Publié le 24 Sep 2015 - 02:19
PROCES DE HISSEIN HABRE

Bandjim Bandoum enfonce Habré et mouille Déby

 

Après les témoins de contexte, hier, c’est un témoin ‘’direct’’ qui a comparu à la barre de la Chambre d’assises des Chambres africaines extraordinaires, dans le cadre du procès de Hissein Habré. Bandjim Bandoum, ex-agent de la DDS, a enfoncé l’ex-Président tchadien, tout en mouillant son successeur Idriss Déby.

 

Jusque-là, les témoignages, dans le cadre du procès de Hissein Habré, ont tourné autour du contexte. Mais hier, un des acteurs et victimes de la répression était à la barre des Chambres d’assises des Chambres africaines extraordinaires. Il s’agit de Bandjim Bandoum, ex-chef de service à la Direction de la documentation et de la sécurité (DDS) considérée comme la police politique de Hissein Habré. ‘’Si j’ai accepté de témoigner, c’est parce que ce que j’ai vu et à quoi j’ai assisté a troublé ma conscience.

Je l’ai fait aussi pour moi-même, mes parents, pour mon fils’’, a d’emblée précisé l’ex-officier de la gendarmerie tchadienne en exil en France. Pour justifier sa décision de témoigner, il a expliqué que son fils, qui avait 14 ans à l’époque, l’avait interpellé en lui demandant s’il avait tué des gens lorsqu’il était à la DDS. ‘’Je ne pouvais pas répondre à cet enfant dont la maman a été blessée par balle. Il avait 14 ans. Je lui ai dit : si un jour il y a procès, je témoignerai et tu sauras ce que j’avais fait’’, a poursuivi le témoin. Aussi a-t-il regretté que le procès ne puisse pas être diffusé pour que son fils, empêché, puisse suivre son témoignage.

Cela n’empêche qu’il ait tenu à préciser qu’il n’a pas été tortionnaire à la DDS, même si son nom figure sur la liste des tortionnaires de la DDS dressée par la ‘’Commission nationale d’enquête sur les crimes et détournements commis par Hissein Habré, de 1982 à 1990’’. ‘’En ce qui me concerne, je n’ai jamais tué ou torturé personne. J’ai juste procédé à des arrestations’’, a-t-il juré. Même s’il n’a jamais torturé, l’ex-agent a révélé avoir ‘’beaucoup vu’’, alors qu’il était secrétaire à la Brigade spéciale d’intervention rapide (BSIR) devenue finalement, selon lui, ‘’le bras armé de la DDS’’.

Parce que non seulement la DDS s’appuyait sur la BSIR pour procéder à des arrestations, mais également, les milices de l’UNIR (Union nationale pour l'Indépendance et la Révolution, parti du président Habré) y déféraient des personnes qu’ils arrêtaient. Les conditions de détention étaient loin d’être enviables. ‘’La situation des prisonniers étaient épouvantables. Les locaux étaient insalubres. Les gens peinaient à dormir’’, a narré M. Bandjim qui lui aussi a été incarcéré pendant six mois, en 1989. Sur les motifs de son arrestation, le témoin a été très ambigu, comme sur tant d’autres questions liées à son rôle à la DDS.

‘’E, L ou V qui signifient Exécuter, Libérer ou Vu’’

Toujours est-il que, selon ses éclairages, la situation était pire pour les détenus logés à la Cellule C réservée aux personnes présentées comme ‘’dangereuses’’. Sans préciser en quoi ces personnes étaient considérées comme des dangers, l’ex-agent de la DDS a révélé que ‘’toute personne enfermée dans la cellule C ne sortait plus et était tuée’’. A titre d’exemple, il a cité le cas de Rose, la seule femme détenue à la fameuse cellule et décédée finalement au cours de son incarcération. Tout en confirmant la répression contre les groupes ethniques, il a indiqué l’existence d’une commission spéciale pour leur audition. Quid de la responsabilité de l’accusé dans ces faits imputés à la DDS ? L’ancien chef de service n’y est pas allé par quatre chemins pour désigner le Président Hissein Habré, comme le commanditaire de ces morts et arrestations.

Le témoin a déclaré que Saleh Younouss, directeur de la DDS, envoyait des fiches à ‘’son Excellence le président de la République’’, à chaque fois qu’il dressait des procès-verbaux. A l’en croire, les fiches revenaient avec des annotations : ‘’E, L ou V qui signifient Exécuter, Libérer ou Vu’’. Bandoum est persuadé que la DDS était sous la responsabilité de Hissein Habré. ‘’Il n’y avait pas d’intermédiaire. Selon moi, Habré était au courant de tout ce qui s’y passait. Il appelait Saleh Younouss au téléphone pour se renseigner sur la situation des prisonniers’’, a-t-il affirmé. Aussi, a-t-il confirmé que les agents étaient nommés par Hissein Habré, puisqu’il a été nommé chef de service adjoint par décret présidentiel.

Septembre 1984 ou ‘’Septembre noir’’

Par ailleurs, celui qui fut un acteur des négociations avec les rebelles du Sud du Tchad est revenu largement sur la répression subie par les populations de cette localité, surtout en septembre 1984. D’après son témoignage, l’actuel Président tchadien, Idriss Déby, est à l’origine de cette répression appelée ‘’Septembre noir’’. Après un mois d’intenses négociations, la délégation gouvernementale était parvenue à un accord avec plusieurs groupes rebelles qui attendaient leur réintégration dans les Forces armées nationales tchadiennes (FANT). C’est dans ce contexte qu’Idriss Déby a été envoyé, en tant que Commandant en chef des armées, pour régler la question militaire. ‘’Le Com-Chef, l’actuel Président, devait prendre les choses en main. Les codos voulaient un respect des accords. On leur a demandé de venir à Déli pour récupérer leur salaire, mais un détachement de l’armée a tiré sur eux avec leurs familles. Ils sont repartis en brousse et c’est ainsi que ‘’Septembre noir a démarré’’, a expliqué M. Bandjim, tout en précisant qu’il y a pas eu de réaction de l’autorité civile et militaire.

Le témoin est revenu également sur les massacres commis dans plusieurs autres localités, comme à Ngalou où beaucoup de villageois ont été massacrés, alors qu’ils étaient à l’église. A Sara, plusieurs cadres ont été massacrés. Tous figuraient sur des listes que les Codos avaient remises au gouvernement en vue de leur recrutement. En somme, selon le témoin, ce sont de véritables razzias que les militaires ont menées dans le Sud. ’’Quand les militaires arrivaient dans un village, ils tuaient et brûlaient tout. Ceux qui n’étaient pas tués étaient arrêtés’’, a déclaré Bandjim Bandoum. Il a laissé entendre que les militaires avaient la bénédiction du gouvernement. L’ex-agent de la DDS poursuit son témoignage aujourd’hui.

FATOU SY

 

Section: 
NOUVELLE SAISIE DE DROGUE PAR LA DOUANE À KOLDA : 108,7 kg de cocaïne trouvés dans un pneu de secours
ROUND-UP GEOPOLITIQUE : Trois semaines de tensions intercoréennes
REMISE DE 450 TABLES-BANCS À L’IEF DE KOLDA : La mairie offre 450 tables-bancs aux écoles de la commune
VOL DE POULETS : Deux employés de la Sedima écopent d’un mois ferme
SOCIÉTÉ DAKAR DEM DIKK - DÉPART POUR LA TABASKI : Déficit de conducteurs, de bagagistes et rupture de tickets
SANTÉ PUBLIQUE ET ANIMALE AU SÉNÉGAL : L’ambassadeur des USA lance le programme ‘’One Risk’’
SAINT-LOUIS : JOURNÉE MONDIALE DU DONNEUR DE SANG : Les populations invitées à participer davantage au don de sang
LANCEMENT DU PREMIER SATELLITE SÉNÉGALAIS GAINDÉSAT-1A EN JUILLET 2024 : Le Sénégal à la conquête de l’espace
RÉSOLUTION AFFAIRE NDENGLÉR : Sonko reçoit une délégation de villageois
DON DE 160 MOUTONS AUX MILITAIRES INVALIDES : L’Etat-major Général des armées solidaires aux blessés de guerre
GUERRE DU MANGANÈSE : Les non-dits d’une sale affaire
SAINT-LOUIS : BAISSE DES PRIX DE DENRÉES ALIMENTAIRES : Une mesure diversement appréciée à Ndar
BAISSE DES PRIX DE PRODUITS DE GRANDE CONSOMMATION : Les Ziguinchorois attendent que la mesure soit effective
TABASKI À THIÈS – FLAMBÉE DU PRIX DU MOUTON : Les vendeurs se défaussent sur la cherté de l'aliment de bétail
LUTTE CONTRE LA PIRATERIE MARITIME, LE TERRORISME MARITIME ET LE TRAFIC DE MIGRANTS : Vers la mise en place d'un Conseil national consultatif
POUR AVOIR TENTÉ D’AGRESSER UNE FEMME DE MÉNAGE : Un ‘’bongoman’’ condamné à deux ans de prison, dont un an ferme
Diomaye à Freetown
SOUTIEN À LA PALESTINE : Le président Diomaye Faye prié d’expulser l’ambassadeur d’Israël au Sénégal
REMISE DE 450 TABLES-BANCS À L’IEF DE KOLDA : La mairie offre 450 tables-bancs aux écoles de la commune
THIÈS – PARCELLES DE MBOUR 4 ET DE LA NOUVELLE VILLE DE THIÈS : Le mouvement And Sopi Thiès en croisade pour une distribution équitable