Publié le 24 May 2013 - 20:31
SITUATION DES DROITS HUMAINS AU SÉNÉGAL

 Entre décès en détention, torture et usage excessif de la force par les forces de sécurité

C'est un tableau sombre de la situation des droits humains dans le monde en général et au Sénégal en particulier que le rapport annuel 2012-2013 d'Amnesty International Sénégal a dressé hier.

 

D'une dizaine de pages, ledit rapport décèle un statu quo au niveau international et national où on note des cas de décès en détention, de torture et d'usage excessif de la force par les services de sécurité sénégalais. La situation des droits humains dans le monde entre 2012 et le premier trimestre de 2013, n'a pas connu d'amélioration par rapport à la période précédente. Pour le cas spécifique du Sénégal où on note un statu quo, elle est toujours caractérisée par des cas de décès en détention, de la torture et d'usage excessif de la force par la police et la gendarmerie.

 

Selon Amnesty international Sénégal qui a rendu public hier son rapport annuel, ''la justice sénégalaise a enquêté et jugé très peu de cas de torture, de décès en détention ou du fait d'un usage excessif de la force par la police et la gendarmerie qui ont marqué les 12 ans de règne du président Abdoulaye Wade''. Pis, ''au moment où certaines enquêtes sur des cas de décès en détention, de torture ou d'usage excessif de la force par la police et la gendarmerie ont été classées sans suite sans que les familles des victimes et leurs avocats ne soient informés, d'autres dorment dans les tiroirs des magistrats instructeurs depuis 10 ans'', dénonce le président de Amnesty International Sénégal. À en croire Seydi Gassama, ''cet état de fait qui constitue un déni de justice, accroît la frustration des citoyens et crée un climat d'impunité propice à d'autres violations graves des droits humains par les forces de sécurité.

 

''La gendarmerie plus meurtrière que les autres corps de sécurité''

 

Depuis l'accession de Macky Sall au pouvoir, la gendarmerie a été mise en cause dans la mort de deux personnes : celle de Kékouta Sidibé, le 12 août 2012 à Kédougou et celle de Bambo Danfakha à Diyabougou (région de Bakel), le 14 mai 2013. Le rapport d'Amnesty International Sénégal s'offusque qu'aucune enquête administrative ou judiciaire ne soit ouverte pour identifier et punir les auteurs de l'agression contre Cheikh Yérim Seck dans sa cellule du camp pénal de Liberté 6, au mois de janvier 2012 dernier.

 

Condamnant la répression ''sanglante'' des manifestations préélectorales contre une troisième candidature d'Abdoulaye Wade, le rapport d'Amnesty International Sénégal exhorte le pouvoir à dé-classifier toutes les informations relatives à ces événements pour permettre aux magistrats instructeurs d'avancer plus vite dans leur travail et de poursuivre les commanditaires et les complices de cette répression. Car, ''une justice qui punit des exécutants, bien souvent élèves ou auxiliaires de police ou de gendarmerie et qui laisse passer à travers les mailles du filet les commanditaires et les complices, souvent des hommes politiques ou leurs supérieurs hiérarchiques, ne peut protéger efficacement les citoyens contre les abus''.

 

''Aucune rupture par rapport à l'ère Wade''

 

Pour ce qui est des atteintes à la liberté de rassemblement et de manifestations pacifiques, le rapport d'Amnesty International décèle qu'il n'y a aucune rupture par rapport à l'ère Wade. ''Le gouvernement sénégalais continue à interdire des rassemblements et des manifestations initiés par des partis politiques, des syndicats et organisations de la société civile, aussi bien à Dakar que dans les autres régions'', dénonce le rapport. Tout en estimant que cette violation des libertés de rassemblement constitue une véritable préoccupation, Amnesty International Sénégal pense qu'il appartient à l'État de créer les conditions de sécurité permettant aux citoyens d'exercer tranquillement leurs droits.

 

Code de la presse sénégalaise

 

Face à ce tableau sombre de la situation des droits humains au Sénégal, Amnesty International Sénégal recommande une réforme profonde du Code de justice militaire et des institutions. Mais aussi l'adoption du code de la presse sénégalaise, l'abrogation de l'arrêté ''scélérat'' pris par Ousmane Ngom interdisant toute manifestation aux alentours de la place de l'Indépendance, l’élargissement de la Commission nationalité d'égalité au statut de réfugié à des représentants d'organisation des droits humains.

 

Faisant, dans un autre registre, le bilan des droits humains au niveau mondial, le rapport d'Amnesty International Sénégal souligne que ''de graves crises des droits humains ont eu lieu et se poursuivent du fait d'États et de groupes armés, sans que la communauté internationale n'intervienne de façon décisive pour y mettre fin''. Au même moment, ''le conseil de sécurité des Nations-Unies, garant de la paix et de la sécurité internationale, s'est montré une nouvelle fois divisée, chacun de ses membres préférant mettre en avant ses intérêts économiques et géostratégiques au détriment des droits humains''. Selon Amnesty, ''les notions de souveraineté nationale et de non ingérence dans les affaires intérieures des États reviennent en force, brandies par des États qui, de façon manifeste, ont failli à leur obligation de protéger leurs populations contre la violence''.

 

ASSANE MBAYE

 

 

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