Publié le 14 Jan 2013 - 00:15
OUSMANE GANGUÉ, ARTISTE CHANTEUR SÉNÉGALO-MAURITANIEN

''Pape Diouf m'a convaincu de revenir''

 

''Définitivement'' rentré au bercail, l'artiste chanteur Sénégalo-mauritanien, Ousmane Gangué, a fait un tour dans les locaux d'EnQuête. Avec un album en préparation, Gangué compte ravir ses fidèles fans et en reconquérir d'autres.

 

 

Quelles sont exactement vos origines ?

 

Je suis Sénégalo-mauritanien. Je suis né en Mauritanie et j'ai grandi au Sénégal. C'est ici également que j'ai fait mes études. Ma mère est mauritanienne et mon papa est sénégalo-mauritanien. J'ai longtemps vécu en Mauritanie avant de décider d'aller m'installer à Paris. Là, je suis de retour pour rester en Afrique et travailler.

 

Pourquoi vous êtes-vous exilé au moment même où votre carrière prenait vraiment un envol ?

 

J'ai beaucoup voyagé et je me suis beaucoup produit à travers le monde et dans les cercles de la diaspora. Je ne voulais pas attendre d'atteindre un certain niveau ici et acquérir un succès pour aller explorer l'Europe. Non, je ne voulais pas de cela. Et même si j'étais absent du pays, mes fans avaient de mes nouvelles à travers les concerts que j'animais.

 

Pourquoi avoir choisi de rentrer maintenant ?

 

C'est mon ami, mon frère et jumeau, Pape Diouf qui m'a téléphoné un jour et on a discuté pendant deux heures. Il n'arrêtait pas de me demander de rentrer. Il m'a dit que si l'Europe était un avenir pour les artistes, les ''Grands'' allaient s'y établir. J'ai alors rendu ma carte de séjour. J'ai été marié en Europe et divorcé depuis. J'ai un enfant avec mon ex-femme. Je peux aller le voir quand je veux. Mais je ne vais plus rester en France. Je suis définitivement rentrer.

 

Beaucoup de Sénégalais vous ont découvert grâce à un duo avec Pape Diouf dont vous réclamez l'amitié. Qu'est-ce qui vous lie et depuis quand vous connaissez-vous ?

 

Pape Diouf ne fait rien sans me consulter. Il ne décide rien sans m'en parler avant. Son propre père lui a dit une fois : ''Tout ce que tu fais sans aviser Ousmane ne me ravira pas.'' Je suis au Sénégal depuis près de dix jours et je vis chez lui. Rien ne me manque chez lui. J'ai une fois entendu Youssou Ndour dire que quand un chanteur a peur de son collègue, c'est qu'il n'a pas confiance dans ce qu'il fait. On a une confiance mutuelle, Pape Diouf et moi sommes amis depuis 2000. On était ensemble à Jololi X-Band et on faisait des tournées avec Youssou Ndour.

 

Revenons à votre décision de vous installer à Paris. Cela vous a apparemment causé beaucoup de torts, la presse mauritanienne rapporte que votre public vous a tourné le dos ?

 

Les Wolofs disent que qui aiment ne reculent jamais. On ne peut pas dire qu'on aime quelqu'un et lui tourner le dos parce que c'est difficile. Même si je suis parti, j'ai encore mes fans en Mauritanie. Ils savent que je fais toujours de la musique et que j'innove. Ils ont de mes nouvelles et savent que je me produis. De la France où j'étais, j'organisais régulièrement des événements en Mauritanie. J'y ai fait venir le lutteur Baboye quand il était au sommet de sa carrière, de même que Kebs' Thiam (animatrice) afin qu'elle soit la MC (maîtresse de cérémonie) d'une grande manifestation. J'ai fait produire aussi Mbaye Dièye Faye en Mauritanie alors que je vivais en France.

 

Mais il se dit que Seydou Gaye vous a maintenant ravi la vedette et a même conquis vos fans. . .

 

(Il enlève ses lunettes de soleil) Un artiste doit avoir de l'ambition. Il doit voir loin et prétendre à plus. Là où est passé Seydou Gaye, j'y suis passé. Modestie mise à part, aucun artiste ne peut jouer autant que je l'ai fait en Mauritanie. Je dis bien aucun. J'ai animé énormément de soirées de mariage (Ndlr : c'est la principale activité rémunératrice pour les artistes mauritaniens). J'avais beaucoup de succès. A un moment, j'ai décidé d'arrêter, je voulais embrasser une carrière professionnelle, il me fallait dépasser ce stade. C'est quand j'ai arrêté que les Seydou et Hamady Gaye ont pris la relève pour animer les mariages chaque jeudi. Ils jouaient parce que moi je ne voulais me produire que dans les concerts ou les festivals. Les journalistes, on ne peut pas les empêcher de parler. Je suis parti me produire récemment en Côte d'Ivoire et des journalistes mauritaniens ont écrit que c'est parce que j'ai violé une femme que je suis parti me réfugier là-bas. Ce qui est archi-faux. C'est vrai que c'est la presse mais pour vendre des journaux, il ne faut pas ternir l'image des gens. La musique est large, chacun peut s'en sortir. Il n'y a que trois sortes d'artistes à travers le monde : ceux qui travaillent dur pour avoir du succès, ceux qui sont pistonnés pour arriver à un certain niveau et ceux qui sont naturellement aimé. Le dernier est le béni.

 

Et vous vous identifiez au troisième...

 

Non, je ne dirais pas mais je sais que je suis un artiste plein. Dans la musique, on ne peut pas dire qu'untel a pris la place d'un autre. C'est impossible.

 

Pourquoi alors Seydou arrive à remplir une salle quand vous peinez à le faire ?

 

(Sourire) Heureusement que je suis venu avec mon claviste. Je jure sur le Prophète (PSL) que le jour de la Tabaski, quand je me produisais en même temps que Seydou, ma salle était pleine à craquer. A 1h 30 minutes, la soiré de Seydou était terminée alors que mois je n'avais pas encore démarré. Les gens étaient obligés de venir à ma soirée. Le pire chez un artiste est de soutenir qu'on est le meilleur chanteur. Au Sénégal quelqu'un l'a fait, cela lui gâche beaucoup de choses.

 

Vous faites allusion à Mame Goor Jazaka ?

 

Bon, je ne sais pas...

 

Il est le seul à avoir dit cela...

 

Je ne sais vraiment pas. Tout ce que je sais, c'est que je ne vais pas être au Sénégal pour dire que je suis meilleur que les Seydou, Ceedel ou Hamady. J'ai beaucoup de respect pour eux. Ils sont de jeunes talents. Ils ne sont pas mes concurrents.

 

Donc vous n'êtes pas l'égal de Seydou Gaye ?

 

Je ne suis pas son égal, on ne boxe pas sur le même ring. Seydou a commencé hier. Je sais que tu t'es bien documentée mai je suis là avec mes réponses. Moi, j'ai commencé à faire de la musique avant Seydou. (Il s'énerve) Je ne sais pas tout ce que la presse mauritanienne raconte sur moi mais je ne me mets pas n'importe où, je suis rare en Mauritanie et je ne traîne pas n'importe où.

 

Pourquoi vous faite vous rare en Mauritanie ?

 

Pour vous dire vrai, la Mauritanie est un pays où la musique n'est pas très bien exploitée. J'ai de la famille, je prends de l'âge. Je ne suis pas un lutteur pour gagner des millions. Je n'ai que la musique pour vivre. Je vieillis d'année en année. Je ne peux rester les mains croisées dans un pays où je ne pourrais pas remplir mon compte en banque. Émigrer m'a permis de réaliser un album dance avec des blancs. Il va sortir sur le plan international. Si j'étais resté en Mauritanie, je n'allais pas pouvoir le faire tout comme les tournées internationales. Je suis le seul artiste à avoir tellement joué et tourné en Mauritanie qu'on m'a intimé l'ordre d'arrêter parce que j'ai trop tourné. Mais c'était à une échelle inférieure. Je ne marche pas, vous pouvez le dire : je conduis des 4x4, j'ai une belle maison en Mauritanie, je m'habille bien. Je ne le dis pas pour me vanter mais vous montrer que suis encore à l'ordre du jour. Au Sénégal, il y a un artiste qui a plein de matériels de sonos. Les Sénégalais disent que ce n'est pas grâce à la chanson qu'il a eu tout cela puisqu'il ne sait pas chanter. Ils tournent sur l'international.

 

Vous voulez parler de Sidy Samb ?

 

C'est vous qui l'avez dit, pas moi. S'il a autant investi, c'est parce qu'il est riche.

 

Cela vous fait-il mal qu'on dise que Seydou Gaye est meilleur que vous ?

 

Non, cela ne me fait pas mal.

 

Lors de la dernière édition du festival ''Les blues du fleuve'' (tenue du 6 au 9 décembre 2012), quand on vous a annoncé, les gens sont rentrés. Comment l'expliquez-vous ?

 

Vous y étiez... quand on m'a annoncé, il faisait 5h 30 minutes. Il faisait très froid. J'avais même demandé à Baaba Maal d'attendre le lendemain pour me produire. J'étais déjà rentré quand on m'annonçait. Quel que soit le degré d'amour qu'on a pour un artiste, on ne peut l'attendre jusqu'à une certaine heure avec le temps qu'il faisait. Je ne peux accepter que le public mauritanien m'a tourné le dos. Mes concerts sont tout le temps remplis.

 

A quand votre prochain album sur le plan national ?

 

Je suis maintenant établi entre le Sénégal et la Mauritanie. Cela va être une surprise.

 

BIGUÉ BOB

 

 

 

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