Publié le 30 Sep 2016 - 19:58
MUTINERIE DE REBEUSS- INTERDICTION DE MARCHE

La Société civile réprimande l’Etat du Sénégal

 

L’interdiction du rassemblement de la société civile à la Place de l’Obélisque a rendu cette dernière plus critique sur la gestion de la mutinerie de Rebeuss. Elle a proposé des mesures pour décongestionner le milieu carcéral.

 

Les organisations de défense des droits de l’Homme ont la dent dure contre l’Etat du Sénégal après la mutinerie du 20 septembre dernier à Rebeuss. Tout le système a été remis à plat hier dans une conférence de presse qu’elles ont organisée à Dakar. ‘‘Existe-t-il une politique pénale au Sénégal ?’’ se demande Me Amadou Aly Kane du rassemblement africain de défense des droits de l’Homme (Raddho) avant de paraphraser la morale du fabuliste Jean de la Fontaine : ‘‘Selon que vous êtes riche ou célèbre, pauvre ou anonyme, les traitements diffèrent.’’ Ses autres collègues, qui n’ont cessé de dénoncer les mêmes causes depuis dix jours, ont proposé des pistes de sortie.

Amnesty International, à l’initiative de la rencontre, propose une série de douze mesures dont les plus importantes et la plus diligente sont la construction d’une maison d’arrêt moderne de 1 500 places ainsi que la tenue permanente des Chambres criminelles. Il demande également au ministère de la Justice de porter la pension des détenus à 2000 francs quotidiens par personne au lieu de la moitié, et de construire des toilettes décentes. ‘‘A Vélingara, les prisonniers sont détenus de 18 heures à 9 heures du matin sans possibilité d’accès aux toilettes puisqu’il n’y en a pas’’, déplore Seydi Gassama. L’ancien secrétaire de la Raddho, Alioune Tine, espère que les mesures annoncées vont servir à quelque chose pour ‘‘bannir cette image de paquetage (Ndlr : ‘‘paketaass’’). C’est pire que ce qu’ont subi les esclaves dans les cales de bateaux pour l’Amérique’’, s’indigne-t-il.

Imputabilité

Pour le président de la Ligue sénégalaise des droits de l’Homme, Me Assane Dioma Ndiaye, les implications juridiques sont on ne peut plus claires sur les responsabilités de l’Etat du Sénégal. Il envisage une indemnisation à la mesure du préjudice causé à la famille d’Ibrahima Mbow dit Ibrahima Fall. ‘‘L’imputabilité ne pose pas de problème puisque ce sont des agents de l’Etat qui ont tué ce jeune. Si la volonté d’obstruction est manifeste, nous nous constituerons en partie civile car la responsabilité civile de l’Etat est engagé.’’ Pour la robe noire, il y a à s’inquiéter de la vulnérabilité du citoyen sénégalais face à un droit foncièrement inquisitoire.

‘‘Ce jeune homme n’aurait jamais dû être en prison. Quelle place pour un mandat de dépôt à la veille de la Tabaski d’autant plus que le mouton, objet d’un probable recel, était entre les mains de la Police ?’’ On vous arrête, pas parce que vous avez commis un délit mais parce qu’il y a présomption de culpabilité. Le procureur dit que le mandat de dépôt n’est pas systématique ; ce cas est là pour démontrer le contraire. C’est pour montrer dans quel état d’esprit sont les procureurs au Sénégal. Ce décès est sur la conscience du procureur qui a mis ce jeune en prison’’, dénonce Me Assane Dioma Ndiaye.

Quant à Malal Talla de Y’en a marre, il a fustigé le fait que le PM ait choisi de défendre le frère du président avec des menaces à l’appui au moment où se jouait le drame, mardi 20 septembre. Le rappeur estime également que le ministre de la Justice aurait également pu surseoir à un voyage. ‘‘Puisqu’on nous parle de mesures humanitaires dans la libération de certains détenus comme Thione Seck, il n’y avait pas plus humanitaire que cette situation’’, dénonce le rappeur activiste  qui ne s’explique toujours pas l’absence des autorités concernées à la levée du corps de Ibrahima Mbow dit Ibrahima Fall.

INTERDICTION DE MARCHE 

Me Ndiaye s’inquiète pour celle de l’opposition

Cette conférence de presse était une solution de rechange puisque Amnesty International, Article 19, Y’en a marre, la Raddho, la Lsdh, la Sidh etc. avaient prévu un rassemblement à la place de l’Obélisque initialement. Un arrêté préfectoral l’a interdit au dernier moment, prétextant de ‘‘risques réels de troubles à l’ordre public’’ et ‘‘risques d’infiltration de la manifestation’’. Le président de la Lsdh se plaint de ‘‘la déloyauté et l’inélégance de l’Etat’’ et se projette de lister les arrêts de la Cour suprême ayant annulé les arrêtés préfectoraux lors de précédentes interdictions de marche : ‘‘Cette accumulation des violations, attestée par décision de justice, nous permettra de saisir la Cour de justice de la Cedeao. Cette interdiction augure de celle de la marche programmée par l’opposition.

Il n’est pas exagéré de parler d’interdictions systématiques de marches au Sénégal. Il y a un gel des libertés publiques au Sénégal. Nous ne devons pas cautionner cela’’, déclare Me Assane Dioma Ndiaye. Alioune Tine se demande si cette Constitution qui autorise les marches et rassemblements, la liberté d’expression, est toujours valide pour l’Etat ou pas. ‘‘Est-ce que nous sommes dans une situation d’exception démocratique ? Sinon les autorités se placent dans une situation d’inconstitutionnalité et d’illégalité constitutionnelle.

Il est inacceptable qu’on continue d’interdire dans la durée les manifestations au Sénégal.’’  Quant à Fou malade, plus catégorique, il déclare que ce rassemblement aura bien lieu : ‘‘Quand Abdoulaye Wade interdisait les marches, c’est Macky Sall qui demandait aux Sénégalais de sortir dans les rues. Nous marcherons ! Avec les ex-détenus, avec leurs parents, avec ou sans l’autorisation des autorités’’, promet-il.

OUSMANE LAYE DIOP

 

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