Publié le 20 May 2014 - 01:20
MOCTAR SOURANG, PRÉSIDENT DE UNP

''L'inflation de listes s'explique par l'échec des politiques dans la gestion locale''

 

Le nombre impressionnant de listes en lice pour les élections locales du 29 juin 2014 continue d'alimenter la polémique. Mais pour  le président de l'Union nationale patriotique (UNP), cet état de fait n'est pas une surprise. Moctar Sourang est d'avis que l'échec des politiques dans la gestion locale est la cause principale des 2 700 listes en compétition dans les 602 collectivités du pays.

 

L'UNP est-il partant pour les élections locales du 29 juin?

Bien sûr que nous sommes partants pour les locales à venir. Et sous la bannière de l'UNP. Il n'empêche que nous sommes en coalition avec d'autres partis dans certaines zones. Nous sommes présents à Sédhiou dans le Bemmé. Et c'est là où on s'est rendu compte que les fondamentaux dans ce pays ne sont pas réglés. On reste à Dakar et on déclare  partout que  le président de la République Abdoulaye Wade a réalisé des infrastructures, alors que rien n'est fait à l'intérieur du pays. A Sédhiou aussi, il y a un vrai problème de désenclavement. Pour faire 20 km, il faut deux heures de route. Dans ces zones il n'y a ni eau, ni électricité, et les récoltes pourrissent par manque de pistes de production. 

 Quels sont les enjeux de ces élections pour votre parti?

Les locales ne sont organisées ni pour plébisciter ni pour sanctionner le pouvoir en place. Il s'agit de la gestion des quartiers et des villes par le pouvoir local. Aujourd'hui, les populations se sont rendu compte que leurs problèmes ne sont pas toujours réglés. Et pour la première fois, il y a un élan très fort du mouvement citoyen pour dire stop. Le nombre important de listes s'explique par l'échec des politiques dans la gestion locale. C'est cela qui fait que les populations veulent prendre leurs destinées en main. Et quand on leur a dit : vous ne pouvez pas aller directement, elles sont sont allées dans les partis politiques. 

L'inflation des listes s'explique en partie par l'absence de démocratie au sein des partis politiques. Pour l'essentiel, les listes sont portées par les partis politiques. Souvent, dans une même localité, il y a plusieurs listes d'un même parti, surtout du parti au pouvoir.         

Jugez-vous normal que  2 700 listes se disputent 602 collectivités ?

C'est normal quand vous avez trois listes de l'APR dans une seule ville. Dans beaucoup de localités du pays, l'APR a présenté plusieurs listes à la fois.

En termes de financement, l'État doit casquer 15 milliards pour l'organisation de ces élections. Est-ce que cela ne risque pas de porter préjudice aux contribuables sénégalais?

Le jeu démocratique en vaut la peine. Pour moi, cela est un faux débat. Le problème, ce n'est pas ça. Gouverner, c'est aussi prévoir. Ce qui a été à la base de cette multitude de listes, c'est qu'on a communalisé. Aujourd'hui, toutes les communautés rurales sont devenues des communes. On aurait dû prévoir ça. Le ministre de l'Intérieur aurait dû le prévoir. On a fait une réforme, on n'a pas eu le temps de l'analyser et faire l'évaluation, on est allé vers des élections tout de suite et on est surpris. Ce ne sont que les effets immédiats de cette réforme. C'est une absence de planification. 

L'idée de déposer une caution pour les élections locales est de plus en plus agitée. Qu'en pensez-vous? 

Je ne suis pas d'accord pour la participation financière des partis politiques pour la tenue des élections locales. Comment peut-on demander par exemple à un habitant de Fongolimbi qui a des problèmes de survie de donner une caution pour avoir le droit d'aspirer à gérer sa commune ou communauté rurale ? Ça n'a pas de sens. On ne doit pas interdire à  des citoyens qui n'ont aucune ressource mais qui veulent gérer leur localité de participer aux joutes électorales. Les  locales ont un caractère particulier. Elles n'ont rien à voir avec les élections présidentielle ou législatives. 

PAR ASSANE MBAYE

 

 

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