Publié le 20 Jun 2013 - 06:31
SITUATION SOCIALE DIFFICILE

Macky Sall à l’épreuve du pouvoir

 

«Le rythme avec lequel on prend en charge le problème de l’emploi des jeunes est trop lent et cela est inacceptable. Macky Sall n’a pas mis en place un gouvernement pour qu’il fasse la sieste». Les propos de Mahmouth Saleh, ministre conseillers, tenus lors d’un meeting à Fatick et repris par nos confrères du Quotidien,  traduit le malaise qui  prévaut au sein de l’équipe gouvernementale. Alors que l’on annonce de plus en plus un remaniement ministériel,  cette déclaration pourrait bien être un coup de semonce servi par le président Macky Sall dont Mamouth Saleh serait  missi dominici. Car, le gouvernement fait face à une demande sociale de plus en plus forte.

Entre mouvements d’humeur par des enseignants en grève depuis et des commerçants de l’Unacois qui s’oppose contre la mesure d’importation du sucre- même si cette sera provisoirement levée,  chômage des jeunes, économie grippée, le gouvernement semble le mettre en mauvaise posture. Mais pour  Mamadou Diop «Decroix», leader de Aj-Pads, cette situation  n’est qu’«un processus  de desséchement qui se poursuit depuis l’installation de ce nouveau régime». «La situation du pays se détériore au plan économique.

Le rapport du Fmi démontre que les perspectives en termes de taux de croissance ne seront pas atteintes par le Sénégal. Il(le gouvernement) prévoit un taux de 7% en 2017 alors que le Fmi considère qu’il(le Sénégal) n’aura pas plus de 5%», explique le député non inscrit. «Les experts de la coalition gouvernementale se sont appuyés sur les dernières publications des services de statistiques pour montre qu’on est à 1,7% du taux de croissance contre 2,5 % de la croissance démographique.

Donc, c’est un recul.» L’ancien ministre de Wade, pessimiste, pense qu’«il ne faut s’attendre à une éclaircie» d’autant que le gouvernement «manque terriblement de vision,  de carrure, de la trempe». Des  défauts qu’un leader politique membre de la mouvance présidentielle a également décelés. Ayant requis l’anonymat, ce dernier apprécie : «Le principal problème de cette équipe gouvernementale, c’est l’absence de gouvernail. Ils (ces membres) ne savent pas là où ils vont. Pour que le cadre d’un problème soit soluble, il faut qu’il soit politiquement défini». Par ailleurs,  ce leader politique s’étrangle lorsqu’il entend les membres de l’Apr se réclame du libéralisme. «Le libéralisme a fait faillite partout. Vous avez vu la corruption généralisée, les fraudes fiscales», énulère-t-il.

Mais Moustaphé Fall «Ché» se veut plus indulgent vis-à-vis du gouvernement qui est «entrain de prendre ses marques». Ce qui explique, selon le leader de Apl «Dog Boumou Gathié», «les hésitations» et autres « impairs» notés durant première année du régime  de Macky Sall. «Ce régime est composé de jeunes qui est différent de celui de Wade qui gérait le gouvernement comme il gère sa famille. Il se comportait comme il voulait, il les débordait. Ce qui n’est pas le cas avec Macky Sall», justifie le Pca des Hlm. Leader du Pit,  Maguette Thiam lui, pousse la réflexion plus loin et pointe une «dualité» dans l’approche. Si «dans un contexte de transition, il y a nécessairement des difficultés pour imprimer une dynamique», l’ancien ministre pense qu’il y a des «moments où des priorités s’imposent». «C’est le cas de la politique agricole en période d’hivernage», indique-t-il. L’autre aspect, poursuit M. Thiam, c’est la composition du gouvernement qui «laisse apparaitre des difficultés» par moment. Car «la mise ne place en place d’un gouvernement, ce n’est pas le fait d’aligner des Cv et de les triller», mais tient compte à des considérations d’ordre politique.

Puisque «des forces qui se sont battues sous le régime  de Wade et qui ont traversé le désert» avec Macky Sall mérite aussi d’être récompenser. Qu’à cela ne tienne, pas le gouvernement est invité à «traiter» la demande sociale. « On ne peut pas dire que nous sommes  en transition, donc il faut fermer les yeux», dit M. Thiam. Mais faudrait-il que le gouvernement règle d’abords ses problèmes avec les bailleurs de fonds dont les procédures de décaissement sont jugés «longue et difficile à respecter». Une situation qui aurait irrité certains membres de l’équipe du Premier ministre Abdoul Mbaye qui y voient «un frein au développement»  comme l’a écrit EnQuête dans sa livraison d’hier. Au sein de la coalition Benno Bok Yakar, on invite le gouvernement à assumer ses responsabilités. «Tout le monde connait les procédures du Fonds monétaire et de la Banque mondiale, elles n’ont jamais varié. De deux chose l’une : soit tu as besoin de leur fonds et tu passes sous les fourches caudines et tu acceptes leurs règles, ou alors tu ne veux pas te soumettre au diktat étranger   et tu prends des mesures pour se passer de leurs fonds comme le font les pays asiatiques et l’Amérique du Sud», dit-on.

Moins péremptoire, Moutapha Fall «Ché» demande une «réformes des textes» pour alléger les procédures. «Pour lancer un marché, il faut attendre trois mois pour le finaliser. Et les opérateurs ne peuvent pas attendre ce délai».

DAOUDA GBAYA
 

 

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