Publié le 16 Oct 2018 - 09:40

Sonko, le verbe et la verve 

 

On est d’accord qu’Ousmane Sonko a le vent en poupe. On pourrait même se hasarder à dire qu’il fout une frousse bleue aux marron-beige, vu les réactions offensives et offensées des alliés ‘‘mackystes’’ suivant la sortie de ‘‘Solutions’’. Pour preuve, même le très taiseux Ousmane Tanor Dieng s’est senti obligé de le brocarder. Mais bon, là n’est pas notre propos. Dans les modalités de son action politique, disait-on (de son discours notamment), le leader Sonko déborde d’un ‘’Pastef’’ (engagement) électrique qui pourrait… l’électrocuter.

S’il est une chose que l’ex-haut fonctionnaire doit comprendre, c’est qu’il ne peut pas laisser son pathos débridé s’exprimer aussi sèchement. Sa verve risque de lui faire perdre ce qu’il a acquis si chèrement par un verbe intelligent jusque-là. Sonko ne peut pas ‘‘brûler’’ ceux qui pourraient l’adorer, ceux qui l’adorent, et ceux qui ne l’adorent guère. Par principe républicain et par nécessité politique. Ce discours létal envers d’anciens présidents, quel que soit le contexte, n’est pas ce qu’on attend de lui.

En faire l’apologie parce qu’un ex-Pm (très impopulaire au demeurant) a eu l’indélicatesse de le faire, ne le grandit pas outre mesure. Changer le système, comme il y aspire, ne requiert pas ce besoin pathologique et agaçant de toujours porter des jugements de valeur sur les individus ou la société sénégalaise. Ce n’est pas à Sonko qu’on va apprendre qu’en politique, la perception d’un fait est aussi importante que le fait en lui-même. Qu’il persiste dans ce donquichottisme fougueux et le redressement productif qu’il essaie d’incarner cédera la place au dressement contre-productif dont ses détracteurs l’affublent. Qu’il s’obstine à vouloir ‘‘radicaliser’’ son discours, ses adversaires vont continuer à s’en donner à cœur joie dans leur stratégie de discrédit. De bonne guerre !

 

Section: