C’est une cruelle désillusion pour les Lions du pays de la Teranga, éliminés par le fair-play, à ce Mondial russe qui ne verra aucune équipe africaine en 8es de finale.

Funeste 74e mn qui a vu le défenseur Yerry Mina catapulter, hier, le ballon dans le but sénégalais gardé par un Khadim Ndiaye pas assez prompt sur cette action-là. Par ce coup de boule, le jeune défenseur du Fc Barcelone sonnait le glas d’une campagne russe qui laissera beaucoup de regrets et de frustrations aux Lions. Car, jusqu’à ce corner, les protégés d’Aliou Cissé faisaient le match quasi parfait, mettant sous l’éteignoir des Colombiens qui ont essayé de sonner la révolte, dès le début de la seconde mi-temps, en vain. Car ils ne parvenaient pas à inquiéter, outre mesure, le portier sénégalais, hormis un tir contré par Koulibaly à la 65e mn, suite à un coup franc mal renvoyé par la défense.

En effet, hier, les Lions ont pris le match par le bon bout. En bloc et très disciplinés, ils ont très vite pris le contrôle du milieu de terrain, après un âpre combat dans le premier quart d’heure. Notamment, avec l’abattage d’un excellent Idrissa Gana Guèye, bien secondé par le capitaine Cheikhou Kouyaté. Ainsi, en dehors du coup franc de James Rodiguez, à la 12^e mn, qui a obligé Khadim Ndiaye a effectué sa seule parade du match, toutes les actions dangereuses de la première mi-temps étaient pour le Sénégal. Notamment, l’action de Mané (16^e) sur une passe de Niang. Au moment d’ajuster le portier Ospina, l’attaquant était stoppé par un tacle du défenseur Sanchez dans la surface de réparation. L’arbitre sifflait penalty et faisait appel à l’assistance vidéo (Var). Après 2 minutes d’un suspense insoutenable, il revenait sur sa décision, car effectivement, le défenseur avait pris le ballon avant de toucher Sadio Mané.

Malgré cet ascenseur émotionnel, les protégés de Cissé repartaient de l’avant. A la 27e mn, l’attaquant de Liverpool semait la zizanie en faisant une incursion dans la défense colombienne. Son centre contré atterrissait dans les pieds de Diao Baldé Keïta dont le tir ne donnait rien. A la 31^e mn, James Rodriguez, le maitre à jouer de la Colombie, devait céder sa place sur blessure. Son remplaçant, Muriel, a donné du fil à retordre à la défense sénégalaise, du fait de sa puissance et de sa pointe de vitesse. N’empêche que cette sortie prématurée du milieu de terrain du Bayern de Munich a redoublé l’ardeur des Lions qui ont continué à aller de l’avant. Devant les coups de boutoir de Mané et d’Ismaïla Sarr, les Cafétéros multipliaient les fautes. Le latéral gauche Johan Mojica était logiquement averti à la 45e mn, pour avoir découpé le jeune attaquant rennais qui l’avait pris de vitesse.

Après 45 premières minutes maitrisées, avec un bloc médian très compact, les Lions filaient à la mi-temps avec le sentiment d’avoir fait le taf. Et pouvaient entrevoir la qualification.

Attentistes et punis

Toutefois, au retour des vestiaires, des Lions, plutôt attentistes, laissaient la possession à des Colombiens plus volontaires, qui s’approchaient enfin des buts de Khadim Ndiaye, sans pour autant se créer d’occasions franches. Toutefois, à la 67e mn, il fallait une sortie rageuse de Khadim Ndiaye devant l’attaquant Luis Muriel, sur un long ballon en profondeur, pour annihiler une occasion qui pouvait être dangereuse. Dans la foulée, le latéral sénégalais Youssouf Sabaly s’écroulait sur le terrain. Lui aussi devait céder sa place sur blessure. C’est sur ces entrefaites que la Colombie a obtenu le corner qui a conduit au but de la victoire. Malgré l’entrée en jeu de Wagué, à la 71e mn, pour remettre les Lions à 11 contre 11.

Sur les gradins, le 12e Gaïndé continuait de donner de la voix. L’ouverture du score par Yerry Mina ne douchait pas leur enthousiasme. Ils continuaient à encourager des Lions qui repartaient de l’avant. Mbaye Niang avait la balle d’égalisation au bout des pieds. Mais son tir puissant en pivot (77e) dans la surface était repoussé par Ospina. A la 80e mn, Ismaïla Sarr voyait son tire s’envoler. Dans une fin de partie insoutenable, les Lions d’Aliou Cissé poussaient, mais butaient sur une bonne défense colombienne qui tenait bon. L’entrée de Moussa Konaté (80e) à la place de Diao Baldé Keïta et celle tardive de Diafra Sakho (86e) à la place de Niang ne changeaient rien.

Au coup de sifflet final, les Lions pouvaient avoir des regrets. Surtout pour n’avoir pas cherché à gagner le match, dans une seconde période où l’équipe à jouer avec le frein en main jusqu’à l’ouverture du score colombien. Le scénario catastrophe tant redouté a fini par avoir raison d’une vaillante équipe sénégalaise qui s’est bien battue. Le Sénégal est éliminé pour deux malheureux cartons jaunes de plus reçus que le Japon, lui aussi battu par la Pologne (0-1).

Mais c’est surtout le sentiment de n’avoir pas donné la pleine mesure de son potentiel - surtout offensif - qui prédomine au sortir de cette campagne frustrante. En tout cas, on aura appris, au moins, une chose : le Sénégal ne sait pas gérer un score ; son salut passe par le jeu.