Le Sembène du cinéma tunisien à l’honneur ce soir

Tahar Cheriaa est au cinéma tunisien, ce que Sembène Ousmane représente pour celui sénégalais. Et c’est lui que nous présente le réalisateur Mohamed Challouf dans un documentaire qui sera projeté ce soir à l’institut Léopold Sédar Senghor.
‘’Ce Film est le portrait de Tahar Cheriaa le père incontestable du panafricanisme cinématographique et fondateur des Journées Cinématographiques de Carthage, premier festival de cinéma en Afrique et dans le Monde Arabe (1966). C’est aussi l’histoire de son amitié avec les pionniers du cinéma en Afrique comme Sembène Ousmane, Tawfik Salah, Timité Bassori, Moustapha Alassane et tant d’autres qui, au lendemain des indépendances, ont déployé toute leur énergie pour créer les premières images authentiques de l’Afrique postcoloniale et indiquer la voie pour des cinématographies africaines capables de contribuer à la modernisation du continent en prenant en charge sa propre image dans la dignité et le respect de soi’’. Tel est le synopsis du film documentaire intitulé ‘’Tahar Chériaa, à l’ombre du Baobab’’, réalisé par Mohamed Challouf. Il sera projeté ce soir à l’institut Léopold Sédar Senghor de Dakar dans le cadre du mois du documentaire qu’accueille ce lieu.
Une pellicule de 70 minutes qui retrace le parcours de l’initiateur des journées cinématographiques de Carthage (JCC) produit en 2014 par “Caravanes productions” avec le soutien du ministère tunisien de la Culture et de l’organisation internationale de la francophonie (OIF). Une biographie sur un homme que rien ne prédestinait à un vécu dans le septième art. En effet, né à Sayada qui est un petit village de pêcheurs de la Tunisie, il fut berger. Par conséquent, rien ne le prédisposait à devenir le symbole du cinéma africain et arabe. Il a cru en lui et s’est entièrement donné pour sa passion en s’investissant dans des études qui lui ont valu la reconnaissance qu’il a actuellement.
M. Challouf pense depuis 1985 à faire un film sur ce père du cinéma tunisien. Il a pris près de 20 ans pour donner à son projet la forme souhaitée. C’est ainsi qu’il a pu rassembler diverses archives des JCC depuis leur début. Il a également, dans ce documentaire, tendu son micro à des contemporains tunisiens de Tahar Cheriaa ainsi qu’à ses collègues arabes. On montre dans le film le héros de Challouf. On l’y voit vieilli mais pas affaibli avec un esprit vif. Il partage avec les cinéphiles son amour pour le cinéma en cueillant des fleurs dans son jardin. Dans le même ordre d’idées, il analyse la situation du cinéma tunisien depuis l’indépendance.
Avant la projection du documentaire, est prévue une rencontre professionnelle qu’animeront Mohamed Challouf lui-même, Laurent Chevallier, en compagnie des réalisateurs sénégalais Moussa Touré et Ousmane William Mbaye. Ce dernier a ouvert le mois du documentaire avec son ‘’Kemtiyu’’, une réalisation consacrée à Cheikh Anta Diop. Moussa Touré, lui, aura le plaisir de présenter sa dernière production ‘’Bois d’ébène’’, demain vendredi. Toujours, à l’institut Léopold Sédar Senghor.
BIGUE BOB