Pour le meilleur et pour l’argent. Ce sont les deux conditions du mariage médiatique. En cas de divorce, pas de séparation à l’amiable. Les piques et autres déballages s’échangent comme dans une partie de ping-pong. Les téléspectateurs et autres fans de l’animatrice Keb’s Thiam, ancienne de 2STV et nouvelle recrue de TFM ont compté les points et les coups.

Peut-être qu'il faudrait, à l'instar de ce qui se fait dans la communication, une clause de non-concurrence interdisant l’exercice du même métier durant une période donnée et précédant la démission, à faire signer par l’employeur à tout employé de média privé. En attendant, une bande annonce révèle déjà la nouvelle émission de Keb’s sur la TFM et celle-ci pourrait bien réanimer le conflit car la propriété des émissions constitue aussi l’autre motif de la querelle. La TFM continue ainsi de monter son équipe ''Hall of Fame'' pour distancer ses concurrentes.

Restons sur la 2STV pour parler de l’émission qui monte ''Le Grand Rendez-vous''. Peut-être la seule émission du paysage audiovisuel sénégalais qui réussit la prouesse de réunir sur un même plateau un éminent universitaire, enseignant à Princeton, un journaliste ex-candidat à la Présidentielle, un musicien qui capitalise trois décennies dans son domaine et un percussionniste devenu chanteur à succès.

L’interview, menée par Tounkara, l’un des chroniqueurs de l’émission, s’est terminée en clash avec l’artiste Pape Thiopet, venu présenter son album. Le premier, croyant avoir affaire à un amuseur public, a commis l’erreur de le traiter comme tel, poussant l’outrecuidance jusqu’à lui faire sentir une certaine condescendance de premier de la classe face au bonnet d’âne. Mais le chanteur ne s’est pas laissé faire.

Si la mélodie, l’harmonie et le rythme constituent la musique, un seul de ces trois éléments est pourtant suffisant pour mériter ce titre. Le chroniqueur reproche ainsi au chanteur de faire du ''taasu'' et également de ne pas développer de thème dans ses ''chansons''. Autre reproche brandi contre l'artiste : sa danse jugée incorrecte. Néanmoins, et l’artiste n’a pas manqué de le rappeler, Mickael Jackson ou James Brown ont pratiqué cet art, la danse, alors que Tounkara semble dénier ce droit à Pape Thiopet.

Tounkara, intellectuel et universitaire bien pensant, adepte de la pensée unique, a été malmené par le percussionniste dont le seul diplôme est la maîtrise de son art. La culture est vaste, tantôt élitiste, tantôt populaire et il faut de tout pour faire un monde.

Au Sénégal, les œuvres de Léopold Sédar Senghor, le poète académicien, font partie de notre patrimoine culturel national et côtoient les délires musicaux et dansants d’un Pape Thiopet. Que l’on aime ou pas, il faut savoir se plier aux règles de la tolérance et faire preuve d’ouverture d’esprit.

Karo DIAGNE-NDAW