Publié le 11 Feb 2022 - 21:50
SITUATION DES RÉFUGIÉS

Quand le HCR refuse de porter secours à des réfugiés

 

Après de longues et pénibles nuits passées devant le Bureau régional du Haut-commissariat des nations unies pour les réfugiés pour demander l’assistance, les réfugiés sans abris ont finalement été acheminés, hier, à la Brigade de gendarmerie de Ouakam, où ils ont passé la nuit. Ils seront présentés au aujourd’hui au procureur qui va décider de leur sort.

 

Après l’euphorie de la victoire des lions à la Coupe d’Afrique des nations, retour aux dures réalités de la vie. Hier, près d’une vingtaine de réfugiés africains, venus chercher paix et sécurité au Sénégal depuis près d’une décennie, ont vécu le calvaire dans les locaux de la Gendarmerie de Ouakam. Parmi eux, six femmes et six enfants dont les cursus scolaires ont été brutalement interrompus. L’un d’eux s’est confié à EnQuête sur les conditions de leur ‘’détention’’. Il peste : ‘’Nous sommes là parqués dans la cour de la Brigade de Ouakam. Les enfants sont couchés sur une natte. Ils n’ont rien mangé, à part le plat de riz qui nous a été offert comme repas par le commandant, quand nous venions d’arriver.’’

En fait, pour ces jeunes réfugiés, le rêve sénégalais s’est tout simplement transformé en un véritable cauchemar. Sans travail, sans assistance, ils ont depuis quelques mois été expulsés de leurs maisons, faute de paiement du loyer. Depuis lors, ils avaient assiégé les locaux du bureau régional du HCR sis à Mermoz, y érigeant des abris de fortune, espérant y trouver soutien et réconfort. Mais jamais, il n’y a eu une once de pitié des responsables de ce démembrement des nations unies, censé leur être dédié. Bien au contraire ! ‘’Hier, pour convaincre les gendarmes de nous dégager, ils sont revenus avec une voiture remplie de gros pots de fleurs. Ils nous ont demandé de quitter l’espace que nous occupions pour y positionner les pots de fleurs. Nous leur avons demandé : ‘donc ces fleurs ont plus de valeur que nos vies ?’ Je pense que le commandant de la Gendarmerie qui était venu a été un peu sensible, mais il n’avait pas le choix. En fait, il s’agit d’un espace qui appartient aux Nations unies et cela nous conférait une certaine protection. Ils ont donc décidé de nous y chasser et de nous pousser dans la rue’’.

‘’Nous espérons au moins que l’Etat va nous prendre des avocats’’

C’était au bout d’une folle journée marquée par les cris et les pleurs des femmes et des enfants réfugiés, une longue hésitation des autorités de la gendarmerie. Tôt le matin, confient nos sources, les pandores se sont présentés et ont détruit les abris de fortune qui leur servaient de toit à la devanture du Bureau régional. Ils ont demandé aux occupants de quitter les lieux, mais ces derniers n’ont pas obtempéré. ‘’Ce n’est pas parce que nous ne voulons pas, mais nous n’avons nulle part où aller. On n’a pas d’argent pour payer des loyers… Nous ne pouvons quitter, sauf si vous nous amenez à la Gendarmerie ou nous conduire devant le procureur.’’ L’espace appartenant aux Nations unies, il manquait à l’autorité une base légale pour faire observer la mesure préfectorale.  

Après de longs conciliabules, les réfugiés ont finalement été embarqués dans les fourgonnettes, acheminés à la brigade de Ouakam. Ils ont été auditionnés sur leur identité, leurs pays d’origine, leurs parents, leurs dates d’arrivée au Sénégal, les modalités d’entrée sur le territoire, entre autres. Aujourd’hui, il y a de forte chance qu’ils soient présentés au procureur de la République, selon nos interlocuteurs. Le plus choquant, selon leurs témoignages, c’est le mutisme des organisations de défense des droits de l’homme. ‘’Nous avons eu à les contacter, mais elles n’ont rien fait. Nous avons passé l’hivernage, sous les fortes pluies, ici devant le bureau. Ils n’ont rien fait pour nous porter assistance. Aujourd’hui, nous allons être traduits devant les tribunaux, nous espérons au moins que l’Etat va nous prendre des avocats’’, soutient un de nos interlocuteurs désemparé.

Au-delà d’un secours humanitaire, ces réfugiés réclament la régularisation de leur situation, ce qui leur permettrait d’avoir des papiers et de pouvoir travailler, en vue de subvenir à leurs besoins vitaux. La seule alternative qui semble leur être proposée, c’est de retourner chez eux, alors qu’ils avaient quitté leurs terres, il y a plusieurs années, leurs familles ou ethnies, pour y avoir subi des massacres. 

BABACAR SY SÈYE

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