Publié le 16 Mar 2014 - 10:16
MEURTRES EN SÉRIE A TAMBACOUNDA

Quand les spéculations prennent le dessus sur la réalité

 

La série de meurtres perpétrés sur des malades mentaux telle que racontée par les populations de Tambacounda renvoie à un film d’horreur. Une science fiction tout court alimentée le plus souvent par des spéculations plus que saugrenues.

 

‘’Je ne veux pas aller à l’école, je ne veux pas être enlevée et tuée’’, pleurniche Bébé Coura, cinq ans. Elève dans une garderie d’enfants non loin de sa maison familiale sise au quartier Gourel Diadié, la jeune Coura soutient mordicus que les ‘’coupeurs de têtes’’ rôdent dans les parages et peuvent à tout instant attenter à sa vie. Le revers de la spéculation née de la situation qui prévaut dans la capitale orientale hante le sommeil de plus d’un.

En effet, après la série de meurtres perpétrés sur des malades mentaux, la rumeur enfle. De bouche à oreille, toute sorte de spéculation est véhiculée au niveau de la capitale orientale où l’essentiel des sujets de discussion est axé sur cela. Que ce soit dans les grand-places, les lieux de travail ou les restaurants.

Ici, les spéculations ont fini par prendre le dessus sur la réalité au point de provoquer une psychose réelle au sein de la population. Chacun y va de son propre commentaire. Si les sept meurtres dénombrés ont bel et bien été perpétrés sur des malades mentaux, il demeure évident que toute l’histoire racontée sur ces crimes relève de la surenchère.

De la légende tout court. ‘’Il y a une parmi les victimes dont le crâne a été fracassé, le cerveau emporté ainsi que sa pomme d’Adam’’, raconte Moustapha Ndiaye, employé à Sabadola. Sans jamais donner de source fiable, il se limite à déclarer : ‘’J’en ai entendu parler et tout le monde en parle au sein de la population.’’ ‘’Il y a une autre victime dont les yeux et la langue ont été mutilés’’, soutient pour sa part Abdoulaye Diaby.

Trouvé dans son atelier de menuiserie situé au quartier Gouy, ce trentenaire ne doute point de tout ce qui se raconte dans les grand-places et autres lieux publics. ‘’Le Sénégalais n’invente pas. Il y a toujours une part de vérité dans tout ce qu’il raconte’’, croit-il savoir, non sans ajouter : ‘’Ces meurtriers ont une quantité de sang à verser. 

Et tant qu’ils n'atteindront pas leur objectif, ils continueront de tuer.’’ En tout cas, ajoute, son collègue Bassidy Diamanka, ‘’il a été rapporté que les gens qui commettent ces crimes odieux se mettent tout nu après leur forfaiture, avant d’emporter les organes qu’on leur a demandés’’.

Ces spéculations véhiculées au niveau de la ville ne sont pas sans conséquence sur la sérénité des populations. ‘’Tout ce qui se dit sur ces meurtres me donne la trouille’’, déclare Djiby Mané, menuisier. ‘’J’avais l’habitude de quitter mon atelier après la prière du crépuscule. Mais depuis que cette histoire  de meurtre a éclaté, je rentre  plus tôt que prévu et je ne sors plus la nuit’’. Avant d’ajouter : ‘’Cette situation me dépasse personnellement. C’est une situation inédite, jamais vécue à Tambacounda.’’

Dans cette partie Est du pays, toute sorte de rumeur sur cette série de meurtres est véhiculée.  Ce qui se dit  dans la  presse est souvent en déphasage avec la réalité. La preuve : ‘’Sur les sept corps sans vie enregistrés, seul un a été mutilé’’, confie une autorité policière en poste a Tambacounda.

Une information  confirmée par un médecin légiste et qui  vient balayer d’un revers de main tout ce qui a été dit sur ces meurtres de malades mentaux. N’empêche, pour certains, à l'image de Badou Sidibé enseignant de formation, ‘’ces histoires sont des faits réels que nous vivons au quotidien surtout avec le Dioura (recherche de l’or) qui sévit dans la région’’.

‘’Ces types  de meurtre sont légion dans la sous région. Maintenant, toutes les nationalités convergent vers Kédougou à la recherche du métal précieux. D'où la recrudescence de ces crimes abominables’’, soutient M. Sidibé, selon qui «personne n’est  à l’abri de cette situation d’insécurité qui prévaut en ce moment à Tambacounda».

Autant les populations spéculent sur la série de meurtres perpétrée sur des malades mentaux, autant elles spéculent sur l’arrestation des présumés criminels. Ici, il ne se passe pas un jour sans qu'on ne fasse état de l’arrestation de quelqu’un qui détiendrait par devers lui des coupe coupe ou autres objets tranchants. Toute sorte de rumeur circule dans la ville.

Les unes plus saugrenues que les autres. Depuis hier, on ne cesse de véhiculer la rumeur selon laquelle un des meurtriers sur qui on a trouvé des armes avec lesquelles il tuait les déficients mentaux a été mis aux arrêts à Sara Guilél. Le mis en cause serait un psychopathe qui tue des chiens et qui les mange crus.  Mais d’après des sources policières contactées par EnQuête, des personnes ont été certes  arrêtées dans le cadre des opérations de sécurisation. Mais  rien ne prouve pour le moment leur implication dans la série de meurtres qui a fini de secouer la capitale orientale.

ASSANE MBAYE

 

 

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