Publié le 6 Sep 2012 - 20:10
YAYA JAMMEH

L'itinéraire d'un lieutenant devenu «monarque» fou

 

En Gambie, le président Yaya Jammeh est le ministre de la Défense, le Commandant en chef de l’Armée. Il nomme les Gouverneurs, les Chefs de cantons et les Chefs de village. Ses proches occupent des places de choix dans la nomenclature administrative. Chez cet homme, la démocratie est une aventure inhumaine dans toutes ses dimensions, du mystique à l'irréel.

 

Le 22 juillet 1994, intervient un coup d’Etat pour le moins burlesque en Gambie. De manière inopinée, le lieutenant Yaya Jammeh est porté au pouvoir. Tout a commencé lorsque de jeunes officiers, après avoir effectué une mission de maintien de la paix des Nations-Unies, sont venus rencontrer le président Daouda Diawara au palais présidentiel pour réclamer leurs primes.

 

Pris de panique, le président Diawara qui croyait être victime d’un coup d’Etat, s’enfuit. Une thèse réaffirmée dans un livre publié par la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Homme (RADDHO) intitulé «Introspection, rétrospection, prospection, 50 ans après les indépendances». La bande de jeunes officiers occupe naturellement le vide laissé par le président Diawara. Un triumvirat se crée, le lieutenant Yaya Jammeh se retrouve président et passe capitaine tout comme ses compagnons devenus vice-présidents, Sadibou Haïdara et Sana Sabaly. C’est le début d’un régime autoritaire et répressif.

 

Très vite, Jammeh, piqué par le virus du pouvoir, se fait Colonel avant de se retourner contre ses compagnons. Plusieurs d’entre eux sont emprisonnés. Sana Sabaly passe 9 ans en prison. Élargi, il s’enfuit vers le Sénégal où il obtient un statut de réfugié avant un exil en Allemagne. Sadibou Haïdara n’a pas la même chance, il est retrouvé mort en prison dans des circonstances étranges.

 

Seul avec le pouvoir, Jammeh ouvre une longue période faite de violations des droits de l’Homme, d’assassinats, de tortures, de harcèlements et d’intimidations. Opposants politiques, journalistes et défenseurs des droits de l’Homme deviennent ses pires ennemis et il ne rate jamais l’occasion d’exercer sur eux la force que lui procure son pouvoir vaste, monstre et tentaculaire. Il se paie même le luxe de changer son nom. Dites désormais : Yahya Nasirul Been Abdul Aziz Jamus Junkun Babili Mansa Jammeh !

 

 

AMADOU NDIAYE

 

A suivre

 

 

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