Publié le 26 Sep 2025 - 11:10
TRAFIC DE MIGRANTS

Le Cilmi présente des résultats encourageants

 

Le rôle des médias dans la prévention du trafic illicite de migrants était au centre d’un atelier de deux jours qui s’est ouvert jeudi à Saly. Organisée par l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (OnuDC) en partenariat avec le Comité interministériel de lutte contre la migration irrégulière (Cilmi), la rencontre a permis de rappeler la responsabilité des journalistes dans ce combat, mais aussi de mettre en lumière les avancées enregistrées par le Sénégal.

 

Cet atelier s’inscrit dans le cadre du projet Promis, conduit par l’OnuDC et le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH), avec l’appui du Royaume des Pays-Bas. Il vise à renforcer les capacités des professionnels de l’information pour qu’ils puissent traiter la migration avec rigueur, responsabilité et humanité. Mais au-delà de la formation, la rencontre a surtout été l’occasion pour le secrétaire permanent du Cilmi, Dr Modou Diagne, de dresser un bilan encourageant des actions menées.

Dr Diagne a présenté des données qui témoignent des résultats concrets obtenus. En 2024, le Sénégal avait enregistré 3 606 interpellations de migrants et 718 pirogues interceptées. En 2025, ces chiffres sont tombés respectivement à 2 965 interpellations et seulement 39 pirogues arrêtées. « On pourrait croire à une recrudescence avec quelques cas récents qui ont retenu l’attention, mais les statistiques montrent une tendance claire à la baisse. Cela prouve que les efforts de sensibilisation, de surveillance et de coopération portent leurs fruits », a-t-il souligné.

Pour le secrétaire permanent du Cilmi, ces résultats ne sont pas le fruit du hasard, mais celui d’une mobilisation collective de l’État, des forces de sécurité, des partenaires internationaux et des médias qui, peu à peu, s’imposent comme un maillon central de la chaîne. Si les chiffres nationaux montrent des avancées, Dr Diagne a tenu à avertir. Il précise que la migration irrégulière ne disparaît pas ; elle se déplace. Les départs tendent désormais à se décaler vers la Gambie, la Guinée et la Mauritanie. « C’est pourquoi la coopération bilatérale et sous-régionale est essentielle », a-t-il insisté, rappelant que le Sénégal a signé deux accords de coopération avec la Mauritanie pour renforcer la lutte contre la migration irrégulière et la traite des personnes.

Selon Dr Diagne, la lutte ne peut pas se réduire à l’interception de pirogues ou à l’arrestation de migrants. Elle doit s’accompagner de mesures concrètes pour offrir des alternatives crédibles. « Si l’on ne parvient pas à barrer la route ici, les candidats partiront d’ailleurs. La vraie solution, c’est d’informer, sensibiliser, mais surtout proposer des perspectives comme les formations, les métiers, l’accompagnement à l’emploi », a-t-il martelé. Il a également insisté sur l’importance de l’accueil et de la réinsertion des migrants de retour, un volet souvent négligé mais essentiel pour briser le cycle des départs répétés.

Le rôle attendu des médias

Dans ce contexte, l’atelier de Saly prend toute sa signification. Il réunit 23 participants, dont 17 journalistes issus de la presse écrite, audiovisuelle et en ligne, venus de Dakar, Saint-Louis, Mbour et Ziguinchor. Durant deux jours, ils sont initiés aux cadres juridiques internationaux et nationaux, aux droits fondamentaux des victimes, mais aussi à des compétences pratiques telles que l’investigation en ligne, la veille numérique, le fact-checking ou l’élaboration de stratégies de communication.

Pour Dr Diagne, cette collaboration avec les médias est décisive : « Les journalistes doivent être des partenaires clés de l’État et de la société civile pour informer correctement, protéger les populations et déconstruire les récits trompeurs des passeurs ».

Malgré les progrès réalisés, le secrétaire permanent du Cilmi a rappelé que la migration irrégulière reste synonyme de drames. Les récentes arrestations de Sénégalais aux îles Canaries, accusés d’exactions contre d’autres migrants, illustrent selon lui la diversité des risques. « Ils sont présumés innocents jusqu’au jugement, mais cette affaire montre que les traversées exposent à bien plus que le danger de noyade. Il y a aussi la violence, l’exploitation et les poursuites judiciaires », a-t-il averti. L’État sénégalais, à travers le Cilmi et ses partenaires comme l’OnuDC et le HCDH, entend poursuivre ces efforts dans la durée. Les résultats obtenus en 2025 montrent que la stratégie de prévention et de coopération fonctionne, mais le défi reste régional et évolutif.

Dans cette bataille, les médias apparaissent comme un allié incontournable. Leur capacité à orienter le débat public, à déconstruire les illusions de l’eldorado et à valoriser les initiatives locales pourrait bien faire la différence. « Nous devons continuer à informer, sensibiliser et proposer des solutions. Car derrière chaque statistique, il y a des vies humaines exposées à la violence, à l’incertitude et parfois à la mort », a conclu Dr Diagne.

MAGUETTE NDAO

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