Publié le 16 Mar 2017 - 19:38
ADAPTATION DE L’ÉDUCATION ET DE LA FORMATION

La nécessité de partir des réalités

 

La recontextualisation de l’offre éducative en Afrique pour son ancrage dans les réalités socioculturelles du  continent a été  hier au cœur des débats, lors de la première journée de la 11ème édition de la Triennale de l’éducation et de la formation.

 

La 11ème édition de la Triennale de l’éducation et de la formation prévue à Dakar du 15 au 17 mars a été ouverte hier au Centre international de conférence Abdou Diouf. Cette présente édition a pour thème : ‘’Revitaliser l’éducation dans la perspective du programme universel 2030 et de l’agenda 2063 pour l’Afrique.’’ Mais déjà le verbe ‘’revitaliser’’ contenu dans le thème soulève des interrogations. Car ce vocable signifie redonner de la vie…à ce qui existe. Or, voilà le problème fondamental de l’éducation en Afrique. Elle est le fruit de l’héritage colonial, elle n’est donc pas assez intégrée aux réalités socioculturelles. ‘’Nous avons une méthode additive et corrective, mais pas une méthode transformationnelle’’, regrette Mamadou Ndoye, un des panélistes, ancien ministre sénégalais de l’Education nationale. Ce qui amène Firmin E. Matoko de l’Unesco à appeler à la ‘’décolonisation de l’éducation’’ par l’utilisation des langues maternelles et des approches basées sur le savoir endogène.

Cette déconnection entre le modèle éducatif et les réalités sociales font que l’école est confrontée en Afrique à plusieurs problèmes. L’un d’eux est le taux de scolarisation. À ce jour, le taux d’achèvement au primaire est de 55%. Autrement dit, seule la moitié des effectifs termine le cycle, là où les objectifs sont de 100%. Pour ce qui est de la  formation à des compétences techniques professionnelles, seul 0,6% des jeunes âgés entre 15 et 24 ans y ont accès. ‘’Nous avons un long chemin à faire. L’Afrique part de très loin par rapport aux objectifs fixés’’, s’inquiète Mamadou Ndoye. L’une des raisons de cet échec massif, selon lui, est qu’il n’existe pas une culture de la qualité et de la réussite. Le système est plutôt élitiste. ‘’Nous avons une culture de la sélection des meilleurs pour les tirer au plus haut niveau’’, regrette-t-il.

Cette absence d’égalité des chances entre les élèves se traduit surtout dans les méthodes. D’après M. Ndoye, tous les enfants n’apprennent pas de la même manière. Par conséquent, le bon système est celui qui essaie de voir comment offrir plusieurs approches permettant à chacun de se retrouver dans l’une d’entre elles, en fonction de sa façon de faire. Dans la pratique, la pédagogie doit cesser de s’appuyer uniquement sur le discours du maître. Il doit y avoir plus de place à l’auto et l’inter-apprentissage. Parallèlement, il est nécessaire de trouver un dispositif de soutien aux élèves qui ont des difficultés, leur trouver un système qui évolue à leur rythme au lieu de les exclure, parce qu’ils ne s’adaptent pas au débit de l’enseignant. Cette nouvelle façon de faire permettrait également l’intégration d’autres couches jusqu’ici exclues. Car, outre le décrochage qui reste important en Afrique, il y a cette frange de la population qui n’a jamais été à l’école, parce que ne se retrouvant pas dans le modèle qui est proposé. ‘’Nous n’avons changé ni la conception, ni l’environnement, ni les curricula…’’, fait remarquer l’ancien ministre.

Guerre Casamance vs guerre froide

Pour faire face à tous ces défis, il est vital de partir du passé, montrer et revaloriser l’histoire de l’Afrique. En d’autres termes, il faut intégrer la culture, les langues dans le mode d’apprentissage. Bref, il faut ‘’recontextualiser’’ l’éducation. ‘’Si vous avez un pays pauvre, il vous faut une école de pauvres. Si vous créez une école de riches, vous excluez une bonne partie de la population. Nous devons donc repenser les modèles et les coûts à partir des ressources dont nous disposons’’, suggère Mamadou Ndoye. Si l’on prend ne serait-ce que les financements en Afrique, on met entre 35% et 55% du budget dans l’éducation. Et pourtant, le résultat est plus faible que partout ailleurs.  Cette préoccupation de l’adaptation est la même du côté de M. Matoko qui se demande si le continent est capable de créer les conditions politiques, économiques et culturelles de la transformation tant attendue.

Par ailleurs, l’emploi des jeunes a aussi été débattu lors de cette même journée. 12 millions de jeunes tapent chaque année au marché de l’emploi alors qu’il n’y a que 3 millions de formels qui sont créés. Il se pose donc un problème d’absorption. Mais cette question est intimement liée à un autre : le profil des produits par rapport aux besoins. Un point qui renvoie à nouveau sur la nécessité de s’adapter aux réalités du continent. Sobel Ngom, un jeune panéliste, a par exemple fait remarquer qu’au Sénégal, on enseigne aux élèves la guerre froide ou la révolution russe ou chinoise. Pendant ce temps, il y a une rébellion qui date de trente ans dans leur pays et qui n’a jamais été enseignée. Or, ce sont ces jeunes-là qui demain, devront trouver des solutions pacifiques à ce conflit.

BABACAR WILLANE

 

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