Publié le 26 Oct 2017 - 13:01
PROFIL AITA SENGHOR (CHANTEUSE)

De la poésie wolof au chant

 

Passer du ‘’taalif’’ à la chanson, c’est ce qu’a réussi Aïta Senghor qui rêve aujourd’hui de devenir une grande diva de la musique. Pour y arriver elle ne se fixe pas de limites.    

 

Elle a du talent et du charme. Une voix particulière. C’est un plaisir pour les oreilles musicales d’entendre Aïta Senghor chanter toute la journée.  Elle a tout pour faire la ‘’star’’ mais elle est simple. Poétesse avant d’être musicienne, cette charmante jeune femme est née dans le département de Mbour. D’un père cultivateur et d’une mère femme au foyer, rien ne la prédestinait à devenir musicienne. Courageuse, déterminée et très ambitieuse, elle démarre sa carrière à bas âge. Elle fait des ‘’taalif’’ (ndlr poèmes en langue wolof) et se présente à différents concours qu’elle a eu la chance de gagner. Afin de se parfaire et d’élargir son univers musical, elle s’essaie d’abord à la guitare, puis à la chanson.

Autodidacte, elle a su se donner à fond pour faire ce qu’elle aime et qui la passionne : la musique. Ainsi, elle ne s’impose pas de limite, ni de barrière, pour exercer son art. Ses sacrifices n’ont pas été vains. Encore inconnue du public, elle a du talent à revendre.  Aujourd’hui, après quelques années de galère, elle a pu monter son propre orchestre dénommé ‘’Moringa’’, ‘’Nebeday’’ en wolof. Elle trouve que ce vocable de notre langue nationale fait penser à la locution anglaise ‘’Never Die’’, qui signifie ‘’ne meurt jamais’’. ‘’ J’ai choisi ce nom parce que cet arbre, le moringa, ne meurt pas. Je veux que ma musique reste et demeure des siècles et des siècles. Je veux que mes chansons servent aux générations futures’’, explique la chanteuse. Qui poursuit : ‘’Je n’ai pas fait d’études mais j’arrive à parler beaucoup de langues, grâce à Dieu.’’

‘’Bëgg Tekki’’

Apatride jusqu’à l’adolescence, elle n’a pu être inscrite à l’école. En effet, à sa naissance, ses parents ne l’ont pas déclarée.  C’est après qu’elle a pu se procurer des papiers et avoir une identité. Il n’empêche qu’elle peut composer en anglais, en espagnol, en français et titille l’italien. Ce qui lui permet de reprendre aisément des chansons de Johny Clegg, Aretha Franklin et des chanteurs de sa trempe. Aïta sait superbement faire également des covers de Myriam Makéba ou encore d’Ismaël Lô. Ceux qui fréquentent les soirées dinatoires organisées par les hôteliers à Mbour le savent bien. Elle peut reprendre n’importe quelle chanson. Elle s’accompagne de sa guitare, parfois de son orchestre.

La chanteuse de Mbour a déjà sorti quelques singles, dont ‘’Bëgg Tekki’’, (ndlr vouloir réussir). Elle y est accompagnée du reggaeman Fafadi. Dans cette chanson, elle parle de toute l’ambition qu’elle a pour réussir dans la vie. Aussi, projette-t-elle de sortir bientôt son premier album. Dans certaines de ses chansons, le nom de la chanteuse Khar Mbaye Madiaga revient sans cesse. Elle en explique les raisons : ‘’Je ne connais pas Khar Mbaye mais c’est une grande cantatrice, une éducatrice, un modèle pour moi. Je parle souvent d’elle dans mes chansons.  Sa sagesse, son esprit de partage et sa position dans le monde de la culture font d’elle  mon idole.’’

Pleine d’ambition, Aïta Senghor a pour credo : ‘’s’accrocher, se concentrer sur ses objectifs’’. Une devise adoptée grâce à l’éducation reçue de ses parents. ‘’Si je suis devenue ce que je suis aujourd’hui, c’est parce que mes parents m’ont beaucoup soutenue. Mon père était un cultivateur, il ne connaissait que la terre. Il a vu l’amour que je voue à l’art ; alors, de son vivant, il m’a beaucoup soutenue. Parfois, c’est lui qui m’accompagnait prendre un taxi pour rallier mon lieu de prestation’’, se rappelle-t-elle nostalgique.  

KHADY NDOYE (MBOUR)

 

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