L’agent commercial aurait détourné 36,975 millions de FCFA à la SENICO

Le tribunal des flagrants délits de Dakar a jugé, hier, Moustapha Faye pour escroquerie portant sur plus de 30 millions de FCFA au préjudice de la Sénégalaise industrie et commerce (SENICO). L’agent commercial dans ladite société risque 6 mois fermes, malgré ses dénégations. La décision sera connue, ce matin.
Le parquet ne doute point de la culpabilité du prévenu Moustapha Faye. Pour cela, il a requis contre lui une peine de 6 mois d’emprisonnement estampillée du délit d’escroquerie. Dans son réquisitoire, il a laissé entendre que l’agent commercial a usé de manœuvres frauduleuses pour gruger la SENICO où il a commencé à travailler depuis seulement 1 an et 6 mois. Une période durant laquelle, ce célibataire âgé de 35 ans a fait ‘’disparaître’’ la rondelette somme de 36,675 millions de FCFA au préjudice de l’entreprise. Le délit découvert, la partie civile n’a cessé de pointer du doigt son agent commercial et elle a été soutenue dans son accusation par le ministère public.
Mais, pour le concerné, les faits ne se sont pas déroulés comme mentionné dans le procès-verbal d’enquête préliminaire. Moustapha Faye a déclaré que le montant objet de l’infraction s’élève à 14,411 millions de FCFA. ‘’Je ne reconnais pas le montant’’, a-t-il fait savoir au président du tribunal des flagrants délits de Dakar. Le prévenu a été placé sous mandat de dépôt, le 7 juillet dernier. Chargé de recevoir les commandes ainsi que leur paiement à Rufisque, il s’en est enorgueilli : ‘’Je suis le seul agent commercial à la SENICO qui verse souvent à la banque d’importantes sommes d’argent. Je peux dire que, chaque trois mois, je peux faire un bénéficie de plus d’un milliard de FCFA. Je pèse bien mes mots’’.
Son succès a fait long feu. Il raconte : ‘’Un jour, j’ai été victime d’un vol de mon sac contenant plus de 14 millions de FCFA au marché de Thiaroye. C’est le lendemain que j’ai été informé qu’un certain Aliou Sène a trouvé la sacoche devant un magasin. Le voleur avait emporté avec lui tout l’argent. Il n’y restait que les factures’’. Non sans avancer qu’il était désorienté à l’idée de devoir rembourser à la société. ‘’Je ne voulais pas qu’on sache que je venais d’être victime d’un vol. En sus, je ne voulais pas dire la vérité à mes supérieurs, car, on paie tous les manquements, alors qu’on n’a pas d’assurances ou encore de primes de risques à la SENICO. C’est la raison pour laquelle, j’ai continué mon travail pour avoir de quoi payer avant que le gap ne soit découvert’’, a-t-il renseigné.
Le commercial appréhendé en Gambie
Cependant en lieu et place d’un versement, Moustapha Faye va effectuer un retrait d’un montant de 800 000 de FCFA pour payer un marabout. ‘’Un ami m’avait mis en rapport avec un marabout afin qu’il m’aide à retrouver mon voleur’’, a-t-il révélé. Quid des 17 millions de FCFA qu’il déclare avoir perdus dans les locaux de la banque ? Le prévenu soutient qu’il s’est rendu compte de la disparition de cette somme, après avoir ouvert son sac devant le caissier. Représentant de la SENICO, Me Ousseynou Guèye est revenu sur les circonstances de l’arrestation de leur agent commercial. ‘’Lorsqu’on a constaté son absence, j’ai contacté le comptable. Celui-ci m’a dit qu’il ne l’a pas vu, depuis quelques jours, et qu’il était injoignable. Pensant qu’il était souffrant, nous avons décidé d’aller chez lui. Mais, Moustapha Faye n’était pas sur les lieux. Nous avons fait cap sur Rufisque, sa base, où une commerçante nous a dit qu’il venait tout juste de lui remettre une importante somme d’argent’’, a-t-il indiqué.
Après enquête, l’agent a été localisé en Gambie. Et en collaboration avec la police gambienne, le fugitif a été interpellé grâce à son numéro de téléphone Africell. Il a été trouvé par devers lui 46 millions de FCFA. De plus, les éléments de l’enquête ont exposé que le prévenu avait contacté une dame pour avoir un passeport. Une déclaration que le mis en cause a réfutée. Toutefois, la partie civile lui a réclamé la somme de 50 millions de FCFA à titre de dommages et intérêts.
S’appuyant sur la thèse du vol, la défense a plaidé, à titre principal, la relaxe et une application bienveillante de la loi pénale, à titre subsidiaire ‘’si toutefois, le juge est convaincu de la culpabilité de l’agent’’. Le délibéré est attendu, aujourd’hui.
AWA FAYE