Publié le 30 May 2014 - 02:26
PROCÈS DES ÉTUDIANTS DE L'UCAD

Chronique d’une journée marathon

 

L’affaire des 23 étudiants de l’université de Dakar arrêtés la semaine dernière est mise en délibéré ce matin. Retour sur une journée marathon rudement vécue. 
 
 
20 heures pétantes, le tribunal de Dakar vomit ses hôtes, après une journée bien remplie. Parents et proches venus prêter main forte aux 23 étudiants en procès, quittent le tribunal sous une panoplie d’interrogations. Ils ne rentreront pas ce soir avec leurs enfants, leurs amis, retenus encore dans les mailles de Dame justice. La tristesse et la désolation se lisent sur les visages alourdis par une journée de diète et d’angoisse. ‘’Ils disent que ce sera demain (Ndlr : ce matin) que le délibéré se fera. Nos camarades seront donc fixés sur leur sort demain. On attend avec impatience’’, souligne Ibrahima, jeune étudiant à la Fac de Lettres. La nuit sera longue pour cette mère de famille dont le fils fait partie des victimes. 
 
Foulard paresseusement posé sur la tête, elle rejoint le portail du tribunal le pas lourd. Le regard vide et furtif, elle lâche : ‘’J’ai de la peine pour ces enfants. Ils n’ont rien mangé depuis ce matin et traînent presque tous des blessures, ce qui signifie qu’on les a martyrisés. Je me sens vraiment mal’’. Bachir, dont le frère fait partie des victimes, ne cesse de secouer la tête, il perd son latin et ressasse la seule formule qui lui reste : ‘’C’est inadmissible… C’est inadmissible…’’. Les petits groupes humains qui se forment devant le tribunal sont très vite dispersés par des forces de l’ordre présentes sur les lieux, depuis des heures. 
 
‘’…Ce qui arrive à nos camarades n’est pas normal’’
 
Tôt le matin, les foules ont pris d’assaut les lieux. Jusqu'à 11 heures de la matinée, l’audience n’avait pas encore débuté, mais la salle du tribunal était archi-comble. L’accès bloqué. A la porte principale, difficile d’échapper à la vigilance des forces de l’ordre. Même décor aux abords de la Maison d’arrêt et de correction de Rebeuss. Les hommes en tenue bloquent le passage. Ceux qui sont venus voir leurs parents n’ont que leurs yeux pour constater. 
 
La consigne est formelle : il faut circuler. Seules les robes noires, ceux qui officient au tribunal et les journalistes sont autorisés à franchir le seuil du palais de justice. Les étudiants, qui n’ont pas réussi à accéder à la salle, sont obligés d’attendre sous le chaud soleil. Certains d’entre eux tentent de forcer l’entrée et voilà qu’éclate une grenade lacrymogène. C’est la débandade totale. Les artères du quartier Rebeuss absorbent cette marée humaine qui verse dans le sauve-qui-peut.
 
Mais cette petite escarmouche est loin de venir à bout de la détermination de ces jeunes qui insistent et usent de subterfuges pour pénétrer dans l’enceinte du tribunal. ‘’Je suis venu seul et j’ai dit au gars qui surveille le portail qu’aujourd’hui, c’est le procès de mon oncle et il m’a laissé entrer’’, souligne Moustapha, jeune étudiant de l’UCAD. ‘’De grâce, qu’ils les laissent en paix, afin qu’ils puissent continuer leurs études… Ce qui arrive à nos camarades n’est pas normal’’, se désole un autre étudiant. Ils sont restés sur les lieux jusqu’au soir et sont rentrés amers.   
 
 
Les conditions d'une reprise du chemin des amphis 
 
Les étudiants se veulent clairs : la libération de leurs camarades détenus et le départ des forces de l’ordre du campus universitaire restent des points sur lesquels ils n’entendent pas transiger. ‘’Il faut impérativement que nos camarades soient libérés et que les forces de l’ordre quittent le campus’’. Ils se sont tous passé le mot et comme par réflexe, ils le répètent à qui veut l’entendre.
 
Les délégués des amicales de l’Université Cheikh Anta Diop ainsi que les étudiants qu’ils représentent n’entendent pas transiger sur les deux points susmentionnés. Le président de l’Amicale des étudiants de la FASEG, Elimane Bâ, souligne que si ‘’l’État se montre coopératif sur ces deux points, il y a de fortes chances que l’on reprenne le chemin des amphis’’.
 
Léonard Nzalé, responsable des étudiants de la Faculté des Sciences juridiques et politiques lui emboîtant le pas, prévient qu’il n’y aura pas de cours à l’Université, tant que des étudiants seront en prison. Pour lui et ses camarades, la place d’un étudiant n’est pas en prison, mais dans les salles de classe.  
 
Amadou NDIAYE
 

 

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