Diouf Sarr demande des ressources dans les meilleurs délais

Pour faire face à l’épidémie du Covid-19, il faut nécessairement des moyens. Le plan de riposte de 1 440 584 650 F CFA, validé par le président Macky Sall, va jusqu’au mois de juillet 2020. Hier, au cours d’une réunion avec les partenaires, le ministre de la Santé et de l’Action sociale a soutenu que des ressources s’avèrent nécessaires, si nous voulons en finir avec l’épidémie.
Voilà six jours qu’aucun cas n’est confirmé sur le sol sénégalais. Un résultat encourageant. Cependant, la bataille est loin d’être gagnée, car l’épidémie progresse à grands pas dans la plupart de la centaine de pays affectés dans le monde. Cela, d’autant plus que le virus se propage et ne connait ni frontière ni classe d’âge, encore moins catégorie professionnelle ou statut social. C’est pourquoi le ministre de la Santé et de l’Action sociale réitère son appel à la vigilance et au respect des préconisations des services de son département.
Hier, Abdoulaye Diouf Sarr a rencontré les partenaires financiers au développement, pour discuter du plan de riposte mis en place, afin de faire face à cette épidémie.
Selon le ministre, il est important de faire confiance aux hommes et aux femmes qui, de jour en jour, démontrent leurs capacités à détecter très tôt les cas, à effectuer rapidement les prélèvements indiqués et à prendre en charge les cas confirmés. ‘’Le budget dudit plan est évalué, à ce stade, à 1 440 584 650 F CFA et court jusqu’au mois de juillet 2020. Il a été adopté le lundi 2 mars 2020, lors du Conseil présidentiel présidé par le chef de l’Etat qui, à cette occasion, a bien voulu demander l’élévation du degré de vigilance. Il a particulièrement insisté sur l’impératif de rendre disponibles les produits, matériels et consommables essentiels nécessaires au traitement des cas. Sur ses instructions, le gouvernement a déjà mobilisé une partie du budget’’, renseigne M. Diouf.
Toutefois, dit-il, vu l’ampleur de la menace et face à l’évolution rapide de la maladie, des ressources s’avèrent nécessaires, si le pays veut terrasser le coronavirus et en finir avec l’épidémie. Ces ressources, à son avis, doivent être mobilisées dans les meilleurs délais. ‘’Nous savons que ce dispositif, en dépit de l’efficacité qu’il manifeste, peut toujours être amélioré. Ainsi, nous sommes ouverts à toutes propositions nouvelles et à toutes suggestions pour le rendre plus performant’’.
S’adressant aux partenaires, il leur signifie que leurs contributions sont vivement attendues, car elles permettront d’accroitre l’efficacité du dispositif, de réduire à néant les contaminations et d’éviter tout décès lié au Covid-19.
L’atteinte de ces objectifs, d’après Diouf Sarr, passe par le renforcement des moyens de surveillance et de détection, par la mise aux normes des centres de traitement à Dakar et dans les autres régions, la mise à disposition d’équipements de protection adaptés, en particulier pour le personnel de santé. Il faut aussi la disponibilité des médicaments et autres intrants, l’acquisition d’outils de prélèvement, d’équipements de transport, le renforcement de l’information des populations et de la communication sur les mesures de prévention. ‘’Voilà autant d’axes sur lesquels nous souhaitons obtenir le soutien de nos partenaires. Ce soutien ne nous a jamais fait défaut. Je reste donc optimiste quant à l’issue de nos discussions. Je formule le vœu qu’ensemble, nous puissions mobiliser l’ensemble des moyens nécessaires pour poursuivre la lutte et la gagner, au bénéfice de tous les Sénégalais et des étrangers établis au Sénégal’’, conclut-il.
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AMADOU HOTT (MINISTRE DE L’ECONOMIE)
‘’Cette épidémie pourrait engendrer un manque à gagner important pour le budget de l’Etat’’
La propagation du Covid-19 menace de plus en plus l’économie des pays dans le monde. Au Sénégal, selon le ministre Amadou Hott, en plus de l’impact du ralentissement de la croissance mondiale, cette épidémie pourrait engendrer un manque à gagner important pour certains secteurs et le budget de l’Etat.
Les dernières estimations de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) indiquent que le coronavirus pourrait conduire à une réduction de la croissance mondiale de 0,5 %. De ce fait, le ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération, Amadou Hott, souligne que la lutte contre le virus nécessite la mobilisation de moyens conséquents pour l’isolement des personnes atteintes et leur traitement, mais également pour la prévention, qui est un aspect fondamental.
S’agissant du Sénégal, dit le ministre, en plus de l’impact du ralentissement de la croissance mondiale, cette épidémie pourrait engendrer un manque à gagner important pour certains secteurs et le budget de l’Etat, alors que le ministère de la Santé et de l’Action sociale (MSAS) a besoin de ressources supplémentaires pour mieux articuler sa lutte.
‘’Pour les secteurs pouvant être affectés, je pense notamment au tourisme, au transport aérien, aux échanges extérieurs et au commerce intérieur. Ces secteurs sont immédiatement impactés par la maladie, au regard des restrictions sur la mobilité des personnes qui affectent la demande mondiale’’, prévient M. Hott qui a pris part, hier, à la rencontre entre le MSAS et les partenaires au développement.
De plus, précise le ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération, les cas déclarés dans le pays peuvent aussi provoquer des conséquences négatives sur d’autres branches d’activité, notamment la restauration, le transport intérieur, les loisirs, entre autres.
‘’Mon département est en train de mettre en place un dispositif de collecte d’informations, d’enquêtes auprès des opérateurs et de suivi, afin d’évaluer l’impact de manière périodique. A ce stade, l’impact de cette épidémie est difficile à prédire. Tout dépendra de son évolution, mais aussi de la rapidité et de l’efficacité de nos interventions collectives’’, souligne le ministre.
A son avis, la priorité absolue, sur le plan budgétaire, est de pouvoir engager les dépenses sanitaires de première ligne, afin de protéger le bien-être des populations, de soigner les malades et de ralentir la propagation du Covid-19.
Pour lui, il est cependant clair que, pour consolider le travail du MSAS, il faudra rapidement mobiliser les ressources additionnelles, surtout pour des investissements nouveaux structurels. ‘’En plus des mesures existantes, d’autres pourraient s’imposer pour les secteurs, les entreprises et les ménages les plus touchés. Au niveau budgétaire, une restriction prolongée sur la mobilité des personnes pourrait entrainer un repli de nos importations en provenance de ces pays, avec un impact négatif sur les recettes douanières se traduisant par une limitation des capacités d’intervention de l’Etat’’.
VIVIANE DIATTA