Un quart des financiers américains toujours disposés à commettre d’importantes fraudes

Une enquête indépendante auprès des professionnels de la finance à New York, lancée par le cabinet d’avocat Labaton Sucharow LLP, indique que le système de rémunération en vigueur dans l’industrie financière incite les financiers à la fraude. «Notre étude suggère qu'il existe un grand décalage entre ce que l’industrie financière prêchent et ce qu’elle fait » a déclaré Chris Keller, associé à Labaton Sucharow. « Tant qu’une culture d'intégrité et de gouvernance ne sont pas établis, les investisseurs seront en danger » a ajouté l’avocat international.
Les jeunes professionnels de Wall Street sont plus susceptibles d’accepter et adopter un comportement illégal ou contraire à l'éthique que leurs collègues plus âgés. « Beaucoup dans l'industrie des services financiers semblent avoir perdu leur boussole morale et les jeunes professionnels constituent la plus grande menace pour les investisseurs », a déclaré Jordan Thomas, associé de Labaton Sucharow. « Wall Street a besoin de faire le premier pas vers la reconnaissance de problème d'éthique d'entreprise sinon on devrait se préparer à d'autres scandales »
Résultats de l’enquête
Les principaux résultats de ce sondage auprès de 250 financiers révèlent le mépris des intérêts des clients et l’acceptation d’activités illégales par une partie des financiers américains. Plus précisément :
29% des sondés pensent que les professionnels des services financiers peuvent avoir besoin de se livrer à un comportement illégal ou contraire à l'éthique pour réussir
24% se disent prêtes à commettre un délit d'initié pour gagner 10 millions $ si elles étaient sûres de ne pas se faire prendre
23% ont observé ou avoir eu connaissance directement d'actes condamnables sur le lieu de travail
26% critiquent les systèmes de rémunération ou de prime existant dans leur société incitant les collaborateurs à compromettre les normes éthiques ou à violer la réglementation
24% craignent des représailles s'ils venaient à signaler des actes répréhensibles en vigueur dans leur milieu professionnel
17% ont estimé que les dirigeants dans leur entreprise étaient susceptibles de « fermer les yeux » s'ils soupçonnaient un collègue de délits d’initiés.
Traders
Parmi les jeunes traders des grandes banques d’investissements, on note la persistance de manque de valeurs éthiques et de respect de la législation : 38% des traders interrogés ayant moins de 10 ans d'expériences se disent prêts à commettre un délit d'initié pour empocher 10 millions $ en ayant l'assurance de ne pas se faire prendre.
Signes d'espoir
Les régulateurs financiers et les autorités de police jouent un rôle essentiel dans la protection des investisseurs. Bien qu'ils aient été largement critiqués dans le passé récent, les changements de direction et les réformes organisationnelles au cours de la dernière année ont augmenté les niveaux de confiance des professionnels des services financiers dans la capacité des régulateurs à surveiller le marché.
62% des sondés estiment que la Securities and Exchange Commission (SEC) est efficace à détecter, enquêter et poursuivre des fraudeurs, tandis que 57% estiment que la Financial Industry Regulatory Authority (FINRA) a été aussi efficace. Depuis la dernière enquête, réalisée il y a un an, chacune de ces deux résultats a augmenté de presque 100%.
Récompenser la dénonciation pour combattre la fraude
60% des professionnels des services financiers sont au courant de l'existence du programme de dénonciation de la SEC contre 49% il y a un an. Le régulateur américain s’attend donc à une augmentation substantielle des demandes de dénonciation et d'aide dans les années à venir. « Il y a eu une ligne verte que les professionnels des services financiers ont toujours craint de traverser, mais ils sont maintenant plus disposés à rompre leur silence dans le cadre du programme de dénonciation de la SEC. Dans les prochaines années, je prédis beaucoup de cas de dénonciation, plus significatifs » a expliqué Jordan Thomas.
Méthodologie de l’enquête
Les questionnées regroupent des banquiers, des analystes financiers, des courtiers, des gestionnaires de portefeuille, des banquiers, des gestionnaires de fonds alternatifs, des analystes financiers et des conseillers en investissement.