La Mauritanie et les Nations-Unies adoptent une feuille de route

La Mauritanie a annoncé le 6 mars dernier, lors du Conseil des ministres, une «feuille de route» établie conjointement avec les Nations-Unies pour «faire disparaître totalement, à moyen et long terme l’esclavage».
Il s’agit d’un plan développé en collaboration avec le Bureau du Haut-Commissariat aux droits de l’Homme suite à la visite effectuée par des responsables onusiens en Mauritanie en 2009. La stratégie proprement dite permettra dès sa mise en œuvre de développer un certain nombre de projets économiques au bénéfice des populations ciblées ainsi que l’engagement du gouvernement de désigner des avocats pour défendre la cause des esclaves devant les tribunaux.
Selon le ministre de la Justice Sidi Ould Zeine, la feuille de route visant l’éradication de l’esclavage et de ses séquelles intègre les dimensions juridique, économique et sociale du phénomène et comporte 29 mesures. Elle détermine la notion d’esclavage avec précision des conditions légales et matérielles qui établissent la culpabilité des personnes accusées de se livrer à cette pratique, mais aussi les compensations et réparations légalement dues aux victimes de cette pratique.
Elle doit également comporter des mesures économiques et sociales pour permettre aux victimes de la pratique de l’esclavage de se prendre en charge à travers des activités génératrices de revenus (AGR).
L’adoption de cette feuille de route, la création d’une agence pour l’éradication des séquelles de l’esclavage et d’une juridiction spéciale compétente pour les crimes de l’esclavage, entrent dans le cadre de la «volonté politique» des autorités mauritaniennes d’éliminer «les séquelles de l’esclavage», selon le garde des Sceaux. En dépit de plusieurs mesures dans la législation pénale et la Constitution, le phénomène de l’esclavage reste un sujet polémique en Mauritanie.
Les ONG antiesclavagistes dénoncent régulièrement «la complicité» des autorités ainsi que «l’impunité» dont bénéficient les présumés auteurs de pratiques esclavagistes. Les observateurs attendent de l’Etat l’application stricte de cette feuille de route.
Ibou Badiane (Correspondant)