Publié le 30 Jun 2022 - 23:19
LE CHAMP-ÉCOLE PAYSAN (CEP) DE NGUEYE-NGUEYE

Les bénéficiaires veulent plus de moyens

 

Le directeur général du Fonds pour l’environnement mondial (Fem) a visité le  champ-école  du village de Nguèye-Nguèye, une localité de la commune de Ngoye située dans le département de Bambey. Sur place, Carlos Manuel Rodriguez a pu s’entretenir avec les bénéficiaires qui souhaitent, entre autres doléances, revoir à la hausse l’enveloppe destinée aux financements de leurs activités.

 

Le Fonds pour l’environnement mondial (Fem)  est un organisme financier qui œuvre pour la préservation de l’environnement. Créé en 1991 par la Banque mondiale, le Programme des Nations Unies pour le développement (Pnud) et  le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), il rassemble 183 États membres. Dans son rôle de bailleur de fonds, il soutient des projets environnementaux consacrés à la lutte contre le réchauffement climatique, la dégradation des sols, la pollution des eaux ou, plus généralement, en faveur du développement durable et de la protection de la biodiversité. Son action consiste, en particulier, à soutenir financièrement des projets aidant les pays en développement à atteindre les objectifs fixés dans la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, la Convention sur la diversité biologique, la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification et la Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants.

Parmi les 4 500 projets soutenus depuis sa création dans 170 pays, certains sont pilotés par des ONG ou des membres de la société civile. C’est dans ce cadre que le directeur général du Fem a effectué, samedi dernier, une visite de travail  au niveau de Nguèye-Nguèye. L’objectif consistait à s’entretenir avec les bénéficiaires du champ-école, mais aussi de visiter le périmètre maraicher des femmes de cette localité du département de Bambey et le champ-école de ce village. Le champ-école paysan (CEP) constitue un groupe de 20 à 25 apprenants et apprenantes, volontaires et disponibles, se réunissant une fois par semaine tout au long d’une campagne hivernale pour suivre une formation de culture d’une parcelle. L’objectif est d’observer toutes les interactions autour des cultures, d’expérimenter des solutions face aux problèmes de production,  en vue de choisir l’itinéraire technique le plus prometteur et de conduire une culture saine. Le CEP facilite ainsi l’apprentissage et l’intégration raisonnée de nouvelles techniques de production agricole, tout en tenant compte à la fois des capacités des producteurs et productrices, et des ressources accessibles liées à l’écosystème. Cette visite de travail de Carlos  Manuel Rodriguez a été un prétexte pour les bénéficiaires de formuler, après avoir salué cette initiative, des doléances.

Boucar Diouf, un des  bénéficiaires, confie : ‘’Nous avions reçu 67 vaches que nous avions partagées entre les groupements. Nous avons maintenant 113 vaches présentement. Le projet a permis à ceux-là qui n’avaient jamais de vaches, sont actuellement des propriétaires de bœufs. Ils pratiquent l’embouche bovine. Certains, avec cela, s’en sortent très bien. À titre d’exemple, certains ont acheté des bœufs à 150 000 F pour les revendre à 350 000 F. Je ne doute aucun instant qu’après le projet, nous pourrons pérenniser ces acquis. Comparés aux autres champs, nous récoltons plus dans les champs qui reçoivent  les déchets organiques des  bœufs.’’ Et la porte-parole des femmes  de renchérir : ‘’C’est une excellente initiative. Non seulement, avec ce projet, nous les femmes, nous  pratiquons des cultures maraichères, mais aussi, nous parvenons à obtenir leurs légumes ici.   Nos filles ne partent plus à Dakar pour exercer comme femmes de ménage, parce que tirant profit de ce projet. De plus, avec le biodigesteur, l’environnement est préservé, parce qu’il n’y a plus de coupe de bois.’’

Lors de cette rencontre, des doléances ont été formulées aussi bien par Boucar Diouf que par la porte-parole des femmes. ‘’Nous aurions souhaité que les moyens soient davantage revus à la hausse.  Nous réclamons des indemnités, nous les membres de la commission du projet. Si, par malheur, une bête venait à mourir lors de son acquisition, on est obligé de rembourser, car ces facteurs de risque ne sont pas pris en charge. Le financement d’autres champs-écoles et la multiplication des périmètres maraichers’’.

Présent à cette rencontre, le directeur de l'Environnement et des Etablissements classés et   point focal du Fem au Sénégal, Baba Dramé, a déclaré : ‘’Nous sommes là avec la FAO et le FNDASP (Fonds national de développement agro-sylvo-pastoral)  pour visiter ce projet sur la résilience climatique,  qui est projet d'une extrême importance, parce que devant accompagner les communautés à s'adapter aux changements climatiques à travers des activités de revenus, mais également à travers une forme de culture qui permet aux communautés de gérer les incidences négatives des changements climatiques. Nous avons pu constater un réel engouement et c'est pour nous l'occasion de féliciter la FAO, mais également le directeur général de la FNDASP qui est l'agence d'exécution du projet, pour les résultats, parce que nous avons vu de nouveaux itinéraires de culture qui sont en train d'être développés pour éviter l'utilisation des substances chimiques dangereuses. Nous avons également un champ-école  qui permet aux encadreurs, aux animateurs locaux  d'assister les femmes pour développer de nouvelles techniques agricoles devant leur permettre d'améliorer leurs rendements et de gagner beaucoup plus d'argent à travers l'activité agricole’’.

La délégation a pu visiter une ferme d’embouche bovine et toutes les activités connexes, notamment l'utilisation de la bouse des vaches comme fertilisant naturel, mais également la production des bioénergiques à travers la bouse de vaches.

Lors de cette visite de travail, la question de l’insécurité alimentaire a été abordée. Interpellé sur cette problématique, Makhfouss Sarr, le chargé de programme à la FAO/Sénégal, indique que ‘’la FAO, conformément à sa mission, est de travailler avec l'ensemble des gouvernements des pays membres pour ensemble éliminer la faim dans le monde. Aujourd’hui, si on veut renforcer et travailler sur la sécurité alimentaire avec les aléas que nous connaissons, les changements climatiques, les crises mondiales,  la réflexion va dans le sens de la souveraineté alimentaire et si nous avons appuyé le gouvernement du Sénégal sur cette question, il faut que tout ce que nous venons de dire en termes de bonnes pratiques soit appliqué sur le terrain’’.

Boucar Aliou Diallo (Diourbel)

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