Les solutions endogènes pour faire face à la problématique

Le royaume des Pays-Bas est convaincu que tout comme la Covid-19, les changements climatiques se font ressentir partout dans le monde, n'épargnant aucun continent, aucun pays, ni communauté. Dans le but de trouver des solutions à cette urgence et d’accélérer la dynamique de la Cop26, il organise, depuis hier, un événement mondial sur l’adaptation au climat.
Le climat s'achemine vers un réchauffement, les prochaines décennies. Cela, malgré les mesures prises pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. En vue de réduire le niveau de ce réchauffement, les leaders des 190 pays signataires de l'Accord de Paris se sont réunis, ce 25 janvier, via Internet, autour du Sommet pour l'adaptation au climat (Cas 2021). Outre, le retour des États-Unis dans l’Accord de Paris, la communauté internationale a décidé d’investir cinq milliards de dollars pour prendre en charge cette urgence planétaire.
Dirigeants, jeunes, société civile et acteurs financiers s’accordent sur le fait que l’heure n’est plus aux discours, mais à l’action. Une action dirigée vers l’investissement dans les projets d’adaptation des pays émergents. Au Sénégal, en marge de cette rencontre, les débats ont tourné d’une problématique nationale : ‘’Comment engager les communautés pour une masse critique de citoyens dans l’adaptation aux changements climatiques.’’
Pour y arriver, les participants estiment que tout part de la mise en avant des solutions endogènes, parce que les communautés sont intimement liées à l'environnement qui constitue la source de leurs moyens de subsistance.
‘’On doit les aider à préserver leurs moyens de subsistance et partir de ce qu'elles savent, partir de leur savoir, de leurs expériences, de leur vécu. Cette approche sera un gage d’appropriation, mais également de pérennisation et d’appropriation. Aussi, il faut habituer les communautés aux semences adaptées, parce qu'on ne peut pas continuer à utiliser les anciennes semences, puisque le cycle de l’eau s'est rétréci. Si on ne s’adapte pas, cela va créer des problèmes dans la productivité. Donc, aujourd’hui, pour mobiliser une masse critique, le Sénégal doit miser sur le partage d'expériences et l'échange. Et le faire de manière graduelle et souple’’, soutient le vice-président du Comité national sur les changements climatiques, Boubacar Fall.
Abondant dans le même sens, le directeur exécutif d’Enda-Energie propose des solutions d’adaptation à cobénéfice. Selon Sékou Sarr, ‘’la première chose à mettre en place, ce sont les solutions endogènes. On ne peut pas faire une adaptation réussie, si on ne considère pas les expériences à la base. Il faut orienter dans nos collectivités territoriales les instruments d'adaptation à cobénéfice, avec comme exemple les énergies renouvelables en matière d'accès à l'énergie, notamment dans le domaine de l'élevage et l'agriculture, ces domaines sont de grandes niches de développement d'adaptation à cobénéfice’’.
‘’34 % d’énergies propres’’
En matière d’impact des changements climatiques, le Sénégal compte déjà des exemples. L’augmentation d’un degré de la température, la baisse de productivité dans le domaine de l'agriculture, l’élévation du niveau de la mer, l’érosion côtière, la salinisation des terres, les inondations et la sécheresse sont autant d’équations que le pays peine à résoudre.
Hier, à l’occasion de ce sommet international, l’Union européenne a officiellement lancé un appel à propositions pour la résilience côtière des populations, en direction de la société civile sénégalaise.
Dans ce contexte d’adaptation, le président Macky Sall compte s’adosser sur trois piliers : ‘’Il s’agit des investissements massifs dans la transition énergétique, soit 34 % d’énergies propres dans nos capacités électriques, la reforestation et la restauration de la biodiversité (7 millions de plants prévus) et la lutte contre l'érosion côtière’’, a-t-il déclaré face à ses pairs. Il estime qu’en complément des efforts nationaux, l'amélioration des mécanismes d'accès au financement est nécessaire. Ils devraient être ‘’plus accessibles, plus diligents et plus efficaces, car il s’agit de sauver notre habitat commun’’.
L’adaptation aux changements climatiques est, selon le ministère de l’Environnement, une question de survie, car tous les secteurs d’activité directement ou indirectement en sont affectés. Raison pour laquelle un investissement de 4,3 milliards de dollars est prévu pour la mise en œuvre de la Contribution déterminée au niveau national à l’horizon 2030.
Par ailleurs, les associations de jeunes demandent un meilleur encadrement de la jeunesse sénégalaise, en matière d’environnement. Djibril Niang, Directeur exécutif de JVE SN : ‘’Il y a assez d'associations de jeunes engagées dans la préservation de l'environnement, mais pas d'orientation, ni de formation. Il urge de canaliser ces associations pour savoir qui fait quoi. Les décideurs doivent en profiter pour encadrer les jeunes et travailler sur l'éducation à l'environnement. Si, dans 30 ans, on continue de former des décideurs, c'est qu'on aura échoué, parce que cela aurait dû se faire à la base. Il faut investir dans l'éducation à l'environnement, aller dans les écoles et les universités. De cette manière, ceux qui vont malheureusement hériter de ces problèmes climatiques seront déjà assez outillés. L'État du Sénégal doit tout faire pour que les jeunes connaissent les tenants et les aboutissants de ce plan d’adaptation, afin qu'ils se l’approprient et orientent leurs actions.’’
EMMANUELLA MARAME FAYE