Contre-la-montre pour exécuter le budget

Le Millenium Challenge Account Sénégal (MCA-Sénégal 2) et son Conseil d’administration ont été présentés hier. Le Sénégal a cinq ans, à partir du dernier trimestre 2020, pour exécuter le financement de 350 milliards FCfa sous peine de voir ces fonds retourner au Trésor américain.
Le Sénégal a jusqu’à 2025, mais l’opération sera un contre-la-montre à coup sûr. Beaucoup de bienséance diplomatique a enveloppé la réunion inaugurale du Conseil de surveillance du Millenium Challenge Account-Sénégal 2 (MCA-Senegal 2). Mais la pression américaine pour finir dans les délais s’est faite insistante. ‘‘Comme vous le savez, dès que le Compact entre en vigueur, nous avons un délai de cinq ans pour toutes les activités comprises dans le Compact. Il n’y a pas de possibilité d’aller au-delà de cette date butoir. C’est un aspect primordial de nos programmes de développement’’, a déclaré la Vice-présidente, secrétaire générale et directrice juridique du MCC, Jeanne Hauch.
A ses côtés, le secrétaire général de la Présidence Mahammed Dionne, le ministre du Pétrole et des Energies Mouhamadou Makhtar Cissé, le président du Conseil de surveillance, Diatourou Ndiaye, ainsi que les deux ambassadeurs, sénégalais et américain, accrédités à Washington et Dakar. Ils étaient là pour lancer le MCA2 et son Conseil d’administration. Mais Jeanne Hauch de rassurer qu’avec ‘‘le même niveau d’engagement et de leadership, je suis convaincue que ce Compact portera ses fruits’’.
Le 10 décembre 2018, le Sénégal décrochait le financement du second Compact d’un montant de 320 milliards de FCfa. ‘‘Un don du peuple américain’’, plus des fonds de contrepartie sénégalais de 30 milliards de FCfa de l’Etat du Sénégal, dédié exclusivement au secteur de l’énergie. Une petite pression par le chronomètre à laquelle l’ancien chef du gouvernement a répondu favorablement. ‘‘J’exhorte les membres du Conseil de surveillance de MCA-Sénégal 2 à orienter la mise en œuvre du Compact vers la dynamique d’une gestion axée sur les résultats, non sans rappeler l’attention particulière que le président de la République porte à l’atteinte des objectifs de son programme d’accès universel à l’électricité à l’horizon 2025. Ça tombe bien comme l’a rappelé la vice-présidente, un Compact dure cinq ans. Pas cinq ans plus un mois’’, a déclaré Mahammed Boun Abdallah Dionne.
Déjà vu
Le Compact devrait entrer en vigueur ‘‘au plus tard au dernier trimestre de cette année 2020’’. En octobre 2019, une feuille de route de la Réforme du secteur de l’énergie a été élaborée, de concert avec toutes les parties prenantes, et présentée au public. Lors de cette présentation de la feuille de route, l’ambassadeur des USA avait également rappelé aux pouvoirs publics sénégalais que l’exécution était délimitée dans le temps. ‘‘La philosophie du Compact est assez spéciale. Le Sénégal s’engage et nous aussi nous nous engageons. Il y a une date pour commencer et une date pour terminer. On est clair sur les projets qu’on va faire, il n’y a pas de doute. Nous sommes clairs sur notre contribution et sur celle du Sénégal, sur qui va faire quoi. Dès que ça entre en vigueur, il y a une date limite. Dès qu’elle arrive, on arrête. L’argent qui n’est pas dépensé rentre au Trésor américain et le Sénégal continue son développement’’, avait rappelé Tulinabo Mushingi.
Le Compact est un fonds américain destiné à accélérer la croissance économique en vue de réduire la pauvreté. Le Sénégal a déjà bénéficié d’un Compact signé en 2009 à Washington, de 270 milliards FCfa pour une durée de cinq ans, dont l’accord a été signé en septembre 2009 à Washington. Un don qui était dédié aux infrastructures dont la réfection de la Rn6 qui avait du mal à être terminé. Une piqure de rappel avait alors été administrée par le premier conseiller de l’ambassade des USA, Martina Boustani, en octobre 2017 sur l’inachèvement de la Route nationale 6 (RN6) empêchant la complétude du premier Compact (540 millions de dollars) sur les infrastructures routières. ‘‘L’expérience montre que le Congrès américain est plus exigeant, la seconde fois. Je puis vous assurer qu’il y a des élus à Washington qui voudraient savoir si la RN6 sera terminée’’, avait prévenu Mme Boustani. Néanmoins, une évaluation positive avait sanctionné ce premier Compact pour le Sénégal.
Les assurances sénégalaises
Pour ce second Compact, pas moins de 700 km de lignes moyenne tension seront installées sur l’ensemble du territoire national pour aider à densifier le réseau et améliorer le taux de couverture. D’après le secrétaire général du gouvernement, les projets qui structurent ce second compact portent sur la modernisation et le renforcement du réseau de transport de l’électricité, l’amélioration de l’accès à l’électricité en milieu urbain et périurbain, l’amélioration du cadre légal et le renforcement des capacités des acteurs du secteur de l’électricité. ‘‘Pour ce qui concerne le gouvernement du Sénégal, toutes les dispositions sont prises pour respecter les engagements, nos engagements pour respecter la mise en œuvre. A ce propos le gouvernement du Sénégal a mis en place une cellule d’appui au MCA-Sénégal 2, financée et gérée exclusivement par le gouvernement hors ressources du Compact pour faciliter les relations entre ce dernier et le gouvernement. La contribution financière de 50 millions de dollars sera mobilisée dans les délais’’, a avancé M. Dionne.
Les pouvoirs publics sénégalais sont dans la logique d’adopter une stratégie gas-to-power en modernisant et conformant les installations existantes au gaz. Dans ce cadre, ils accordent une attention particulière aux conditions préalables portant sur le Code de l’électricité, le plan tarifaire, les performances de l’opérateur public, et le recrutement du personnel-clé de MCA-Sénégal pour assurer l’entrée en vigueur du Compact au plus tard au 3e trimestre de cette année 2020.
OUSMANE LAYE DIOP