Publié le 25 Aug 2020 - 23:52
MBOUR – HIVERNAGE ET PETITS METIERS 

Les Mbourois racontent leurs cauchemars

 

L’hivernage plonge les petits métiers dans une situation difficile à Mbour. En effet, les eaux pluviales qui stagnent sur les voies et dans les rues de la ville, constituent un frein à leurs activités de survie. Ils demandent aux autorités de réagir face à cette situation inconfortable.

 

La saison des pluies est sans doute la pire des périodes de l’année, pour les habitants de la capitale de la Petite Côte. Quand l’hivernage s’installe à Mbour, les populations sont prises entre le marteau des inondations et l’enclume des conséquences de la stagnation des eaux pluviales. Au-delà même des conséquences sur le plan sanitaire, avec la reproduction des insectes et des bestioles, cette situation constitue un frein pour certaines activités économiques, surtout du secteur informel. Les petits métiers sont au bord du gouffre. Taximen, petits vendeurs à la sauvette, laveurs de voitures, mécaniciens et autres travailleurs infortunés sont directement impactés par ces inondations notées çà et là dans la ville. Ce qui constitue un réel problème social et un impair dans leur vie de tous les jours.

Face à cette situation désagréable et invivable, Oumy Sarr, rencontrée dans un quartier populaire de la commune, estime que même si on peut noter des inondations partout dans le pays, c’est un vrai danger pour la santé, puisque les enfants sont exposés à des risques.  ‘’Il y a trop d'inondations dans tout le pays. Les eaux stagnent partout et les enfants jouent dans ces eaux’’, explique-t-elle. Avant de continuer : ‘’Il y a aussi beaucoup d'insectes, tels que les moustiques. Même pour aller au travail, on ne sait même pas par où passer.’’

Même complainte chez ce chauffeur de taxi qui évoque les problèmes engendrés par cette situation dans l’exercice de leur activité. ‘’On est confronté à beaucoup de difficultés, en cette période. Les routes sont dégradées. Nos voitures ne sont plus en bon état. Nous sommes toujours chez le dépanneur. On est même obligé de faire payer plus aux clients. Au lieu de 100 F, ils payent maintenant 200 F et c'est vraiment difficile pour eux’’, admet Ndongo Lô.

A la gare routière, les mêmes conséquences désastreuses de la mauvaise gestion des eaux pluviales sont dénoncées par d’autres travailleurs. Il s’agit des laveurs de voitures qui voient leur activité ralentie par les eaux stagnantes. Ces derniers commencent à noter une nette baisse de leur chiffre d’affaires. Selon Ibrahima Diagne, ‘’les eaux stagnantes sont un frein à notre activité. D'abord, on est obligé de traverser la route nationale pour trouver de l'eau. Ce qui n'était pas le cas auparavant’’, fait-il savoir. Il ajoute : ‘’Ensuite, après la pluie, il y a un problème d’espace, car tout est inondé. Beaucoup ont même abandonné leur atelier. La gare routière est devenue déserte. Et s'il y a des eaux stagnantes devant la gare, après lavage, les voitures seront de nouveau salies en roulant dedans. C'est vraiment notre problème majeur’’, déplore le jeune laveur.

Cela couplé au manque d’eau vécu par les Mbourois depuis la semaine dernière, les laveurs de voitures indiquent vivre un calvaire accentué par les dégâts causés par le manque d’eau qui ne se limite plus qu’aux ménages désormais. Les laveurs de voitures aussi subissent un énorme manque à gagner. ‘’Les coupures d'eau également nous fatiguent, car notre travail dépend strictement de l'eau. Des fois, on est obligé de descendre, s'il n'y a pas d’eau. Et on n’a pas d’autres moyens de trouver de l'eau dans ces lieux. Mais il y a des chauffeurs qui nous aident, des fois. On met quelques récipients dans leurs voitures pour aller au puits dans les maisons environnantes, afin de trouver de l'eau. Et ils nous ramènent à la gare routière par la suite, pour qu'on puisse continuer notre travail’’, laisse entendre Ibrahima Diagne.

Pourtant, l'hivernage est la période où les laveurs de voitures devraient se frotter les mains. Mais tel n'est pas le cas pour cette année marquée par la pandémie de Covid-19 qui n'a pas encore dit son dernier mot.

Selon ces Mbourois impactés par le manque de gestion des eaux de ruissellement, une action rapide doit être faite par les autorités de la ville.  A en croire Oumy Sarr, ‘’la mairie doit agir, face à cette situation. Avec cette période de pandémie, cela peut même empirer la situation actuelle’’, alors que le taximan Ndongo Lô estime qu’il faudrait vraiment qu'on les aide à réparer ces routes, car ils paient 6 000 F à la mairie, chaque mois. Il se demande alors ce qu'ils font de cet argent. ‘’On demande de l'aide. On est fatigué, la population aussi’’, martèle-t-il.

IDRISSA AMINATA NIANG

 

Section: