Publié le 19 Jan 2017 - 22:07
MARCHE SYNDICAT DE PIKINE

Une modernisation qui vient à son heure 

 

Le chef de l’Etat Macky Sall a décidé de moderniser l’un des plus vieux marchés aux fruits de la capitale sénégalaise. Une initiative saluée par les commerçants. Car, sur leur lieu de travail, hormis la vétusté des rares magasins qui y sont construits, l’insalubrité et les automobilistes dictent leurs lois.  Reportage.

 

Des ordures déposées çà et là, des vendeurs de moutons installés à quelques pas des restauratrices, des mouches qui voltigent de partout. C’est le décor du marché Syndicat de Pikine que le Président Macky Sall veut moderniser. Logé au cœur du département, ce marché est l’image même de la vétusté et de la désuétude. On est loin du marché de ‘’l’émergence’’. Comme dans les marchés hebdomadaires, communément appelés ‘’louma’’, la plupart des marchandises sont exposées par terre sur des sacs de riz vides servant d’étalages.

A côté de tout ce désordre, une odeur ammoniacale embaume l’air. Et malgré l’étroitesse des ruelles qui mènent à l’intérieur du marché, les conducteurs de camions, camionnettes, ceux de charrettes et les caristes trouvent toujours les moyens d’y circuler pour décharger leur contenu. Cela occasionnant souvent des embouteillages sur la route principale qui le traverse. Car les automobilistes et autres conducteurs de transport en commun qui l’empruntent sont toujours obligés de patienter, le temps que les camions trouvent l’endroit idéal pour se garer.

Beaucoup de promoteurs se sont intéressés au projet de modernisation du marché Syndicat de Pikine. Mais leurs offres ‘’n’ont pas arrangé les commerçants’’. C’est ce que révèle leur délégué général, Baye Laye Ndiaye. ‘’Ils (promoteurs) voulaient le construire pour nous le revendre. On n’était pas sûrs de pouvoir acheter les cantines à leurs prix’’, explique-t-il. Aujourd’hui, ces commerçants se disent heureux de l’engagement du Président Macky Sall. ‘’Nous sommes vraiment très heureux du projet de construction du marché.

Mais, les autorités doivent comprendre que nous sommes là pour chercher quelque chose à amener à nos enfants. Nous habitons à Sangalkam et nous n’avons pas de places ici. Nous amenons des mangues, des mandarines. Nous plaidons vraiment pour qu’on nous trouve des magasins’’, prône Fatoumata Diallo, vendeuse de fruits. En effet, cette vieille dame, qui croule sous le poids de l’âge, fréquente le marché Syndicat depuis plus de 25 ans’’. ‘’Durant l’hivernage, narre-t-elle, les vendeurs qui n’ont pas tables ou de places pour étaler leurs marchandises restent debout avec leurs produits jusqu’à ce qu’ils trouvent un client. ‘’Parce qu’on ne peut pas les poser par terre à cause de l’eau’’, dit-elle.

Une rivière asséchée érigée en marché

En effet, le site abritant le marché Syndicat est une rivière asséchée. Ce qui explique que le site est tout le temps inondé durant la saison des pluies. ‘’L’état du marché est vraiment déplorable. Durant l’hivernage, il devient impraticable. Je vends du petit-déjeuner, mais pendant la saison des pluies, on vit un véritable calvaire, avec les asticots qui sortent de partout à cause des ordures.  On cotise pour acheter des camions de sable ou de cailloux’’, ajoute Guissé Cissé. Cette jeune dame, la trentaine, tient avec sa sœur aînée le commerce de leur défunte mère qui y travaillait depuis leur enfance. Pour Guissé qui déroule ses activités, juste en face des vendeurs de moutons au milieu d’un décor inapproprié pour vendre de la nourriture, ce projet du chef de l’Etat est donc ‘’une aubaine pour eux’’.

Si la vieille Fatoumata Diallo et Guissé Cissé apprécient l’initiative présidentielle pour changer le visage de leur marché, Pape Mbaye, vendeur de jujubes, se soucie déjà du prix des cantines une fois le chantier achevé. ‘’Nous craignons que les cantines soient vendues un peu cher. Or, nous ne sommes que des débrouillards. Le Président Sall nous a promis un marché moderne pour les fruits. En plus, il a dit qu’après la construction, il sera livré aux commerçants’’, indique-t-il. Toutefois,  Pape Mbaye espère que les choses se feront comme le chef de l’Etat l’a prévu, au moment venu. Ce lieu, poursuit-il, est ‘’notre seul gagne-pain. Pour le moment, nous attendons le recensement des autorités de la mairie’’. De toute façon, les choses ne doivent pas tarder. Parce que l’Agence d'exécution des travaux d'intérêt public/Sénégal (Agetip) en charge du chantier a déjà fait un état des lieux avec un relevé détaillé du site qui s’étend sur 1,2 hectare. En plus, dans deux semaines, l’ensemble de la documentation sur le concept sera présenté au ministre de la Gouvernance locale, du Développement et de l'Aménagement du Territoire pour validation. Ce qui permettra le démarrage des travaux.

De ‘’Dufoncé’’ à Pikine

Marché Syndicat ne s’est pas fait en un jour. En réalité, de ‘’Dufoncé’’ centre-ville (déformation de Crédit foncier) à Pikine, les commerçants de ce fameux marché ont presque fait le tour de la capitale avant d’être logés dans cette commune. Ils étaient, dans un premier temps, installés à la maison de ‘’Dufoncé’’ n°1, où se trouvait le bureau des syndicalistes. ‘’On posait là-bas nos paniers de mangues. Ensuite, les marchands ont été déplacés à côté des cimetières où se trouve présentement la Grande mosquée de Dakar’’, raconte le vieux Baye Laye Ndiaye. A un certain moment, le président de la République d’alors, Léopold Sédar Senghor, leur a dit qu’il voulait déplacer le marché pour la construction de la Grande mosquée. De ce lieu, ils se sont installés à Colobane, où ils sont restés de 1962 à 1974. Quand le gouverneur Thierno Birahim Ndao est venu, il l’a de nouveau déplacé à ‘’Angle mousse’’, de 1974 à 1976. ‘’Le 29 février 1976, on a quitté ce lieu pour venir à Pikine, sous l’égide du gouverneur Malick Ba. Aujourd’hui, le président de la République, après un constat, a pris l’engagement de le faire. Nous rendons grâce à Dieu et prions pour que le chantier s’achève correctement’’, se réjouit le délégué des commerçants, trouvé dans son bureau sis au marché Syndicat.  

MARIAMA DIEME

Section: 
OCTROI MARCHÉ TNT À UNE ENTREPRISE MALIENNE : Excaf menace de saisir les tribunaux
EXPLOITATION EXTRACTIVE ET TRANSITION ÉNERGÉTIQUE : Pour une large implication des femmes sur la question
Centre Médico-Social de l'Asp
RÉFORME FONCIÈRE : Diomaye demande des réflexions profondes
JOURNÉES DE CONCERTATION SUR LE SECTEUR DE LA COMMUNICATION Le Sénégal se penche sur l’avenir de la communication à l'ère numérique
Pêche maritime - accord Sénégal – Guinée-Bissau
Emprunt obligataire État Sénégal
FINANCES PUBLIQUES : Les RTEB disponibles ce 23 juin
DEVELOPPEMENT DU SECTEUR PRIVE NATIONAL : Le FONGIP signe une convention de 800 milliards CFA sur 5 ans
JOURNEE INTERNATIONALE DES TRAVAILLEURS DOMESTIQUES : Plaidoyer pour la mise en œuvre des conventions de l'OIT
MARCHÉ D'ÉLECTRIFICATION RURALE ATTRIBUÉ À AEE POWER EPC : TAS interroge le ministre Cheikh Diba sur les zones d’ombre
GUERRE AUTOUR DE LA CESSION DES DROITS, OBLIGATIONS ET INTÉRÊTS À SANGOMAR : Woodside réclame 3 milliards F CFA à FAR LTD
TOURNÉE ÉCONOMIQUE : Diomaye Faye investit le Nord
CAMPAGNE AGRICOLE ET SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE : Les directives de Diomaye pour l’atteinte des objectifs
CRISE DE LA POLLUTION PLASTIQUE CROISSANTE : Quatre cents millions de tonnes de plastique produites chaque année
ADRIEN GÉDIN, ANALYSTE GÉOPOLITIQUE “La fracture diplomatique entre la Cedeao et l’AES compromet la sécurité régionale”
Hausse de la production d’électricité
MAURITANIE-SÉNÉGAL - CONDITIONS D’ENTRÉE ET DE SÉJOUR : Nouakchott et Dakar accordent leurs violons sur fond de réciprocité
PME-PMI au Sénégal
RESTITUTION ÉTUDE SUR LE TRAVAIL DOMESTIQUE DES FEMMES ET L'ÉCONOMIE DE SOINS : Le temps invisible des femmes : 13,9 % du PIB ignoré