Publié le 12 Dec 2017 - 20:06
NOMINATION DE SAIDOU NOUROU BA A LA TETE DU COMITE DE CONCERTATION SUR LE PROCESSUS ELECTORAL

L’opposition ‘’significative’’ reste dubitative

 

Le nouveau président du Comité de concertation sur le processus électoral, Saidou Nourou Ba, devrait être installé aujourd’hui. Cependant, malgré la nomination de  cette personnalité ‘’neutre’’, l’opposition dite significative qui, jusque-là, boycotte les concertations avec le gouvernement, reste dubitative sur le processus électoral.

 

Le pouvoir est-il en train de tendre la perche à l’opposition, dans le cadre des concertations sur le processus électoral ? Tout semble l’indiquer avec le dernier acte posé par le chef de l’Etat. En effet, à la place du ministre de l’Intérieur Aly Ngouille Ndiaye, le président de la République a choisi une personnalité ‘’neutre’’, en l’occurrence l’ancien ambassadeur Saidou Nourou Ba, pour présider le Comité de concertation du processus électoral. L’installation du consultant en relations internationales et en élections devrait d’ailleurs être effectuée aujourd’hui. Seulement, l’opposition dite ‘’significative’’ et qui avait décliné l’invitation du successeur d’Abdoulaye Daouda Diallo au lancement du dialogue politique, le 21 mai dernier, ‘’minimise’’ cet acte posé par le gouvernement. Le député du parti Rewmi, par ailleurs membre de la coalition Mankoo Taxawu Senegaal, pense d’ailleurs qu’il n’y a aucun changement.

 Selon Déthié Fall, le nouveau président n’a pas en charge l’organisation des élections qui reste entre les mains d’Aly Ngouille Ndiaye, membre du parti au pouvoir. ‘’Nous ne voulons pas d’une élection organisée par un militant de l’Alliance pour la République (Apr)’’, précise le vice-président de la formation  d’Idrissa Seck.

Le secrétaire national adjoint chargé des élections au Parti démocratique sénégalais (Pds) pense, pour sa part, qu’on ne peut pas juger a priori. Pour Maguette Sy, cette nomination ne veut rien dire. ‘’Ce qui importe, c’est la volonté politique qui sera posée par le président de la République. Nous ne changerons pas sur les points que nous avons soulevés dans notre livre blanc, à savoir, entre autres, l’audit du fichier, le statut de l’opposition et son chef, des dispositifs qui pourraient amener à améliorer le processus électoral et rendre plus transparent le vote des Sénégalais’’, a précisé le libéral. Ce dernier ajoute, en outre, ‘’qu’il est impensable, pour sa formation politique, de faire partie d’un atelier de travail qui cherche à cautionner un semblant de consensus et faire passer un coup d’Etat électoral’’. Et ceci, poursuit-il, quelle que soit la personne choisie.

Toutefois, il précise que les chefs des partis membres de la Coalition gagnante Wattu Senegaal vont se réunir aujourd’hui pour adopter une position.

 De son côté, le leader du Fsd/Bj, membre de la coalition dirigée par Khalifa Sall, estime que la crédibilité de la personnalité choisie ne pose pas problème. Cheikh Bamba Dièye, qui s’était fait représenter à la rencontre du 21 novembre dernier avant de la boycotter, pense que la priorité est ailleurs. Ainsi, il soulève les interrogations suivantes : ‘’Est-ce que le président de la République est prêt à regarder son opposition comme étant une concurrence républicaine et à lui donner l’entièreté de ses capacités pour pouvoir faire valoir son offre ? Est-ce que le chef de l’Etat peut s’engager à ce qu’aucun opposant ne se retrouve en prison avant l’élection présidentielle ? Est-ce qu’il s’engage à ce que la transparence et la régularité puissent revenir dans le processus électoral ? Est-ce qu’il est prêt à un audit profond sur les cartes d’identité ?’’ 

Problème de confiance

 Ainsi, de l’avis de Déthié Fall, il n’est pas question de participer aux concertations tant que, précise-t-il, ces questions ne sont pas résolues. Il pense d’ailleurs qu’il y a un problème de confiance entre le président Sall et l’opposition, d’autant plus que ‘’tous les engagements qu’il avait pris, lors de la rencontre du 1er décembre 2016 au palais, n’ont pas été respectés pour la plupart’’. ‘’Il faut qu’on nous traite comme de véritables partenaires. Si le premier dialogue n’a pas donné les fruits escomptés, sur quoi  va-t-on se baser pour dire que la nouvelle va porter ses fruits ?’’, s’interroge Cheikh Bamba Dièye ?   

HABIBATOU TRAORE

 

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