Publié le 26 Nov 2021 - 16:44
RESISTANCE ANTIMICROBIENNE AU SENEGAL

39 000 kilogrammes d’antibiotiques utilisés en 2021

 

Au Sénégal, il y a une utilisation abusive des antibiotiques dans l’élevage. Au total, 11 435 kg ont été utilisés en 2015, contre 39 000 kg en 2021, soit une hausse de plus de 20 000 kg. L’annonce a éte faite hier par le docteur Chantal Biagui, au cours d’un atelier de mise à niveau sur la résistance antimicrobienne.

 

La résistance antimicrobienne (Ram) constitue une menace pour la santé animale, humaine, environnementale et la santé publique. Elle constitue une préoccupation nationale. Les agents antimicrobiens sont utilisés à des fins préventives ou thérapeutiques en productions animales pour améliorer la production et la productivité.

  Au Sénégal, souligne le point focal de Ram au niveau du ministère de l’Elevage et des Productions animales, l’utilisation d’antibiotiques dans le secteur de l’élevage est passée de 11 435 kg en 2015, à environ 39 000 kg en 2021, soit une hausse de plus de 20 000 kg.  Cette évolution croissante d’agents antimicrobiens, soutient le docteur Chantal Biagui, nécessite une prise de conscience quant à leur utilisation prudente, responsable et rationnelle afin d’éviter le développement de bactéries multi résistantes.

 Le Dr Biagui s’exprimait hier au cours d’un atelier de mise à niveau sur la résistance antimicrobienne à l'attention des professionnels des médias, organisé par le Secrétariat permanent du Haut conseil national de la sécurité sanitaire mondiale, en partenariat avec l’USAID et l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). 

Cette utilisation abusive d’antibiotiques engendre la résistance antimicrobienne. Au Sénégal, souligne le médecin vétérinaire Ibrahima Lô, l’utilisation abusive des antibiotiques et le commerce illicite des médicaments ont fortement contribué à favoriser la Ram. Pourtant, fait savoir le docteur Lô, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) prévient que la Ram deviendra la prochaine pandémie zoonotique, si rien n’est fait.

Selon lui, l’organisation onusienne signale que 4 150 000 personnes pourraient mourir de cette situation en Afrique. Il s’agit d’une estimation du nombre de décès attribuables à l’ARM par an, dans les années 2050. Dans sa présentation des ‘’Enjeux, exigences et implications de la mise en œuvre de l’approche ‘One Health’’’, le Dr Lô révèle que la Ram, c’est quand les microbes, notamment responsables d’infestation ou d’infection, deviennent résistants aux médicaments censés les combattre.

 C’est, dit-il, un phénomène naturel exacerbé avec l’utilisation excessive ou non-appropriée. ‘’L’utilisation inappropriée, c’est-à-dire la dose et la durée des antimicrobiens, pourrait être la principale cause de la Ram. Ce n’est pas une maladie. Les microbes résistants peuvent passer dans la chaine alimentaire et dans l’environnement. D’où l’intérêt de sensibiliser sur les dangers de la Ram. Il faut savoir que toute utilisation d’antimicrobiens peut conduire au développement d’une résistance. Plus on utilise des antimicrobiens, plus il y a de probabilités que les micro-organismes développent une résistance. En cas de mauvaise utilisation ou d’abus, le processus est accéléré’’, prévient le Dr Lô.

A son avis, la prise de doses incorrectes ou encore l’administration d’un antimicrobien à la mauvaise fréquence ou pendant une durée insuffisante ou excessive, sont des exemples de mauvaise utilisation. Selon lui, c’est pour prévenir une situation délicate que le Secrétariat permanent du Haut conseil national de la sécurité sanitaire mondiale, en partenariat avec l’USAID et la FAO ont mis en place un programme dénommé la ‘’Sécurité sanitaire mondiale One Health (une seule santé)’’.

‘’La Ram cause 700 000 morts par an’’

Parce que, ajoute le médecin vétérinaire, la Ram réduit l’efficacité des médicaments, de sorte qu’il devient difficile ou impossible de traiter les infections et les maladies. Elle est même associée à l’augmentation de la mortalité. A ce niveau, le docteur Chantal Biagui de soutient qu’actuellement, au moins 700 000 personnes décèdent chaque année, du fait de maladies pharmaco-résistantes. Parmi lesquelles 230 000 meurent de la tuberculose multi-résistante, selon les estimations de l’OMS.

Pour le Dr Ibrahima Lô, la gouvernance de la principale stratégie pour combattre la Ram n’est pas toujours au point dans nombre de pays. ‘’Dans la plupart des pays en Afrique, les antibiotiques sont disponibles partout et de qualité douteuse. Les bactéries dangereuses entrainent des maladies d’origine alimentaire qu’il faut parfois traiter à l’aide d’antibiotiques’’, déplore le vétérinaire. Avant d’ajouter que la résistance antimicrobienne est l’habilité de survie du microbe face à un antimicrobien (AM) préalablement efficace. Il pose un sérieux problème de santé publique.  Cela englobe les parasites, les virus, les bactéries, les champignons.

 L’atelier de mise à niveau des journalistes de deux jours entre dans le cadre de la Semaine mondiale de sensibilisation sur la résistance antimicrobienne (Ram) du 18 au 24 novembre. Il a pour objectif d’amener les différents acteurs de la santé humaine, animale et environnementale à prendre conscience du danger que constitue la Ram.

 VIVIANE DIATTA

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