Publié le 23 Oct 2020 - 15:19
JOURNEE NATIONALE DE LA DECENTRALISATION

Un Macky conciliant, mais exigeant face aux élus territoriaux 

 

Le président de la République a présidé, hier, au Centre international de conférences Abdou Diouf (Cicad) la cérémonie officielle de la Journée nationale de la décentralisation. Organisée pour la première fois au Sénégal, suivant les recommandations de l'Union africaine, cette rencontre espère établir un dialogue franc et constructif entre l'Etat, les collectivités territoriales et les partenaires au développement.

 

 ‘’En tant qu’ancien maire, c’est toujours avec grand plaisir que je prends part aux activités des élus locaux’’. La formulation du président de la République était parfaite pour ‘’apaiser’’ les relations de l’Etat central avec les collectivités territoriales.

L’ancien maire de Fatick a ainsi célébré, hier, avec ses collaborateurs territoriaux, la Journée nationale de la décentralisation au Cicad. Occasion pour espérer bâtir des échanges autour des orientations stratégiques, des contraintes et des perspectives de la politique de la décentralisation, du développement et de l’aménagement des territoires.

En présence du ministre des Collectivités territoriales, du Développement et de l'Aménagement des territoires Oumar Guèye et de la présidente du Haut Conseil des collectivités territoriales Aminata Mbengue Ndiaye, le chef de l’Etat s’est entouré de ses ‘’preuves’’ concrètes de son action pour la décentralisation. Car, rappelle Macky Sall, dans son discours d’ouverture : ‘’De la belle plage de Yoff Tonghor aux merveilleuses chutes de Dindéfelo, de Diembéring à Thiemping, en passant par Kayar, le pays réel nous parle et nous demande de rester à son contact et à son écoute. C’est ce que nous faisons ici. En effet, il n’y a pas meilleur exercice de rester au contact et à l’écoute du pays réel que de s’assoir, se concerter avec vous, élus, représentants des populations venus de toutes les contrées urbaines et rurales de notre cher pays.’’

Sous le thème de la ‘’Décentralisation et de l’équité territoriale’’, cette première édition de la Journée nationale de la décentralisation trouve son origine, un an avant, lors d’une rencontre de concertation avec l’ensemble des élus locaux du Sénégal, organisée le 10 octobre 2019. Celle-ci avait permis de recueillir les préoccupations des acteurs territoriaux sur l’état de mise en œuvre de la politique de décentralisation au Sénégal. Sur la base de leurs recommandations, le président de la République a tenu avec eux une session de travail sur ce qui a été amélioré et ce qu’il reste à faire. 

Seulement, une année a passé, entretemps. Le comité de pilotage de la Journée nationale de la décentralisation a réalisé des travaux dans lesquels les manquements et les pistes d’amélioration de la relation entre l’Etat central et les élus territoriaux pour un épanouissement de l’exécution de la politique de décentralisation ont été rappelés. Et le secrétaire général de l'Union des associations d'élus locaux (Uael), Président de la Commission finance et du développement territorial, Abdou Khadre Diagne, s’est chargé d’en partager les conclusions et recommandations.   

La fiscalité des collectivités territoriales engagée

Estimant que l’essentiel des questions posées trouveront leurs réponses au cours de l’année à venir, Macky Sall a retenu, de ce passage, la nécessité d’accélérer la mise en œuvre de la phase 2 de l’acte 3 de la décentralisation. Surtout après l’évaluation, à sa demande, de la première phase de l’acte 3.

Cette deuxième étape devra relever les défis liés à la Fonction publique locale, le traitement moderne de l’état civil, le statue de l’élu local, la correction des incohérences, la mutualisation des moyens par l’intercommunalité, les nouvelles compétences à transférer, etc.  ‘’J’engage le gouvernement à travailler avec les acteurs et partenaires territoriaux pour la mise en œuvre des décisions suivantes : finaliser les lignes portant sur la fiscalité des départements et de façon générale celle des collectivités ; faire des propositions pour le relèvement de l’indexation de la TVA dans le cadre des transferts de l’Etat aux collectivités territoriales’’, a-t-il annoncé.    

‘’Les collectivités territoriales sont des démembrements de l’Etat’’

Toutefois, il ne s’agit pas, pour le chef de l’Etat, de caresser ses ‘’ex-collègues’’ dans le sens du poil. Car, en donnant, l’Etat se veut aussi plus regardant sur la gestion des collectivités territoriales. Et selon les propos de Macky Sall, si ‘’la décentralisation consacre un transfert de pouvoir de l’Etat vers d’autres personnes morales de droit public, elle doit corriger les limites de l’Etat jacobin et centralisateur et veiller, en même temps, au maintien de l’autorité étatique, de l’intégrité territoriale et de la cohésion nationale. Il est important, à ce propos, de rappeler que les collectivités territoriales sont des démembrements de l’Etat’’.

Cette précision était nécessaire, aux yeux du chef de l’Etat, pour rappeler la démarche républicaine à suivre. ‘’Ce n’est pas parce qu’un maire à une couleur rouge, verte et jaune que la collectivité a une couleur rouge, verte ou jaune. Décentraliser, oui ! Donner davantage de compétences et de moyens, je suis tout à fait d’accord. Mais maintenir l’autorité de l’Etat n’est pas négociable. Maintenir l’intégrité territoriale et la cohésion nationale n’est pas négociable. Il ne faut pas que l’adversité politique transgresse le rôle fondamental des collectivités par rapport à l’Etat’’, prévient-il.  

Lamine Diouf

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