Publié le 16 May 2019 - 16:31
RAPPORT ANNUEL SUR LA SANTE

Le paludisme régresse, le Vih grimpe

 

Le taux de prévalence du paludisme est en baisse, au niveau national, contrairement à celui du Vih/sida qui connait une hausse au Sénégal, malgré l’utilisation accrue des moyens de prévention. C’est ce qui ressort du rapport de prévention de ces maladies mené par l’Institut de santé et de développement.

 

Les acteurs de la santé ont décidé de changer de paradigmes, quant à l’évaluation des activités de prévention. En effet, l’année dernière, le Fonds mondial de lutte contre la tuberculose, le Vih et le paludisme a décaissé 62 millions d’euros, afin de renforcer la prévention sur l’ensemble du territoire contre ces maladies, entre 2018 et 2020. Et contrairement aux années précédentes, l’évaluation se déroule en même temps que le processus d’intervention et non à la fin du délai. En outre, l’organisation a choisi de réduire le nombre de bénéficiaires.

‘’C’est un plan dénommé Projet d’évaluation prospective pays. En effet, le Fonds mondial, bien que présent au Sénégal depuis 2000, ne sait pas réellement comment sont menées sur le terrain les interventions pour la prévention de ces maladies. Aussi, le fonds veut concrètement savoir l’impact de ces activités sur la santé des populations. C’est dans ce cadre qu’intervient l’atelier d’aujourd’hui’’, renseigne Adama Faye, enseignant-chercheur à l’Institut de santé et de développement.

Huit pays dans le monde dont 4 en Afrique seront sujets à cette évaluation. Le Sénégal est le seul pays d’Afrique de l’Ouest concerné par l’étude. Si elle est concluante, elle sera appliquée ultérieurement à d’autres pays. Ainsi, au bout de la première année de travaux, l’Institut de santé et de développement de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar a procédé à la restitution de ses résultats, en collaboration avec l’université Hopkins des Etats-Unis. Il s’avère que les disparités économiques, le niveau d’instruction et l’âge impactent sur le taux de personnes touchées.

Par exemple, le paludisme affecte fortement le sud et le sud-est du pays, en raison de la pauvreté qui y sévit et un accès difficile aux soins plus prononcé chez les femmes. En effet, cette partie de la population présente un faible niveau d’instruction et se trouve, par conséquent, mal informée quant aux précautions à prendre pour éviter la maladie. Et ce, même si le taux de prévalence national est passé de 2,8 points en 2012 à 0,4 en 2017, en plus d’une hausse du nombre de moustiquaires distribuées.

Par contre, dans la région de Dakar et ses environs, le paludisme a fortement régressé.

Des points faibles à corriger

Selon le Pr. Faye, ‘’les premiers résultats ont montré un bon niveau de réalisation des activités. Il semble que la réduction des récipiendaires que sont les structures de santé, n’a pas été une contrainte, au contraire. Par contre, il y a eu beaucoup de retard dans la signature des conventions pour que tous les bénéficiaires reçoivent leur subvention. Cela est allé jusqu’à six mois. Les contractualisations lentes ont perturbé le travail sur le terrain’’. Il estime que l’enjeu de la rencontre du jour est de pouvoir faciliter ces signatures pour la prochaine étape et de faire des recommandations spécifiques et techniques pour la réussite de chaque programme de prévention.

Par ailleurs, le rapport fait état d’une hausse du taux de personnes infectées par le Vih/sida. Pourtant, l’utilisation du préservatif a également connu une hausse. Un fait paradoxal plus visible chez les homosexuels. Ce qui fait dire aux membres de l’Institut de santé et de développement que beaucoup reste à faire. ‘’Cela nous amène à réfléchir et à nous poser des questions. Il y a sûrement des paramètres que nous n’avons pas pris en compte.

Il faut aussi qu’on s’intéresse aux nouvelles formes d’infection. Peut-être aussi que les mesures ont été mal faites. Dans tous les cas, nous sommes interpellés et la suite de l’étude consistera à corriger ces faiblesses’’, annonce le professeur Anta Tall Dia, Directrice de la Médecine préventive et de la Santé publique à la faculté de Médecine de l’Ucad.

Toujours selon le rapport, la tranche d’âge la plus affectée par le virus est celle des 20-29 ans. Vient ensuite celle de 31 à 34 ans. ‘’On a l’impression que ceux qui sont plus âgés ont tendance à avoir le plus de comportements à risques, surtout les Sénégalais âgés de 29 ans’’, ajoute le Pr. Faye. La prochaine étape consistera à trouver l’explication de ce paradoxe.

Pour pouvoir améliorer les résultats, l’institut prévoit une évaluation de ce type, chaque trois mois, afin de réadapter l’intervention en fonction de ceux-ci. Les chiffres de ce travail de terrain seront sous peu mis à la disposition du grand public.

EMMANUELLA MARAME FAYE

 

 

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