Publié le 2 Oct 2018 - 16:08
REVUE PORTEFEUILLE BAD AU SENEGAL

Des engagements nets chiffrés à 640 milliards de F Cfa en juin 2018 

 

Le portefeuille actif de la Banque africaine de développement (Bad) au Sénégal s’élève à 640 milliards, à la date du 30 juin 2018. L’annonce a été faite, hier, par le ministre du Budget Birima Mangara, lors de la revue des activités à mi-parcours de cette institution.

 

La Banque africaine de développement  (Bad) est un partenaire stratégique dans le financement de l’économie sénégalaise. Rien que sur l’année 2018, un record de ‘’478 millions d’unités de compte, soit 377 milliards de francs Cfa’’ est en cours de mobilisation. La  révélation a été faite hier par le ministre du Budget Birima Mangara. ‘’Le montant total des ressources mobilisées à mi-parcours s’élève à 795 millions d’unités de compte, soit 628 milliards de francs Cfa. Le portefeuille actif de la banque au Sénégal comprend, au 30 juin 2018, 28 opérations pour un volume total net d’engagement de 640 milliards de francs Cfa. Cette somme est répartie entre 537 milliards pour le secteur public et 102 milliards pour le privé national’’, a-t-il-précisé.

Ce volume déjà important pourrait augmenter davantage dans les années à venir, grâce à une nouvelle donne. En fait, depuis janvier dernier, le Sénégal est passé de pays accédant uniquement aux ressources concessionnelles du guichet du Fonds africain au développement (Fad) et au cas par cas, au statut de pays mixte. C’est-à-dire que Dakar a maintenant accès aux ressources du guichet non-concessionnelles de la Banque africaine de développement. Ainsi, il peut bénéficier, à la fois, à une partie de ces ressources concessionnelles et de façon permanente, mais aussi celles non-concessionnelles. Un statut qui n’est pas sans conséquence sur le montant alloué à l’Etat sénégalais au sein de cette institution financière.

Par ailleurs, les infrastructures occupent une part importante de ce financement, soit plus de 51 %. Parmi les projets, il y a le Train express régional (Ter) avec un taux actuel de décaissement de 21 %, le pont transgambien pour un taux de 20 %, etc. ‘’Dans la stratégie, nous avons relevé quelques repères, notamment la passation des marchés. Nous devons faire plus d’efforts dans les décaissements avec moins de délais. Ce qui nécessite une mobilisation de ressources en interne. Sur ce, des stratégies sont en train d’être mises en place pour relever le taux de pression fiscale. Relever ce taux ne signifie pas plus d’impôts’’, s’empresse de préciser le ministre en charge du Budget. Pour Birima Mangara, élargir le dispositif fiscal existant, c’est aller vers des niches inexploitées. ‘’Nous avons également noté l’impérieuse nécessité d’aller vers plus de rigueur dans le suivi-évaluation et de renforcer par tous les moyens le dynamisme que nous connaissons à travers ce partenariat avec la Bad, pour améliorer nos performances sur le plan de la passation des marchés et des décaissements’’, a-t-il reconnu.

Le privé national pas content de la Bad

La part de ressources que la Bad octroie au secteur privé national (102 milliards contre 537 milliards pour le public) n’est pas à la hauteur de ses attentes, selon Mbareck Diop, représentant du Conseil national du patronat (Cnp) à cette rencontre. ‘’Il faut qu’on puisse renforcer le secteur privé, car c’est lui qui crée une croissance durable. Le privé national n’est pas souvent associé, selon ses attentes, à la réalisation de certains projets. Au sein du syndicat du Btp, nous nous plaignons du fait que les gens confondent le secteur privé national avec les entreprises étrangères qui viennent prendre le droit sénégalais’’, a laissé entendre le secrétaire général du syndicat du Btp. D’ailleurs, M. Diop a précisé que quand ils parlent du privé national, ce sont les entreprises qui ont un capital à majorité sénégalaise. M. Diop a également précisé que le privé national ‘’n’est pas en mesure de répondre’’ aux offres spontanées, parce que les seuils fixés sont au-delà de leurs capacités. ‘’Il faut ramener ce seuil à un niveau beaucoup plus acceptable, en mettant les conditions, pour que cela ne soit pas des offres fantaisistes. Il faut également renforcer la recherche et l’innovation avec des financements’’, a-t-il plaidé.

Pour sa part, la directrice générale de la Bad en charge des opérations de l’Afrique de l’Ouest, Marie-Laure Akin-Olugbade, a indiqué que le Sénégal est un des pays en Afrique de l’Ouest qui a bénéficié de nombreux concours du secteur privé. ‘’Nous avons un portefeuille diversifié en termes de secteur d’intervention et de volume qui peut être relativement plus modeste que ce que nous proposons aux autorités. Pour nos interventions avec le privé national, nous nous reposons entièrement sur la solidité du projet qui nous a été proposé. Tout projet qui présente des caractères satisfaisants, en termes technique et financier, tient notre attention et nous essayons de l’accompagner. Mais, parfois, c’est là où le bât blesse’’, a-t-elle fait savoir. D’après la patronne de la Bad dans la sous-région, même si la qualité des projets qui leur sont proposés ‘’ne remplit pas tous les critères’’, ils ont différents instruments qui leur permettent d’accompagner certains promoteurs pour assurer une ‘’meilleure rentabilité’’.

D’ailleurs, la Bad organise, du 7 au 9 novembre, un grand forum africain de l’Investissement à Johannesburg. L’objectif est de permettre aux porteurs de projets de faire des présentations, en plus des audiences avec les plus grands financiers du monde.

MARIAMA DIEME

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