Publié le 14 Jun 2021 - 14:46
NDINGLER

Les paysans menacent de retourner aux champs dès la première pluie

 

Le problème foncier entre les villages de Ndinglèr et de Djilakh, avec au cœur du litige Babacar Ngom de Sedima, est loin de connaitre son épilogue. Ce samedi, les habitants de Ndinglèr ont tenu une réunion publique pour annoncer que, dès la tombée de la première pluie, les cultivateurs iront aux champs, quoi que cela leur coûte.

 

Les habitants du village de Ndinglèr sont plus que jamais déterminés à retrouver leurs activités champêtres, malgré l’interdiction du préfet Mor Talla Tine qui a suspendu les activités agricoles sur le périmètre de 80 hectares contenu dans l’espace litigieux qui oppose les deux villages et le patron de Sedima.

Malick Dione : ‘’On n’attend pas l’année prochaine pour des négociations. Si la pluie tombait aujourd’hui, on se rendrait aux champs demain pour cultiver.’’ Revenant sur les faits qui ont conduit à cette suspension, l’habitant de Ndinglèr rappelle que c’est un problème qui date de 2012.

Toutefois, explique-t-il, ‘’lors des événements de l’année dernière, deux ministres (Aly N. Ndiaye et Abdou K. Fofana, NDLR) avaient fait le déplacement à Ndinglèr. Ils nous avaient dit d’exploiter nos champs pendant l’hivernage. Ce que nous avons fait et nous nous sommes retrouvés avec de bonnes récoltes cette année. Ensuite, les négociations devaient continuer. Et lorsque les populations sont allées reprendre le travail pour débroussailler et préparer la saison des pluies, il y a eu un incident entre elles et les hommes de Babacar Ngom. C’était six paysans qui avaient en face d’eux une quarantaine d’ouvriers de Babacar Ngom qui ont fait un blessé grave qui a été évacué à l’hôpital de Thiès.’’

D’après lui, ‘’le préfet a suspendu seulement 80 ha, alors que nous considérons qu’il devait le faire pour tout le titre foncier. Nous considérons donc que l’arrêté préfectoral est en faveur de Babacar Ngom qui continue d’exploiter les terres au détriment de la population’’, a-t-il déploré.

Dans le même sens, M. Dione ajoute que ‘’la réunion avec le préfet n’avait pas eu de sens. Il nous disait que si on ne pouvait pas avoir une alternative, il ne pourrait pas tenir la rencontre. Nous lui avons dit que nous n’en avions pas et nous lui avons rappelé que ce que nous disons, depuis des années, c’est de pouvoir entrer dans nos terres, cultiver pour nourrir nos familles. Comment pouvons-nous nourrir les enfants, si on ne cultive pas ? Voilà pourquoi il n’y a jusqu’à présent pas de négociations’’, explique-t-il.

Ablaye Dione, Jaraaf de Ndinglèr, renchérit : ‘’On est fatigué ; on n’a plus d’issue. L’année dernière, le sous-préfet de Sindia m’avait fait part de ses craintes qu’il y ait des affrontements ici. Je l’avais rassuré, en lui disant qu’il n’y en aurait pas, si chacun respectait la propriété de l'autre.’’  Ce qui fait dire à Malick Dione : ‘’La seule action que nous avons notée, c’est la suspension décidée par le préfet sur 80 hectares qui prive les populations de son exploitation. Au même moment, Babacar Ngom exploite une superficie qui dépasse 250 ha.’’

IDRISSA AMINATA NIANG 

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