L’Inter en finale au bout de la folie

L’Inter et le Barça ont encore offert un magnifique match de football. Les deux équipes se sont rendu coup pour coup jusqu’en prolongation, et puisqu’il faut bien un vainqueur, l’équipe de Simone Inzaghi s’est qualifiée pour la finale de la Ligue des champions pour la deuxième fois en trois ans.
Certains moments, certaines soirées et certains noms restent pour toute la vie. Avant d’être le titre d’une comédie française et un nom imprononçable, le volcan islandais avait fait sourire l’Inter Milan. En 2010, ils s’appelaient Samuel Eto’o, Eyjafjallajökull et José Mourinho. Quinze ans après, Davide Frattesi, Yann Sommer et Simone Inzaghi ont offert une des plus belles fêtes du football. Les Intéristes ont fait bouillonner Barcelone après une demi-finale au scénario héroïque (4-3), la parfaite petite sœur de l’orgie du match aller : des buts de dingues, de l’engagement, et treize buts au bout de la double confrontation. Les Italiens disputeront leur deuxième finale de Ligue des champions en trois ans.
Dans tous les sens
La partie a débuté sur le même rythme, les mêmes intentions et la même envie de ne rien calculer que dans la chaleur de Barcelone. Pour rappeler qu’il faut absolument regarder du football les mardis et mercredis de printemps, San Siro a donné beaucoup de voix. Lamine Yamal a allumé en premier le feu et déstabilisé Federico Dimarco (8e). Déstabilisé ? C’est un euphémisme, tant l’ailier a provoqué et touché de ballons ce soir. Son irrévérence aurait pu payer, mais l’éclaireur était bien seul en début de match. Ni Ferran Torres ni Dani Olmo n’ont pesé dans la première mi-temps barcelonaise. L’Inter, elle, a imposé son style : rigueur, engagement et folie.
Denzel Dumfries a fait parler sa puissance devant Gerard Martín, pendant que ses coéquipiers théorisaient le pressing haut et les sorties de balle. Nicolò Barella a testé Wojciech Szczęsny (21e), juste avant que le Barça ne tombe dans ses travers. Les Catalans ont perdu la balle dans leur camp, laissant Dimarco trouver Dumfries en profondeur. Le Néerlandais n’avait plus qu’à décaler Lautaro Martínez (1-0, 22e). San Siro est entré en éruption.
Heureusement pour la soirée, le feu du Barça a continué de crépiter. Dani Olmo a cru la pousser au fond, mais a croisé le fer avec Francesco Acerbi (25e et 28e), devanture d’une Inter solide et ultra-verticale. La volée de Mkhitaryan n’est pas passée loin (38e). Après un énorme retour de Pau Cubarsí, Lautaro Martínez a demandé un penalty (42e). Sentence accordée après vérification vidéo, et transformée après le contre-pied de Hakan Çalhanoğlu (2-0, 45e+ 1). San Siro a bouillonné.
Après quelques coups de tisons, notamment d’Iñigo Martínez, Eric García est arrivé lancé pour parfaitement bûcher sa frappe et remettre du suspense (2-1, 54e). À la suite d’un modèle de contre-attaque, il aurait pu égaliser juste après, mais Yann Sommer a sorti les gants et un arrêt splendide (56e). Le Suisse n’a rien pu faire sur le coup de tête de ce même Olmo, après un super centre de Gerard Martín (2-2, 60e). La soirée a basculé dans la transe, Sommer aussi.
Nuit de Folie
Les changements (entrées de Carlos Augusto, Darmian et Taremi côté Inter), copiés-collés de l’aller, ont aussi laissé du temps au Barça pour remettre le pied sur la balle, à l’Inter pour se calmer. Se calmer ? Çalhanoğlu et Mkhitaryan ont préféré rappeler que Turcs et Arméniens étaient capables de s’entendre. Pour rattraper l’erreur du premier, le deuxième a fauché Lamine Yamal à l’entrée de la surface. Son coup franc n’est pas passé loin (70e), et le Barça a poursuivi son campement dans la forêt de jambes italiennes. D’une superbe frappe vers la lucarne, Lamine Yamal a encore testé la chaleur de Sommer (77e). Après un énième arrêt, Raphinha a planté au bout du bout, bien servi par le thermomètre Pedri (2-3, 88e). L’Inter est menée pour la première fois de la saison en Ligue des champions. La fois de trop ? Même pas, car Acerbi, l’homme des cavernes, le type de 37 ans, a offert encore plus d’irréel après un but plein d’abnégation et de passion (3-3, 90e+3). Le défenseur a fêté comme un dingue son premier but en Ligue des champions. 6-6 dans cette demi-finale ! Lamine Yamal a buté une dernière fois sur Sommer (90e+6). Prolongation.
Malgré l’énorme pluie milanaise, il a fallu mettre les lunettes de soleil pour admirer l’homélie. Après un énorme travail de Marcus Thuram et un appui de Mehdi Taremi, Davide Frattesi a feinté, puis ouvert son pied gauche (4-3, 99e). L’Inter a vu la finale. Barcelone lui a couru après. Les organismes se sont fatigués, à l’image de Davide Frattesi ou de Monsieur Szymon Marciniak, qui a sifflé la mi-temps de la prolongation alors que Barella filait au but. Lewandowski, puis Frattesi (108e) voulaient continuer d’écrire la légende de cette superbe soirée. Lamine Yamal aussi, mais Sommer était encore là (114e, 116e). Le Suisse a réalisé sept parades ce mardi soir. Pour la deuxième fois en trois ans, l’Inter verra la finale de Ligue des champions. On voit mal quel volcan pourra l’empêcher d’aller au bout.
SOFOOT