Publié le 8 Aug 2020 - 23:47
RECHERCHE DE MOYENS DE RIPOSTE CONTRE LA COVID-19 A DIOURBEL 

Objectif : zéro cas lors du Magal de Touba

 

A Touba et environs, les autorités sanitaires, qui veulent endiguer la propagation du virus Covid-19, en perspective du Magal de Touba, ont du pain sur la place. En plus des populations et des cas contacts de Covid-19 qui refusent les prélèvements, le constat est que le nombre de cas issus de la transmission communautaire est supérieur aux autres. Elles sont à la recherche de moyens pour enrayer la pandémie à Diourbel, 3e région la plus impactée et qui compte le taux de létalité le plus élevé (7 % contre une moyenne nationale de 2,45 %). 

 

Le Magal de Touba de cette année va se dérouler dans un contexte de pandémie de la Covid-19. D’ores et déjà, la réflexion est engagée pour une bonne célébration de cet événement religieux sans cas de Covid-19. La question a été abordée, hier, lors de la réunion consacrée à la situation épidémiologique et au partage du plan de communication sur les risques et l’engagement communautaire.

Pour y parvenir, docteur Mamadou Dieng, le médecin-chef de la région médicale, préconise ‘’d’éliminer la transmission communautaire et l’adoption des mesures barrières qui peut être un gage de succès de la riposte’’. Le médecin-chef d’ajouter : ‘’J’ai appris hier (jeudi) que le comité d’organisation du Magal a déjà tenu sa première réunion. C’est un tournant décisif dans la lutte, parce qu’on doit d’abord intensifier cette lutte pour essayer d’endiguer l’épidémie avant le Magal.’’

‘’Comme stratégie, poursuit-il, il faut intensifier la recherche active des cas, à travers le réseau communautaire, mettre en place des stratégies de communication, surtout sur les risques, et susciter l’engagement communautaire, créer une meilleure appropriation de ces stratégies, en sensibilisant les communautés, mais surtout en engageant ces communautés dans cette lutte. Pour le Magal, en plus de la stratégie de riposte que nous avons élaborée, chaque district va élaborer un plan en prévision de l’organisation de l’évènement. Pour le Magal, même en dehors du contexte épidémique, à chaque édition, le niveau national prend en charge les questions qui nous dépassent ou encore les activités d’envergure nationale’’.

Appel aux PTF et aux collectivités territoriales pour financer la riposte

Cette rencontre a servi de tribune au médecin-chef de la région médicale pour lancer un appel aux partenaires techniques et financiers et aux collectivités territoriales, afin qu’ils apportent leur concours dans le financement de la riposte contre la Covid-19. ‘’Il faut que les collectivités territoriales mobilisent les fonds de dotation, mais surtout les fonds propres pour alimenter cette lutte et mobiliser aussi les mécènes qui sont dans la communauté. Il faut une meilleure implication des collectivités territoriales et des communautés, pour arriver à mobiliser ces ressources et à les mettre au service de la riposte contre la Covid-19’’, a-t-il lancé.

En écho à ces propos, Mactar Diop, le préfet du département de Mbacké, a demandé de décliner les plans de communication au niveau des départements, d’intensifier et d’infléchir le volet engagement communautaire. Mactar Diop a aussi plaidé pour une dotation en logistique, parce qu’il a constaté, ‘’dans les départements, que les services n’ont pas de véhicules ou bien ceux qui existent ne sont plus adéquats. Le niveau central doit affecter les véhicules au niveau déconcentré et nous permettre de faire le travail’’.

Hommes plus impactés que les femmes

Cette rencontre aura permis de constater que le total cumulé de cas Covid-19 confirmés, à la date du 4 août, est de 683 malades dont 401 hommes et 282 femmes. Le nombre total de cas importés est de 1. Ce qui représente 0,15 % des cas. Le nombre total de cas contacts est de 304, soit 44,44 %, et le nombre total de cas communautaires 378, soit 55,40 %. Ceci est d’autant plus effrayant que le nombre de cas communautaires est supérieur au nombre de cas contacts. Les malades guéris se chiffrent à 575 et les décédés sont au nombre de 45 dont 27 hommes et 18 femmes.

Le district de Touba compte 314 cas communautaires. Il est suivi de Mbacké avec 40 cas, Diourbel vient en troisième position avec 24 et Bambey ferme la marche avec 0 cas. S’agissant des cas contacts suivis, Touba occupe le peloton de tête avec 240. Il est suivi du district sanitaire de Mbacké avec 36 cas, ensuite Diourbel avec 27 cas. D’ailleurs, la répartition des cas confirmés, selon le groupe d'âge, fait ressortir que le groupe 0-5 ans compte 21 cas, les 6-15 ans 44 cas, les 16-39 ans 305 cas, les 40-60 ans 211 cas et celui des plus de 60 ans 100 cas. La moyenne d’âge est de 39 ans.

Interpellé sur ces chiffres, le médecin-chef de la région médicale fera savoir : ‘’Nous avons noté quelques faits saillants dont le nombre de cas au niveau de la région de Diourbel qui place la région troisième après Dakar et Thiès. Nous avons un total de 685 cas et la majorité est composée de cas communautaires. Nous avons aussi noté que l’essentiel des cas infectés, ce sont des personnes âgées de 16 à 49 ans, suivies des personnes âgées de 50 à 60 ans. Nous avons aussi noté, parmi les décès, que la majorité est composée de personnes âgées de plus de 60 ans et il n’y a pas de décès dans la tranche d’âge de 6 à 15 ans. Nous avons aussi noté un taux de létalité de 7 % par rapport à la moyenne nationale qui est de 2,45 %. Ce qui nous amène à dire que le taux de la létalité est élevé au niveau de la région.’’

Ce taux de létalité s’explique, d’après le médecin-chef, ‘’par plusieurs facteurs, surtout par le fait qu’il y a beaucoup de personnes âgées dans la zone comme Touba où on a noté plus de décès et Diourbel aussi. Ces personnes recourent tardivement aux services de soins et parfois même n’y vont pas. Parmi celles-ci, on a remarqué qu’elles présentaient des infections chroniques telles que le diabète, des hypertensions ou des insuffisances rénales. Donc, ce sont des personnes très vulnérables et on a noté que la plupart des décès ont touché cette tranche d’âge’’.

Les contacts refusent les prélèvements

La recrudescence de la maladie appelle donc l’adoption de nouveaux comportements. Il s’agit d’intensifier la riposte, avec un plan qui comporte un aspect communication sur les risques et l’engagement communautaire. A ce sujet, pensent la plupart des participants, il faut une meilleure appropriation de stratégies de lutte par la communauté, parce qu’on a remarqué beaucoup de facteurs qui favorisent la propagation de la maladie. Parmi ces facteurs, il y a surtout les problèmes liés aux comportements : le non-respect du port du masque, les rassemblements qui ont repris de plus belle, le non-respect des mesures de distanciation sociale, ainsi que le lavage des mains. D’ailleurs, un plan de communication chiffré à 115 785 000 F CFA cherche bailleurs.

Le médecin-chef de la région médicale souligne que, ‘’malgré toute cette communication autour de cette stratégie, les gens passent toute la journée sans se laver les mains, particulièrement dans certains lieux comme les gares routières et les marchés. Dans le transport public, les surcharges ont repris. Il n’y a vraiment pas de mesures qui puissent arrêter cette propagation. Ici à Diourbel, on a noté des cas qui refusent le prélèvement, il y a une diminution du nombre de prélèvements, parce qu’il y a beaucoup de patients parfois symptomatiques qui refusent le prélèvement. D’autres refusent, après le prélèvement, le suivi. Aujourd’hui, non seulement ce n’est plus systématique, mais les contacts refusent d’être prélevés, ce qui entraine une diminution drastique du nombre de prélèvements’’.

Le médecin souligne aussi qu’ils s’attellent à une surveillance active des cas. ‘’Le défi, actuellement, c’est de retrouver les cas, parce qu’on sait que dans la communauté, avec la transmission communautaire, il y a des cas au niveau des communautés. Si les patients refusent le prélèvement, ça va poser des problèmes dans le suivi de l’épidémie au niveau communautaire’’.

Dépistage massif préconisé

A son tour, le docteur Alé Baba Dieng, responsable du CTE de Touba, a préconisé le dépistage massif, pour avoir une idée claire du nombre de personnes contaminées à la Covid-19, mais aussi de communiquer sur les succès obtenus dans cette riposte. Le responsable du CTE a déploré le manque de moyens logistiques et financiers de sa structure. Mieux, les acteurs communautaires ont été capacités et des comités de veille et d’alerte (CVA) mis en place pour appuyer à la recherche active des cas pour les amener à se dépister. Il a été monté des stratégies pour qu’au sein de la communauté, le dépistage soit amplifié. Et pour cela, il faut l’aide des acteurs communautaires, parce qu’il a été constaté que la majeure partie des décès, ce sont des personnes qui ont des comorbidités, mais surtout des personnes qui ont recouru tardivement aux services, parfois même qui n’ont pas recouru aux services.

Durant cette rencontre, le médecin-chef de la région médicale a annoncé comme perspective l’érection d’un centre de traitement des épidémies au niveau de l’hôpital Heinrich Lübke de Diourbel. Il faudra aussi doter le centre de traitement des épidémies de Fawzény d’un laboratoire pour faciliter la prise en charge.

Boucar Aliou Diallo 

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