‘’Le marché du Cap-Vert appartient au Sénégal’’

Expert en développement dans la zone 1 CEDEAO, Papa Oumar Diop a une grande motivation pour servir le Cap-Vert à partir du Sénégal. Se désolant de l'état des échanges entre les deux pays, il se bat depuis des années pour que cela change à travers l’installation d’une liaison maritime ‘’durable et rentable’’. Pour cela, il faut, selon lui, intégrer la Gambie. D'après M. Diop, l’archipel importe 95 % de ses produits à partir du Brésil, de l’Europe et des États-Unis, alors qu’il faut moins 21 jours pour arriver au pays de José Maria Névés (par bateau). Dans cet entretien accordé à "EnQuête’’, entre autres, il retrace son parcours, sur l’importance de ce projet et les difficultés rencontrées ainsi que les points d’avancement.
Monsieur Papa Oumar Diop, vous êtes un expert en développement dans la zone CEDEAO. Pouvez-vous nous présenter votre parcours ?
Oui, depuis près de 20 ans, je suis actif, plus précisément, dans la zone 1 de la CEDEAO que composent le Sénégal, le Cap-Vert, et la Gambie. Ma formation de base, c’est le marketing. J’ai eu mon Brevet de technicien supérieur en marketing (BTS) avec Educatel à travers des cours par correspondance. Mais il y a aussi une grâce divine accolée à ce diplôme : c’est la créativité, l’innovation, la résilience et la patience indispensables pour suivre une initiative, du stade projet jusqu’à sa matérialisation et son exploitation opérationnelle. Et aussi, le fait de savoir ‘’le pourquoi’’ je m’investis dans l’installation d’une liaison maritime durable et rentable entre le Cap-Vert et le Sénégal m’a, tout au long du difficile parcours, montré ‘’le comment’’ accomplir la suite. Souvent, des projets ont été usurpés et n’ont jamais vu le jour pour durer (...).
Au Sénégal, entre autres, j’ai initié une formule pour promouvoir la performance des Lions qualifiés à la Coupe du monde et à la Can (génération El Hadj Diouf, Aliou Cissé, etc.) avec la photo buste de chaque joueur au recto d’une boîte d’allumettes, au verso le visuel du produit d’un annonceur.
Cette formule avait pour objectif de relancer la fabrique d’allumettes au Sénégal qui allait fermer à cause de la fraude. C’est ce projet qui a amené Pamodzi de Pape Massata Diack au Sénégal. J’ai été un des animateurs de la campagne nationale de lutte contre la fraude sur les allumettes, les piles, la tomate, les tissus, financée par la Banque mondiale.
Dans cette campagne, j’avais impliqué des écoles de formation professionnelle et technique comme le groupe scolaire Carter pour que les élèves, prochains opérateurs dans l’écosystème économique, soient au fait de ce qui se passe dedans pendant leur formation. J’ai vendu et promu le combat Tyson-Manga 2 à tout annonceur pour avoir une visibilité publicitaire dans le stade LSS. Pour l’ANPS (Association nationale de la presse sportive), je leur ai monté, clef en main, le gala du ‘’Meilleur sportif sénégalais du siècle’’ qui a vu Dia Ba être primé. Pour le Meeting d’athlétisme de Dakar organisé par le CIO, j’ai rempli le stade LSS avec plus de 30 000 élèves des écoles partenaires dans un de mes brevets dénommé ‘’Cartavantage’’.
Pour le Cices, j’ai apporté beaucoup d’idées innovantes pour que chaque édition de la foire ait un cachet particulier. Aujourd’hui, une innovation est toujours appliquée, c’est celle qui choisit un pays comme ‘’Invité d’honneur’’ pour chaque édition.
D’ailleurs, le Cap-Vert a été le premier pays à être invité d’honneur ! C’est l’actuel président qui était venu comme Premier ministre accompagné du ministre du Commerce et Tourisme Humberto Brito. Mon objectif, à terme, est de travailler à ce qu’il y ait une liaison maritime durable et rentable entre le Sénégal et le Cap-Vert.
Pour la Gambie, j’ai promu le positionnement de beaucoup de produits sénégalais sur son marché. J’ai utilisé diverses sortes de supports promotionnels comme le gala de lutte Tyson-Fadam organisé par la télévision gambienne (GRTS). J’ai vendu les panneaux publicitaires dans le stade à tout annonceur qui voulait avoir sa visibilité dans l’Independence Stadium. J’ai promu la destination New York pour la représentation d’Air Afrique en Gambie. Cette représentation marchait tellement fort qu’elle envoyait des devises à Abidjan pour compléter des salaires. Elle a fermé simplement parce qu’elle faisait partie d’un groupe. Connaissant bien les marchés gambien, sénégalais et capverdien, il m’était facile d’initier des offres mutualisées pour satisfaire ces besoins exprimés, de part et d’autre, dans cette zone 1 de la CEDEAO.
Pour le Cap-Vert, j’ai toujours eu cet archipel en mire pour son développement socioéconomique à partir du Sénégal. J’ai toujours eu la conviction que le marché capverdien appartient au Sénégal. Je dois relever que, du côté maternel, ma grand-mère est originaire de là-bas, d’une ville qui s’appelle Santa Catarina.
D’emblée, vous remarquerez que je m’investis avec résilience dans cette initiative de lier le Cap-Vert au Sénégal par devoir moral, avant tout. Ma grand-mère m’avait raconté les conséquences d’une famine qui s’est installée au pays dans les années 30, au point que plusieurs Capverdiens avaient pris la décision de quitter l’archipel par bateau pour le Sénégal. L’image que j’ai gardée de cette histoire a beaucoup motivé ma décision de travailler à servir le Cap-Vert à partir du Sénégal et de la Gambie, entre autres, pour que l’archipel ne manque plus de rien.
Depuis 1994, année où je me suis rendu pour la première fois au Cap-Vert au retour de la visite officielle du président Abdou Diouf, jusqu’au régime du président Macky Sall, cette motivation de servir ce pays à partir du Sénégal était un besoin exprimé par les chefs d’État du Cap-Vert chaque fois qu’un président du Sénégal se rendait en visite officielle à Praia. Tout récemment encore, le président José Maria Névés a exprimé ce besoin de liaison maritime à SEM Bassirou Diomaye Faye lors de sa visite officielle au Cap-Vert juste après son élection et pendant son escale à Dakar en partance pour la réunion du CPLP à Bissau.
Quel était l'état de la coopération entre le Sénégal et le Cap-Vert, il y a 15 ans, lorsque vous avez commencé à travailler sur ce dossier ? Quels étaient les principaux freins à l'époque ?
Juste après son indépendance, il y a un traité d'amitié et de coopération signé entre le Sénégal et le Cap-Vert en 1976. Au fil des ans, les deux pays ont signé un total de 59 instruments de coopération dans différents domaines, tels le transport aérien, le transport maritime, la migration, la santé, l'éducation, la culture, la délimitation de la frontière maritime, la pêche, le commerce.
Malgré ce grand nombre d'instruments de coopération signés depuis 50 ans, l'état des échanges entre les deux pays n'était pas très développé par manque de bateau qui lie le Cap- Vert au continent.
Sur le plan aérien, la TACV ne dessert plus le Sénégal. Nous avons deux compagnies, dont Air Sénégal sur cette ligne. Sur le plan culturel, il y a lieu de renforcer le festival de San Juan. Sur le plan de la santé, notre plateau médical peut être développé afin que la majorité des Capverdiens choisissent de venir se soigner ici.
Pour installer et lancer les échanges commerciaux, le président Abdou Diouf, au retour de sa visite officielle au Cap-Vert en 1994, nous avait instruits d’aller rencontrer les opérateurs économiques capverdiens pour établir des échanges commerciaux. Nous étions 30 chefs d'entreprise et représentants de sociétés dans un avion affrété spécialement pour cette mission. Au retour de cette mission, il y a eu parmi nous qui ont décroché des commandes fermes et irrévocables, mais il n'y avait pas de bateau pour les acheminer au Cap-Vert. J'ai compris que pour matérialiser ces accords signés dans le cadre bilatéral et approfondir l'amitié entre les deux peuples et pays, il faut un bateau. Impérativement !
Quelles ont été les difficultés majeures qui ont ralenti sa mise en œuvre ?
C’est le manque de bateau qui a été la difficulté majeure. Mais je décrirais la solution trouvée par la grâce divine et ma connaissance de la configuration de ces trois pays de la zone 1 CEDEAO, solution pour contourner la difficulté majeure qui ralentissait sa mise en œuvre.
Des initiatives sporadiques ont été prises par des armateurs pour mettre un bateau en ligne, mais la difficulté est que le coût d’exploitation est élevé. Parce que le bateau peut partir de Dakar avec des produits, mais il n’y avait rien à rapporter du Cap-Vert. Donc, le prix du fret était très élevé pour cette zone économique.
C’est à ce niveau que la grâce divine m’a donné à discerner, connaissant bien le marché gambien et ses besoins, que l’on peut exporter du basalte du Cap-Vert vers la Gambie ! C’était la solution pour réduire le coût d’exploitation d’un bateau entre le Sénégal et le Cap-Vert.
Dorénavant, il faut y impliquer la Gambie, comme dans un commerce triangulaire. De 2010 à 2012, je me suis investi à ce que le basalte du Cap-Vert soit homologué par la Gambie. Sur fonds propres, j’ai effectué des voyages d’études et de travail entre le Cap-Vert, le Sénégal et la Gambie. Le besoin en basalte était tellement grand en Gambie, qu’il est arrivé un moment, dans mes démarches, que le président Yahya Jammeh lui-même s’est approprié de suivre de près l’initiative à travers le secrétaire général de State House qui était, en même temps, le minister of Works, Constructions and Infrastructures (MOWCI). Sur demande, les services secrets de la National Intelligence Agency (NAI) m’ont ‘’scanné’’ pour s’assurer de la véracité et du sérieux de cette initiative nouvelle, jamais pensée auparavant. Après le ‘’scanning’’, tout était ‘’clean’’, comme ils disent. Cela m’a ouvert une porte. Sur ma proposition, l’État gambien m’a recommandé, par courrier venant du MOWCI, un Senior Ingénieur et le Directeur de National Road Authority (NRA) pour aller au Cap-Vert visiter des carrières et voir la quantité de basalte qui s’y trouve. J’ai financé les trois billets d’avion (Banjul - Dakar - Praia A/R) et notre séjour à Praia. Nous sommes rentrés avec des échantillons de basalte à tester dans leur laboratoire en Gambie et confronter les résultats d’analyse avec ceux que les carrières au Cap-Vert nous ont fournis.
Les résultats étaient plus que satisfaisants. Ce basalte du Cap-Vert était meilleur que celui du Sénégal, à cause de sa configuration d’archipel à ciel ouvert, soumis aux effets de l’air, de la mer, du soleil et de l’eau de pluie sur ces pierres. Avec mon encadrement, un Gambien qui importait à partir du Sénégal par camion a amené un bateau avec 3 500 t de basalte. Après ce chargement, le Gambien décède. Pour la continuité de l’importation du basalte, on me présente Adama Barrow, l’actuel président de la Gambie. Il était propriétaire et directeur d’une société immobilière qui achète des terrains, y construit des habitations à vendre ou à louer. Il était intéressé pour reprendre l’importation, mais, pour des raisons de remous internes en prélude aux élections, il n’y a pas eu de suite.
Aujourd’hui, qu’il est président, la Gambie se développe en infrastructures routières, en ponts, en immeubles et autres investissements immobiliers, grâce au basalte du Cap-Vert.
Comment les changements de gouvernance (au Sénégal) dans les deux pays ont-ils affecté l'avancement du projet ? Y a-t-il eu des moments où la coopération a été mise entre parenthèses ?
Avec le régime de Me Abdoulaye Wade et celui de SEM Macky Sall, je n’ai pas eu une oreille attentive pour leur donner la solution et solliciter un soutien pour parachever ce qui contribue à installer une liaison maritime durable et rentable entre le Sénégal et le Cap-Vert, seul gage pour matérialiser les accords signés.
Je vous disais tantôt que des projets ont été usurpés et n’ont jamais vu le jour. Par exemple, avec le changement de gouvernance, le régime de Macky Sall a usurpé un dossier technique de faisabilité sur la liaison maritime Sénégal – Cap-Vert - Gambie introduit à la présidence, à la primature et à l’Assemblée nationale. Des agents autour de SEM Macky Sall ont changé l’en-tête d’agence du dossier sur la liaison maritime et ont amené le président Macky Sall au Cap-Vert en visite officielle pour la mise en route de cette liaison.
Dès son arrivée à Praia et après l’installation du président Macky Sall, le président Jorges Carlos Fonseca, qui me connaît grâce à cette initiative, dit à sa directrice de cabinet de m’appeler pour m’aviser que le président Macky Sall est bien arrivé. C’était un dimanche du mois de février 2014. Elle me dit que le président était en visite privée du dimanche au jeudi. Qu’il y aura une délégation qui va le rejoindre à Praia le mercredi pour dérouler la visite officielle, avec lui, jeudi, vendredi et samedi. J’ai suivi, le samedi, la lecture du communiqué conjoint. Dans celui-ci, ils prévoyaient de mettre la liaison dans les six mois à venir, alors que notre dossier parlait d’une mise en ligne immédiate. Pour le président Jorges Carlos Fonseca et sa directrice de cabinet, je serais de la délégation qui allait retrouver le président Macky Sall à Praia le mercredi. La raison de cette mission n’a jamais aboutie et, à ce jour, je cherche à connaître les usurpateurs qui ont menti au président Macky Sall.
C’est un des moments où la coopération a été mise entre parenthèses pour des raisons égoïstes. Or, cette initiative demande à être généreux avant tout. C’est en donnant que l’on reçoit.
En escale à Dakar, le président du Cap-Vert, José Maria Névés, a été reçu récemment par le président Bassirou Diomaye Faye. Cette rencontre a permis de faire le point sur la coopération bilatérale. Le chef de l'État sénégalais avait d'ailleurs pris part aux célébrations du 50e anniversaire de l'indépendance du Cap-Vert. Que pouvez-vous nous dire de la relance de la coopération entre les deux pays ?
Je suis expert en développement. On ne développe pas dans le mensonge ni dans la tortuosité. Le fait que SEM Bassirou Diomaye Faye se rend en Gambie et au Cap-Vert juste après son élection, a installé en moi la conviction que la relance de la coopération entre les deux pays et la liaison maritime verront le jour sous son mandat. Il est facile de discerner entre celui qui se lève pour servir et celui qui se lève pour se servir. Je le dis en tant que technicien, mais aussi, en tant que croyant, parce que, pour moi, travailler à mettre à l’aise l’homme, créature divine la plus aimée en réduisant le coût de la vie au Cap-Vert en faveur de nos frères et sœurs capverdiens et faire en sorte que rien ne leur manque qui puisse créer une famine, est une forme d’adorer notre créateur.
L’archipel importe 95 % de ses produits à partir du Brésil, de l’Europe et des États-Unis. Il faut à un bateau pas moins de 21 jours pour arriver au Cap-Vert. Vingt et un jours de bateau, c’est un coût de fret ! Ce coût ajouté au prix de revient du produit fait que le produit arrive au stade consommateur très cher. C’est ce qui explique le coût de la vie excessivement élevé au Cap-Vert et leur parité de monnaie élevée.
Maintenant, imaginez que la liaison s’installe entre le Sénégal et le Cap-Vert, il n’y aura que deux jours de bateau à payer pour le fret ! Dix fois moins cher qu’un produit venant du Brésil, de l’Europe ou des États-Unis !
Le prix de deux jours de fret ajouté au prix de revient d’un produit fait que le produit arrivera au stade consommateur beaucoup moins cher.
C’est ce plaidoyer que j’ai rappelé au nouveau ministre capverdien de la Promotion des investissements tout récemment lors de la rencontre avec les opérateurs économiques capverdiens organisée par la Câmara Comercio de Sotavento le 22 juillet à Praia.
Aucun lobby portugais, brésilien rencontré sur mon chemin n’a pu bloquer, à quelque niveau d’État, l’aboutissement de notre initiative. Mais celle-ci imposera une loi de marché dans l’offre et la demande en faveur du Sénégal que personne ne pourra arrêter. La soutenir pour créer des emplois, de la richesse reste la seule obligation que chacun doit avoir.
Quels sont, selon vous, les principaux secteurs d'opportunités pour cette coopération aujourd'hui ?
Le Sénégal, ses jeunes et femmes entreprenants peuvent capter plus de 1 milliard d’euros que le Cap-Vert investit pour payer les 95% de ses besoins importés du Brésil, des États-Unis ou de l’Europe.
Avec la Câmara Comercio de Sotavento, nous avons recensé plus de 60 produits exportables à partir du Sénégal de plusieurs secteurs d'opportunités.
Le Cap-Vert dispose d’une industrie touristique très bien structurée et normée en qualité. Je ne peux pas lister ici tous les 64 produits, mais, quand on parle de Tourisme, on mange et on boit frais, et au Cap-Vert, un dessert est servi après chaque repas, du petit déjeuner au dîner.
Un touriste européen, américain ou autre, laissera-t-il les Coca-Cola chez lui pour le retrouver au Cap-Vert alors que nous pouvons leur offrir nos jus exotiques à base de fruits frais et variés ? Le touriste peut payer un verre de jus de fruits à 2 euros au moins.
Nos fruits peuvent avoir un grand succès là-bas ainsi que nos légumes, riz, etc.
Pour le domaine de la construction, nous leur fournissons en ciment et matériaux de construction.
Ce n’est que deux exemples de secteurs que je briefe, mais le marché du Cap-Vert appartient au Sénégal, c’est cela la vérité. Allons prendre ce qui nous appartient !
Vous avez rencontré le président Névés un mercredi à Dakar et vous étiez déjà au Cap-Vert le lendemain. Qu'est-ce qui explique une telle rapidité d'exécution ?
Quand Dieu fait les choses, Il les fait bien, avec harmonie ! C’est tombé. En réalité, j’avais déjà booké mon billet pour le Cap-Vert depuis le 5 juillet pour partir le jeudi 17 pour une réunion déjà retenue pour le vendredi avec une Société qui a exporté récemment 20 000 t de basalte en Gambie. Mais, comme d’habitude pour chaque président de passage au Sénégal, le président José Maria Névés a rencontré la communauté capverdienne au Sénégal à la résidence.
J’ai pu le voir rapidement et convenu de nous rencontrer à Praia. Mais, la perte subite de sa maman l’a ramené de Bissau à Praia et changé les prévisions. Donc, je n’ai pas encore eu l’occasion de lui donner les dernières nouvelles autour du niveau de Coopération que nous sommes en train de dérouler.
Vous avez une relation de longue date avec le président Névés, depuis l'époque où il était Premier ministre. En quoi cette relation personnelle a-t-elle été un atout pour faire avancer le projet ?
Au temps où le président José Maria Névés était Premier ministre, j’avais l’ambition autour de l’installation d’une liaison maritime, mais je n’avais pas encore l’idée que le basalte capverdien était la solution pour qu’un bateau descende plein pour la Gambie.
C’est le président Jorges Carlos Fonseca qui était au pouvoir en ces temps. Mais, avec le régime de SEM Macky Sall, cela n’a pas abouti pour des raisons que j’ai exposées plus haut.
Après 15 ans de travail sur ce dossier, quel est votre plus grand moment de satisfaction et votre plus grande déception ?
J’ai eu deux plus grands moments de satisfaction !
L’un, c’est quand l’idée m’est venue par la grâce divine que le basalte du Cap-Vert est la solution qui résout les blocages autour de l’installation d’une liaison maritime Sénégal – Cap-Vert – Gambie.
L’autre moment de satisfaction que j’ai eu, c’est quand le président Diomaye a honoré la Gambie et le Cap-Vert par ses premières visites officielles. Il l’a fait pour moi qui suis resté, patiemment, à travailler au renforcement des relations multilatérales dans cette zone 1 CEDEAO. La démarche du président à l’entame de son mandat reflète le sérieux avec lequel j’ai choisi de m’investir en Gambie et au Cap-Vert.
Quel est le principal enseignement que vous tirez de cette longue expérience sur un projet de coopération régionale ?
Le principal enseignement que je tire de cette longue expérience sur un projet de coopération régionale est que cela demande de la patience, de la résilience et de garder la Foi que cela ira toujours vers le meilleur. La volonté politique est réelle ! Et ce qui permet de garder cette Foi intacte malgré la longueur du temps, c’est d’en faire un instrument pour servir son prochain, nos frères et sœurs au Sénégal, au Cap-Vert et en Gambie.
Aujourd'hui, avec la nouvelle dynamique, quels sont les chantiers prioritaires que les deux pays doivent mettre en œuvre pour que la coopération soit un succès durable ?
Le premier chantier est d’installer une bonne politique maritime.
Malheureusement, la Cosama n’a pas suivi mon conseil et a perdu sa position de pouvoir être leader sur cette ligne en faveur d’un autre armateur qui n’est même pas capverdien.
Nous pouvons rattraper ce gap, mais il faut l’appui des plus hautes autorités du Sénégal. Pour le second chantier prioritaire à mettre sur pied qui contribue à pérenniser cette coopération, je réserve la primeur de restitution au président Diomaye tout comme je l’ai promis au président José Maria Névés. Leur appréciation permettra de rendre public cet instrument de coopération.
Quel est votre message aux décideurs politiques, aux entreprises et aux citoyens des deux pays pour qu'ils s'approprient cette relance de la coopération ?
Je vous parlais plus haut de la créativité, d’innovation. Il faut ces qualités pour matérialiser le Sénégal du futur, au-delà de 2050 ! Aux décideurs politiques, je souhaiterais bien rencontrer le président Bassirou Diomaye Faye et/ou le Premier ministre Ousmane Sonko et leur présenter le dernier puzzle de cette initiative et sa place dans le Plan Sénégal 2050, ses possibles apports financiers, d’emplois et de valeur ajoutée.
Aux Sociétés de la place, nous leur ouvrons un marché nouveau qu’est l’archipel du Cap-Vert avec l’ambition qu’elles le fournissent durablement en produits frais aux normes internationales. Il y aura une campagne de Communication pour informer nos opérateurs afin de se rapprocher de nos services pour ce faire.
BABACAR SY SEYE