Publié le 18 Jan 2015 - 23:38
SOUVENIRS DE CAN… AMARA TRAORE RACONTE TUNISIE 1994

‘’Nous n’avions pas les moyens’’

 

Amara Traoré fait partie de cette équipe du Sénégal repêchée pour disputer la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 1994 après la disqualification de l’Algérie. Mais ils n’avaient pu créer l’exploit de remporter le tournoi joué en Tunisie, comme l’avait fait le Danemark à l’Euro 92. L’ancien sélectionneur du Sénégal lors de la CAN 2013 à Bata, raconte Tunisie 94 où les Lions se sont arrêtés en quart. L’ancien joueur de la Linguère de Saint-Louis et ancien capitaine de Gueugnon (France) pense que le Sénégal avait une très bonne équipe, qui manquait certes d’organisation et de réalisme en attaque, mais avec des joueurs pétris de talents.

 

‘’Nous étions repêchés’’

Nous nous sommes qualifiés pour la Coupe d’Afrique de 1994 à la faveur d’une sanction de la Confédération africaine de football (Caf) contre l’Algérie qui avait aligné un joueur qui devait être suspendu pour cumul de cartons. A l’époque, les règles n’étaient pas les mêmes qu’aujourd’hui. Si l’Algérie n’avait pas été sanctionnée, nous n’aurions jamais réussi à nous qualifier car nous avions fait match nul à Dakar contre l’équipe de la Mauritanie lors de notre dernier match de qualification. Nous étions éliminés.

‘’Il y avait peu de moyens’’

L’ambiance à l’époque était bon enfant. Et pourtant, nous n’avions pas les moyens comme aujourd’hui. Il n’y avait pas beaucoup de professionnels, mais l’ambiance au sein de l’équipe était saine, tout le monde s’entendait et jouait avec le cœur.

‘’Le match contre la Guinée et la Zambie m’ont le plus marqué’’

Le match qui m’a le plus marqué lors de cette Can, c’est celui du Sénégal contre la Guinée. Je me rappelle que j’avais marqué le premier but du match. Même les Guinéens avaient été surpris par ce but inattendu. Ensuite, il y a le match contre la Zambie en quart de finale. Elle nous avait éliminés par 1 but à zéro. Une élimination, ça fait toujours mal, c’est pourquoi cela reste dans l’esprit. C’était des moments inoubliables.

‘’Quatre professionnels seulement dans l’équipe’’

La force principale de l’équipe nationale de football du Sénégal en 1994, c’était son état d’esprit. A l’époque, c’était un mélange entre les locaux et les professionnels. Il n’y avait que quatre professionnels, si je ne m’abuse : Souleymane Sané, Cheikh Seck, Mamadou (Moustapha) Faye et moi. Tout le reste était des locaux. Mais on ne voyait pas la différence, on ne faisait pas la différence. Souleymane Sané était celui qui venait tout le temps en équipe nationale. A chaque convocation, il répondait présent. Les locaux étaient mis à l’aise. Et à l’époque, les équipes ne comptaient pas 23 joueurs. Bocandé et Boubacar Sarr ‘’Locotte’’ étaient les entraîneurs.

‘’On manquait d’expérience’’

Les faiblesses de l’équipe étaient peut-être le manque d’expérience ; et au niveau de l’attaque, nous n’étions pas très réalistes. Il y avait trop d’occasions de buts ratées. Les matchs de Coupe d’Afrique n’ont pas du tout changé, cela a toujours était intense, physique, très serré. Mais il faut reconnaître quand même que nous avions une très bonne équipe avec des joueurs pétris de talents, comme Moustapha Diagne entre autres.

‘’Cela m’a fait mal…’’

Après 1994, nous sommes restés jusqu’en 2000 pour nous qualifier. La leçon à tirer de cette expérience était le manque d’organisation autour de l’équipe. Concernant les anecdotes, tout m’a marqué mais ce qui restera à jamais gravé dans ma mémoire et qui me fait toujours mal, c’est le but que l’on m’a refusé. C’est le but que j’avais marqué contre la Guinée et cela m’a fait mal de ne jamais avoir marqué en phase finale de Coupe d’Afrique. C’était injuste. L’arbitre de touche avait validé le but et l’arbitre central l’avait refusé. Une chose que je n’arrive toujours pas à comprendre, ni à accepter. A chaque fois que j’y pense, j’ai mal. A l’époque aussi, on était tous ensemble à l’hôtel, toutes les équipes dans le même hôtel.

’J’ai intégré la Tanière après Caire 86’’

Je ne connais pas le nombre de sélections que j’ai eues en équipe nationale parce qu’au début, on ne comptait pas. Tout ce que je sais, c’est que j’étais en équipe nationale après Caire 86. Nous étions les premiers à intégrer la Tanière après cette Can au Caire.

Pour mon nombre de buts, retenez que j’ai marqué 145 buts en tant que professionnel, 3 buts en Coupe d’Europe. Avant de partir en France, j’étais aussi meilleur buteur au Sénégal en D2 quand j’étais à l’Etics. Championnat, Coupe du Sénégal… le tout combiné faisait 18 buts en D2. En première division sénégalaise, j’ai marqué 13 buts. En sélection nationale en revanche, je pense n’avoir marqué qu’un ou deux buts en tout et pour tout.

Pour mon palmarès, j’ai eu à remporter un trophée avec l’Etics en 84. J’ai été finaliste de la Coupe du Sénégal en 84 avec la Linguère en plus de la montée en D1 en 85. Je n’ai jamais été champion du Sénégal en tant que joueur. En France, j’étais champion de D2 avec Gueugnon. J’ai gagné la Coupe de la Ligue en tant que capitaine en 2000. J’ai été vice-champion de France avec Metz. Avec l’équipe du Sénégal, j’ai été finaliste de la Can et quart de finaliste de la Coupe du monde 2002. Sans oublier que j’ai été vainqueur de la Coupe du Sénégal avec l’Otec en junior. J’ai été aussi meilleur buteur de deuxième division en 2000 en France. En gros c’est tout.

‘’Joe Diop m’a transmis le goût de ce métier’’

S’agissant de ma reconversion en tant qu’entraîneur… Très tôt, ce métier m’a attiré sous l’impulsion de Joe Diop. Il m’a vraiment transmis le goût de ce métier, il m’a donné envie de le pratiquer à l’Etics. Je me rappelle qu’à l’époque, je n’avais que 19 ans. Il me fascinait. Je me rappelle que j’avais l’habitude de prendre des notes de tout ce qu’il disait. Et même quand je suis parti en France, j’ai continué la prise de notes pendant les discussions avec les coaches. C’est ainsi que j’ai passé mon diplôme d’entraîneur en 1994. Après l’obtention de mon diplôme, je faisais des recherches sur le sujet, ce qui m’a emmené à voyager un peu partout en Europe. J’ai fait des stages par-ci, par-là. J’ai continué le cursus jusqu’au bout. Et maintenant j’ai le DS, une licence A.

KHADY FAYE

 

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