Publié le 29 May 2014 - 22:43
RELATIONS ENTRE L’UNIVERSITE ET LES ENTREPRISE

C’est je t’aime, moi non plus

 

L’adoption du système LMD en 2006 était synonyme d’une professionnalisation de l’enseignement et d’une possibilité d’insertion professionnelle à partir de la Licence. Huit-ans après, toute l’université l’applique, mais c’est toujours le statu quo. Si certains pointent du doigt une mauvaise application de la réforme, pour d’autres, cela relève du manque d’engagement de nos entreprises.

 

La réforme du système LMD telle que conçue dans les textes était porteur d’espoir. Elle prévoyait la mise en place d’un cursus de formation souple et performant, de caractère académique fondamental ou professionnalisant, offrant à tous les niveaux la possibilité pour l’étudiant de s’insérer dans le tissu socio-économique. En plus, il prévoyait la préparation à l’insertion dans l’activité socio-économique. La convention régissant le système stipule que le 6ème semestre (2ème partie de la Licence) devait être constitué de stages.

Mais cette approche prospective et novatrice semble être vouée à l’échec ou du moins tarde à être matérialisé. Pour le directeur de l’Enseignement et de la Réforme, mettre les étudiants en situation de stage demeure aujourd’hui un très grand problème. ''Souvent, les étudiants viennent nous voir pour qu’on leur fasse des lettres pour pouvoir s’insérer dans les entreprises. Mais rares sont les entreprises qui acceptent les étudiants. Il y a la Sonatel, la Senelec, la Poste…

Ce sont ces grandes sociétés-là qui acceptent quelques étudiants, mais un nombre très réduit''.  Une situation qui s’explique, selon le médiateur de l’UCAD, par le manque de confiance des entreprises sénégalaises aux universités. Cela étant, ''non seulement, elles ne recrutent pas, mais elles refusent d’octroyer des stages aux étudiants ; sinon d’un nombre très réduit. Ce qui pose le problème de l’opérationnalité dès le premier diplôme, la licence'', précise-t-il.

Un pont rompu entre l’université et les entreprises

L’assesseur de la Fac de droit, Mayatta Ndiaye Mbaye, souligne de son côté qu’''aujourd’hui, on ne peut parler d’opérationnalité, puisque faudrait-il qu’il y ait un minimum d’application de ce qu’on a pu faire avant''. Concrètement, dit-il, nous travaillons de telle sorte qu’il y ait un pont entre l’université et les milieux professionnels. 

''Nous sollicitions, nous négocions avec des entreprises pour que l’on nous réserve des postes de stagiaires afin que l’on puisse se retrouver effectivement devant des étudiants qui dans leur cursus universitaire vont un tout petit peu bénéficier d’une certaine immersion professionnelle''. Mais le nombre est tellement réduit, tel une goutte d’eau dans l’océan, ajoute-t-il ; avant de révéler que les chiffres en termes de stagiaires ''franchement, cela ne fait même pas 1% du nombre d’étudiants que nous avons''. ''Nous avons beaucoup de travail à faire pour que l’université serve à la société, estime-t-il.

''L'inadéquation formation-emploi relève de la pauvreté du tissu économique sénégalais''

Toutefois, le directeur de l’Enseignement et de la Réforme pousse la réflexion encore plus loin. Il pense que l’inadéquation formation-emploi ne vient pas de l’université, mais cela vient de la structure actuelle de notre économie (de la pauvreté du tissu économique).

A en croire Abdou Karim Ndoye, les gens condamnent souvent l’université sans pouvoir comprendre que le tissu économique du Sénégal est en retard par rapport au niveau de développement des ressources humaines. Pour lui, ''les universités sortent des ressources humaines que nos entreprises par leur pauvreté et leur faiblesse ne peuvent pas absorber. Résultat, on dit que leur formation n’est pas bonne. Mais regardez les entreprises du Sénégal !''.

Les étudiants devraient être opérationnels dès la licence, mais le directeur de la Réforme avoue que si la majeure partie des étudiants n’est pas opérationnelle, c’est simplement un défaut d’application de la réforme. ''Quand on parle de filière professionnelle, on parle de licence professionnelle. Il faut du temps pour que le système se stabilise. On ne peut pas en trois ans avoir un système parfait. Il faut que de plus en plus l’on change l’ancien système en mettant l’accent sur les filières pros'', explique-t-il.

Pour le médiateur, tout cela est dû aux écueils de la professionnalisation. Il explique que dans le système, il est prévu des portes de sortie à divers niveaux, la Licence, le Master et le Doctorat. Les étudiants en Licence peuvent sortir affronter le monde professionnel. Mais, pour le médiateur, il y a la peur de la sortie. ''Sortie pour faire quoi'', une question que se posent souvent les étudiants. Ces derniers se disent : si on nous admet en Master, on a systématiquement une bourse de 60 000 francs CFA pendant trois ans, en attendant de tenter le concours de la FASTEF, se disant ainsi qu’on a la possibilité de le réussir au bout de trois ans. 

 Seydina Bilal DIALLO

 

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