a été si sèchement battu en 2012 comme dans les 41% d’Abdou Diouf quand il a été vaincu en 2000 par ce même Wade ! C’est comme ça et ce le sera toujours ! On aura beau faire tous les calculs du monde mais tant que cet élément - à quantifier, à mesurer, peut-être - n’aura pas été intégré et pris en compte, toujours, on aura tout faux !

Cela veut dire qu’Abdoulaye Wade qui se croit aujourd’hui toujours assis sur 35% des électeurs sénégalais qu’il avait eus en 2012 est en train de commettre l’une de plus grosses erreurs de sa longue carrière politique ! Il ne les fait plus et il ne pourra plus jamais les refaire et son fils encore moins que lui ! C’est cruel, peut-être, mais c’est la vraie vérité. Car ce qui n’est pas retourné, naturellement, du côté du pouvoir comme je l’ai dit, est, pour une bonne part, parti déjà ou sur le point de le faire, par ‘’capillarité’’, chez les Fada, Ousmane Ngom, Baldé et, qui sait, Fall Braya, Oumar Sarr, etc…

Un qui, dans la débâche générale, aurait pu se flatter d’avoir su résister et tirer, en somme, son épingle du jeu, c’était Idrissa Seck. Dans sa bonne ville de Thiès, son camp l’a remporté !

Le ‘’Non’’ y a gagné, sinon triomphé. Et, c’est déjà cela. C’était le moins, toutefois, que cette ville pouvait faire pour ce fils qui s’était positivement damné afin que de la pouvoir conquérir et posséder ! Ce qui est tragique, car c’est bien fort au-delà du cocasse et du risible, c’est que, pour l’amour d’une ville, il aura perdu tout un pays, et beaucoup mais beaucoup de son crédit ! Relativisons quand même car, Dieu, qui a voulu et qui a fait tout cela, ne se trompe jamais. Et lui-même Idrissa Seck, qui Le cite à tout propos, sait fort bien cela même s’il n’est pas dans sa nature de devoir en convenir.

Comme sa défaite, par exemple, le 20 mars dernier ! Il était un fervent partisan du ‘’Non’’, tout le monde le sait pour l’avoir vu et entendu partout sur tous les fronts et sur tous les tons. Au final, lui et ses amis ont été battus. Nettement, sèchement ! De l’ordre de 62-38 à peu près. Non, mais même, disons, de celui de 51-49 voire 50,25% 49,75%. Ils ont été battus en tout cas ! Ils avaient misé et ils ont perdu ! N’était-ce pas assez clair ? Le Président avait soumis 15 propositions au peuple et celui-ci les avait acceptées, c’était une copie parfaite qui avait été rendue donc 10 sur 10 ou 20 sur 20 selon le mode de notation.

Et qu’en a pensé Idrissa Seck qui n’avait pas ménagé ses efforts et avait tout fait pour qu’un zéro fût pointé sur la copie du Président ? Que ‘’Bof’’ ! Dans les temps, avant, c’était pas ça, c’était pas 10 sur 10 ou 20 sur 20, c’était cent pour cent ! ‘’Je galèje un peu, mais j’exagère à peine ! Car ce qu’Idrissa Seck a dit en termes propres, c’est que c’est la première fois de sa vie qu’il voyait un référendum l’emporter de si peu ! En fait, il venait de se faire désavouer et rosser d’importance et il se flattait, se vantait et s’enorgueillissait de ne même pas avoir mal ! Comme un mauvais garnement quoi ! Mais dans quel pays sommes-nous vraiment ? Est-ce bien le pays des Léopold Senghor, Lamine Guèye et même des Mamadou Dia et Valdiodio Ndiaye ?  Il faut vraiment croire que non tellement c’est énorme ça.

Et le pire, ce n’est même pas qu’Idrissa Seck ait pu dire des choses comme ça, le pire, c’est qu’elles aient pu passer comme une lettre à la poste ! Personne ne s’en est ému et nul n’a eu à les relever. ‘’Oui on a gagné parce que l’on a évité de perdre plus lourdement ! ‘’C’est dit sans pudeur et sans honte comme pour un match amical entre l’US Gorée (ça c’est chez moi et je ne risque pas d’avoir des problèmes !) et le Barça ! Voilà, la vie des Sénégalais et leur mort, à l’aune d’un match de foot et amical de surcroît ! Ce n’est pas demain, décidément, que nos compatriotes se réconcilieront avec certains de leurs hommes politiques et ils auront bien raison, s’agissant d’Idrissa Seck.

Ils auraient raison aussi, de se montrer plus circonspects à l’avenir et à éviter de prêter l’oreille à n’importe quel beau parleur qui n’aura de cesse que de leur voler leur fromage pour aller dans son coin le déguster ensuite tout en se moquant d’eux, de leur ramage comme de leur plumage d’ailleurs ! Nous avions eu Bouki qui est une sorte de loup sous nos latitudes, prenons garde aussi aux chacals qui ont tout du renard sous les tropiques. Dans ce grand bestiaire que nous a laissé ce bon Monsieur La Fontaine, ne vous souvient-il pas de cette histoire du ‘’Renard et des Raisins’’ ? Et où après avoir tout fait, tout tenté et en vain, pour se délecter du fruit de la vigne, l’animal est reparti en grommelant : ‘’bof, ils sont trop verts, ces raisins !’’

 

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