Tombong Oualy, le policier accusé d’avoir tiré sur l’étudiant tué lors des répressions policières à l’Ucad, a été transféré depuis hier au Cap Manuel. Il était de nouveau en face du Doyen des juges d’instruction, hier, après une première audition la veille. Une affaire pleine de zones d’ombre qui pousse pour autant son père Ndéné Oualy à exiger l’arrestation du ‘’lâche’’. Nous l’avons rencontré, chez lui, à Tivaouane Peulh.

 

Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Je me nomme Ndéné Oualy. Je suis un adjudant de la gendarmerie à la retraite. Je suis domicilié à Tivaouane Peulh, depuis 2008.

Quels sentiments vous animent, lorsque vous vous faites à l’idée que votre fils, accusé du meurtre de l’étudiant Bassirou Faye, a été transféré au Cap manuel ?

C’est un sentiment d’amertume, car il ne plaît à aucun père de famille de savoir que son fils est inculpé de meurtre. Je suis peiné. Toute la famille a été affectée. Mais, le moral est au beau fixe.

Dans quel état d’esprit baigne actuellement Tombong Oualy?

Il tient le coup. Il a un mental d’acier. Il a été abattu tout au début, ce qui est normal, mais il s’est ressaisi. Il est conscient que la vérité finira par jaillir.

Quel type de discours tient-il en prison ? Qu’est-ce qui revient le plus dans ses propos ?

On cause tout naturellement. Il continue à clamer son innocence. On est convaincu que ce n’est pas lui qui a tiré. Ils ont infiltré son indicatif radio (ils ont tous des codes radios) pour l’enfoncer davantage.

Votre fils manifeste-t-il des inquiétudes en prison ?

Non. Il affiche une sérénité. Tombong a l’esprit fair-play. C’est un très grand sportif. Il ne souffre d’aucune maladie. Je puis vous dire que c’est un homme sain doublé d’un vrai talibé mouride.

Même s’il passe pour un drogué au passé trouble?

Tombong ne l’est pas. Il ne s’est jamais drogué. Il a toujours cultivé l’exemplarité. La première chose qu’il a demandée en prison, c’est le Coran. Nous connaissons le passé du journaliste qui a distillé ces fausses informations. On connaît son passé au Tribunal. Il doit se taire. Tombong est aimé et apprécié par tous ses ‘promotionnaires’. Cela est révélateur de sa personnalité.

Vous avez toujours clamé son innocence. Sur quoi vous basez-vous, vu que des faits l’incriminent ?

Je le clame haut et fort. Mon fils est victime d’une machination ; ce n’est pas fortuit si ses ‘promotionnaires’ ont tenu à le soutenir. Ils lui rendent toujours visite. Mais, ce qui m’étonne, c’est que depuis ces fâcheux événements, la Police n’a pas communiqué sur cette affaire. Elle s’est emmurée dans un grand mutisme et c’est inquiétant.

Quelle devrait être, à votre avis, l’attitude de la Police devant ce dossier assez sensible ?

Elle a le devoir de réagir. Elle doit se prononcer, surtout que tout le monde sait que Tombong Oualy n’a pas tiré.

Pourquoi le choix est-il alors porté sur votre fils ?

C’est simple. Ils cherchent une victime. Or, les preuves accablent un homme de teint clair et de taille élancée. Il avait le ‘’Talkie Walkie’’ et communiquait avec ses supérieurs. Le témoin, qui est le voisin de chambre du disparu, Bassirou Faye, a certifié cette thèse. Il a également été reconnu par beaucoup d’étudiants. Je pense qu’il ne sert à rien de présenter un peloton de policiers aux étudiants pour identifier le tireur. Ils ont voulu sacrifier un innocent, car son nom de famille est à consonance étrangère. Tombong a servi de bouc émissaire. Ils ont pensé que cela allait passer comme lettre à la poste.

Quelles sont réellement les origines des Oualy ?

Nous sommes des Sénégalais pure souche. Nous venons de la région de Tambacounda, plus particulièrement de Sine Oualy. Nous sommes des petits-fils de Soundjata Keita. Pour votre information. C’est notre aïeul Tambandiang Oualy qui a fondé la région de Tambacounda.

Vous êtes de ceux qui pensent que l’Etat cherche à se faire bonne conscience avec cette arrestation ?

L’Etat ne peut se faire bonne conscience tout en sachant pertinemment que les événements sont maquillés. D’ailleurs, un oncle de Tombong Oualy qui se nomme Oumar Tall devra apporter des informations de taille lors de son audition devant le juge d’instruction. Quand il était hospitalité à l’hôpital principal de Dakar, il a été témoin de faits accablants. Il s’est retrouvé dans la même chambre qu’un agent de police blessé à l’œil.

Cet  agent a reçu, en sa présence, la visite d’enquêteurs qui ont voulu qu’il enfonce Tombong Oualy. Il a opposé un niet, dans la mesure où il a été sauvé par mon fils.  Il leur a fait savoir que c’est lui qui l’a pris dans son véhicule pour l’amener à l’école nationale de Police. C’est après qu’ils sont partis que l’oncle de Tombong a décliné son identité à l’agent blessé. Il est en passe d’être acheminé en France pour une intervention chirurgicale. On se demande si on ne lui fera pas un lavage de cerveau.

Pourquoi tant de zones d’ombre, à votre avis, dans cette affaire ?

Parce qu’on cherche à protéger quelqu’un. Mais qu’il sache qu’il sera démasqué.

Qui voudrait-on protéger ? Pensez-vous que c’est un gradé, le tireur ?

C’est un officier qui a tué Bassirou Faye. Je ne suis pas en mesure de révéler son grade, mais les parents de Bassirou Faye, en portant plainte contre X, poussent les enquêteurs à exploiter cette piste. Elle s’est constituée partie civile. L’affaire suit son cours.

Des actions ont-elles été prises à votre niveau pour tirer cette affaire au clair ? On a eu écho de signature de pétitions dans ce sens ?

Je dirais que ce sont des propositions qui ont été certainement faites par des proches. Je ne suis pas impliqué, pour dire vrai. 

Êtes-vous confiant quant à une issue favorable pour votre fils ?

Je suis plus qu’optimiste. Il n’y a aucun indice grave et compromettant.

Même s’il a été soupçonné d’avoir volé des munitions au commissariat de Dieuppeul ?

Il n’a jamais volé de munitions. Il ne s’est rendu dans ce commissariat qu’une seule fois. C’était pour déposer un courrier. Il n a jamais servi dans ce commissariat. C’est illogique qu’il puisse subtiliser des munitions là-bas.

Et si vous nous parliez un peu de son comportement au sein de la Police où il sert comme adjudant ? 

Il a le même comportement que les autres. Il est bien avec tout le monde. Il s’entend aussi bien avec ses ‘promotionnaires’ qu’avec ses supérieurs. Je prie Dieu et je m’incline devant la mémoire de Bassirou Faye. Il a été victime d’un lâche et rien ne justifie vraiment cet assassinat. La radio que l’assassin utilisait ce jour-là pour échanger avec ses supérieurs peut permettre de lever toutes les zones d’ombre. Ce n’est pas pour rien qu’il y a eu une levée de polémiques, depuis l’arrestation de Tombong et que Me Assane Dioma Ndiaye a introduit une plainte contre X.

Matel BOCOUM